Le Point et Bellaciao. 8 novembre 2010
par Annika Breidthardt
DANNENBERG, Allemagne (Reuters) - De violents incidents ont opposé dimanche la police allemande à des militants antinucléaires cherchant à stopper un convoi de déchets radioactifs parti de France vendredi à destination du site de stockage de Gorleben, en Basse-Saxe.
Des milliers de manifestants ont affronté quelque 17.000 policiers tout au long de la journée, retardant de plus de dix heures l'acheminement de 154 tonnes de déchets, a rapporté la police.
Quelque 3.000 activistes occupaient dimanche soir la voie ferrée près de Dannenberg, imposant un nouveau retard au convoi dont la cargaison ne devrait pas atteindre Gorleben avant lundi.
"Nous nous attendons à de nouvelles violences", a déclaré Aachim von Remmenden, porte-parole de la police, à la chaîne de télévision ZDF. "C'est malheureux étant donné que la plupart des manifestants étaient pacifiques."
Les incidents ont éclaté dimanche matin lorsque 250 activistes ont tenté d'endommager la voie ferrée près du site de stockage pour bloquer le train. Quand la police est intervenue, les militants ont riposté en tirant des fusées de détresse et en répandant des produits lacrymogènes.
Les forces de l'ordre ont fait usage de matraques, de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour déloger les activistes violents, infiltrés parmi 4.000 manifestants qui tentaient d'arrêter le train près de la ville de Leitstade.
Des manifestants ont tenté de mettre le feu à un véhicule blindé et la télévision a diffusé des images montrant un début d'incendie sous ce véhicule. Selon la police, des activistes l'avaient enduit de goudron avant d'y jeter des cocktails Molotov.
ITINÉRAIRE MODIFIÉ
Des agents casqués, dont plusieurs ont été frappés ou bousculés, ont essayé plusieurs fois d'empêcher les militants de retirer le ballast de la voie ferrée. Des policiers ont aussi été filmés frappant des manifestants à coup de matraque.
"Ceux qui recourent à la violence contre des membres de la police doivent s'attendre à ce que nous ripostions de la même façon", a fait savoir une porte-parole des forces de l'ordre interrogée sur N-TV.
D'après des médias allemands citant des organisateurs du mouvement, une douzaine de manifestants ont été blessés.
Le train Castor, composé de onze wagons, a quitté vendredi le terminal ferroviaire du groupe nucléaire français Areva à Valognes, dans la Manche, où les déchets allemands ont été traités à La Hague avant leur rapatriement.
Tout au long du trajet, de France en Allemagne, des militants ont tenté de freiner le convoi qu'ils surnomment le "train de l'enfer".
En France, il a été bloqué quelques heures par des militants antinucléaires qui se sont enchaînés à la voie, près de Caen, dans le Calvados. Selon le réseau Sortir du nucléaire, l'itinéraire a été modifié face à la pression des manifestants.
Le train avait franchi la frontière franco-allemande samedi en début d'après-midi à Strasbourg. Les déchets doivent être convoyés par camions de la gare de Dannenberg à Gorleben.
La prolongation pour 12 ans de la durée de vie des 17 centrales nucléaires allemandes, décidée récemment par le gouvernement d'Angela Merkel, a conféré une tournure politique à ce transfert de déchets nucléaires.
Selon Sortir du nucléaire, la radioactivité de la cargaison "représente deux fois celle dégagée par la catastrophe de Tchernobyl". Henri-Jacques Neau, directeur délégué de la branche transport d'Areva, a réfuté ces affirmations.
Il s'agit du onzième convoi destiné à rapatrier en Allemagne des déchets vitrifiés après retraitement à l'usine de La Hague. Au total, douze convois sont prévus.
Les militants allemands redoutent que Gorleben, prévu pour être un lieu provisoire de stockage, devienne un site permanent. Selon Greenpeace, les anciennes mines de sel où sont entreposés les déchets radioactifs ne présentent pas de garanties de sécurité suffisantes à long terme.
Jean-Philippe Lefief, Henri-Pierre André et Philippe Bas-Rabérin pour le service français.
Le train de déchets nucléaires à destination de Gorleben en Allemagne est encore bloqué grâce à une mobilisation internationale toujours plus massive et déterminée. Les militants du GANVA (Groupe d’Actions Non-Violentes Antinucléaires) s’en réjouissent même s’ils affrontent pour leur part une répression disproportionnée :
Six militants ont été maintenus en garde à vue pendant 24h et font l’objet d’un contrôle judiciaire supposant le règlement d’une caution de 15000€ à payer avant le 15 Novembre. A défaut elles se retrouveraient incarcérées jusqu’au procès, le 8 décembre à 14h. On peut constater que la volonté du gouvernement de réprimer sévèrement les militants anti-nucléaires a été exécutée à la lettre par le procureur de la république de Caen.
Trois militants ont été blessés, deux ayant des brûlures graves aux mains qui ont nécessité une prise en charge par les services hospitalliers. Le troisième a été aussi grièvement touchée, il a du subir une intervention chirurgicale sur deux tendons sectionnés à la main gauche. A sa sortie de l’hôpital, il a été directement conduit en garde à vue sous escorte policière.
La volonté du gouvernement et du lobby nucléaire de faire passer ce convoi coute que coute aurait elle conditionnée l’expression d’une telle brutalité de la part des forces de police? Était-ce cela qu’elles avaient à cacher derrière les bâches tendues autour de la désincarcération ? Le 8 Décembre, les inculpés seront jugés au tribunal de grande instance de Caen, soyons nombreux pour venir les soutenir et affirmer notre opposition au nucléaire et à la répression qui l’entoure !
Unser Widerstand kennt keine Staatsgrenzen
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APSAJ, 6 cours des alliés 35000 – Rennes
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