Inutile de cacher que les résultats de ces élections m’ont terriblement déçu. Ces élections ont été longtemps le pré carré de notre courant de pensée, ce sont les grands hommes de notre famille politique qui ont initié et aidé à construire l’Europe.
Le grand vainqueur de cette élections est indéniablement Europe Ecologie qui fait jeu égal avec le PS . Du reste je laisse le soin à d’autres de parler aussi du revers du PS qui a à peine 35 000 voix d’écart avec EE au niveau national. Son score est sans commentaires.
Bayrou est leader de parti. Il a défini une stratégie : associer lors des débats la France et l’Europe, il y a cru et n’a pas su faire passer ce message nous dit-il lors de sa brève
allocution ce soir d’élection. Il assume sa part de responsabilité et reconnaît ce revers (8,5 % 6 élus à la place de 7 MoDem et 10 UDF avant et près de 12 %). On pourrait dire que c’est pour le moins qu’il puisse faire. Certes. Mais ce n’est pas si mal qu’il le fasse. Cela ne mettra pas, non plus, le MoDem à la 3è place et cela ne fera pas, non plus, remonter le score.
Juste deux ou trois mots au niveau européen. Partout la droite européenne fait des scores importants, six pays seulement je crois où le PS est en tête (ce qui relativise la défaite de Martine Aubry car la décrue est européenne), un le centre (Merci l’Estonie). Cela relative (considérablement ?) le score victorieux de l’UMP quand Berlusconi fait 38, l’Espagne 42, le Portugal 29, Allemagne 38 et la Pologne 45. Rappel en France le parti du pouvoir avec un taux d’abstention beaucoup plus faible (43 contre 60) en 1984 faisait le score de 43,02 soit 18,49 % des inscrits ce qui devrait rendre assez modeste ce gouvernement qui crie victoire ne réunissant sur son nom seulement 28 % des voix exprimées avec un taux d’abstention de 60 % soit 11,2 % des inscrits. Mais cela ne sera pas le cas.
On dit que l’on apprend plus des échecs que des victoires et que les échecs fortifient. On peut toujours le dire. Mais cela n’est vrai que si l’échec ne tue pas. Pour le coup le Mouvement vient de mettre un genou à terre (8,5 % à comparer aux 18,7 aux présidentielles, 7 % aux législatives de 2007 et 12 % donc de l’UDF en 2004). Même si pour se rassurer un peu, les chiffres montrent que plus l’abstention est forte, plus les scores des modérés est faible. Il y a un parallèle frappant, en revanche cette élection était celle la plus favorable au MoDem et donc celle à ne pas rater. Et bien c’est raté, c’est le moins qu’on puisse dire même si comparé aux législatives c’est 1,5 points de mieux et « seulement » 3,5 de moins qu’en 2004 quand pour le PS c’est 12 de moins. Ce n’est pas Trafalgar si ce n’est pas Austerlitz. Ce score nous donne un socle tout en sachant que dans d’autres élections il n’y aura pas d’Europe Ecologie et un taux d’abstention plus faible ce qui mécaniquement fera remonter le MoDem. Mais de combien ?
L’avenir n’est pas rose et cela va être dur. Je ne dis pas dur de remporter une élection à partir de maintenant, même si cela le sera, mais dur car il va y avoir une longue période troublée de doute. Il va y avoir une période de contestation interne. Par exemple - et on les comprend - les militants de Cap 21 vont demander des comptes à Corinne Lepage à savoir dans quelle galère elle les a embarqués, et elle va demander des comptes à Bayrou. Certains militants vont demander des comptes, certains vont quitter le Mouvement démocrate. En d’autres mots, cela va tanguer et tanguer fort. Il va y avoir du vent dans les haubans. Et après tout c’est normal. On ne peut demander à tout le monde de soutenir dans toutes les bourrasques et lors de tous les revers. Il y a ceux qui sont motivés par la victoire et parmi ceux-ci certains attendront encore et d’autres non. Il y a ceux qui naviguent dans les mêmes eaux philosophiques que le Mouvement démocrate mais ne sont pas d’un accord absolu avec Bayrou. Là aussi il va y avoir du mouvement.
Ce sera dur car les coups vont pleuvoir encore plus drus. Et des masses d’arme vont s’abattre sur le Mouvement qui a maintenant un genou à terre. Ces coups vont être donnés le mauvais sourire aux lèvres, le triomphe facile, et des plus lâches le pied sur la tête.
Peut-on y trouver pour les idées, pour les Français et pour les démocrates, quelques onces de positif ? Evidemment l’abstention est un échec commun, mais sans doute un échec des médias et des gouvernants qui pour les uns n’ont cessé de dire que l’Europe était bureaucratique, incompréhensible et loin des gens, et pour les autres pour avoir rejeté sur l’Europe leur lâcheté et les lois qu’ils votaient à Bruxelles et dont ils les accusaient de tous les maux en France. En revanche un point positif, ce qui contredit en fait les analystes politiques qui, il y a un an disait qu’en fait les mouvements politiques écologistes étaient finis car l’écologie était intégrée à tous les partis. Il semble que les électeurs n’aient pas pensé ainsi. Le positif donc est de mettre sinon au centre absolu du débat, du moins en avant et de manière forte, le sentiment que l’écologie est incontournable. Or le Mouvement démocrate s’il marche sur plusieurs pieds, marche au moins sur ces deux-là : l’Europe et ce qu’il appelle avec d’autres le développement durable. Il y aura un autre aspect positif à la condition que les coups qui vont pleuvoir ne brisent pas le Mouvement Démocrate, que ce genou à terre ne fasse pas que le visage se retrouve dans la boue. Cet échec, ce revers électoral peut avoir un effet bénéfique : son analyse et ses conséquences. Soit le Mouvement démocrate ne subissant pas une saignée nouvelle et trop forte, se renforce, apprend de cet échec et un espoir est permis, soit les coups redoublés, les fatigues internes, les déceptions, le tout accumulé devient trop lourd et il nous restera à aller à la pêche et écouter les oiseaux et regarder les marguerites pousser.
Dans le clip vidéo de la campagne de 2007, Bayrou dit ceci :
Ma conviction profonde est celle-ci : notre mission est de rendre au peuple français un bien précieux, un bien unique qu’il a perdu depuis longtemps et qui porte un nom tout simple ça s’appelle l’espoir.
Je considère comme une chance d’être obligé maintenant de faire lever une génération nouvelle, de présenter aux Français des visages nouveaux, des femmes et des hommes nouveaux, d’expériences différentes pour qu’ils assument à leur tour, et le moment est venu, le destin de notre pays.
Je veux rendre l’esprit d’équipe à la France, je veux qu’on soit solidaire, je veux que l’on se serre les coudes, je veux qu’on se rassemble et aucun obstacle ne nous résistera. Nous sommes un grand peuple, nous avons un grand destin à condition que nous le défendions ensemble.
Liberté, Egalité, Fraternité, ce ne sont pas des mots creux, ce sont des mots qui ont une traduction profonde dans l’esprit et dans l’âme de notre peuple
Je reprends à mon compte, et pour tous ceux qui comme moi ont reçu un grand coup sur la tête mais qui croient que leur combat est le bon et qu’il ne vont pas lâcher pour autant : notre mission est de rendre […] un bien précieux, un bien unique qu’il a perdu […] et qui porte un nom tout simple ça s’appelle l’espoir. Je veux rendre l’esprit d’équipe […], je veux qu’on soit solidaire, je veux que l’on se serre les coudes, je veux qu’on se rassemble.