Ils sont des Désobéissants. Un terme qui affole les autorités rien qu'à son évocation. Alors, autant dire que l'organisation d'un stage de désobéissance civile dans un hameau du Figeacois, dernièrement, a fait naître l'inquiétude. Après quelques recherches, La Dépêche du Midi a réussi à prendre contact avec l'un des deux organisateurs. Nous avons choisi délibérément de taire le nom de notre interlocuteur.
Les désobéissants, qui êtes-vous ?
Nous sommes des antinucléaires, des anti-OGM, des anti-publicité, des alternatifs, etc. qui réfléchissent à un positionnement hors des mouvements de masse, pour faire réagir l'opinion, lors d'actions visibles, toujours non violentes. Comme s'accrocher à des arbres pour retarder le terrassement d'une autoroute. On bloque, on retarde, mais on ne va jamais à l'affrontement avec les forces de l'ordre. Quand ils viennent nous déloger, on se laisse faire.
En quoi a consisté ce stage de deux jours sur le Figeacois ?
On trouvait intéressant de réfléchir sur le militantisme, de faire se rencontrer de jeunes désobéissants et des Lotois résistants de longue date, pour mélanger les idées, les combats et les âges. Le stage était complet, nous étions 25. Nous avons beaucoup parlé du positionnement philosophique, pour bien cerner ce qui était important dans notre démarche et la façon d'entreprendre les actions. Nous avons procédé à des mises en situation : des activistes mènent une action, voilà ce que ça fait d'être de l'autre côté de la barrière, du côté des policiers. On s'est posé aussi la question de savoir comment réagir, si lors d'un fauchage, l'agriculteur arrive… Nous avons toujours un médiateur de groupe pour engager le dialogue. Il n'y a pas d'embrigadement, chacun est libre de s'engager ou non dans la lutte qui lui convient et à son échelle.
Pourquoi vous avez fait ce stage de façon si discrète, si caché ?
C'était une première, on ne savait pas trop si on devait communiquer. On ne voulait pas que les gens, qui ne nous connaissent pas, paniquent à l'idée de ce regroupement de désobéissants. Mais c'est vrai que les deux formateurs nous ont ensuite invités à communiquer. Nous n'avons rien à nous reprocher. Nous agissons toujours à visage découvert, nous dialoguons toujours avec nos interlocuteurs. L'objectif visé n'est pas d'empêcher que les choses se fassent ou de détruire les outils du capitalisme, c'est faire prendre conscience et cela ne peut se faire que dans un climat de non-violence. On ne veut pas se griller, il faut durer, car le monde ne changera pas en un jour.
Pourquoi avoir fait ce stage à Figeac ?
On dit qu'à Figeac on n'est pas figé. Ici, ce n'est pas qu'un territoire d'agriculteurs, ce sont des gens tous différents qui vivent ensemble, qui échangent quel que soit leur âge. Dans ce stage, on nous a appris à ne pas s'opposer aux idées, chacun pense de la manière dont il veut. On ne dit pas je ne suis pas d'accord avec toi. On lève aussi le doigt avant de parler, ça s'appelle le respect.
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
On ne sait pas, tout est possible, à nous d'inventer. On peut, à l'image d'une partie des Désobéissants, s'habiller en clowns pour embrasser des CRS, ou passer le balai dans la rue devant les gendarmes, lors d'un blocage, etc. On ne frappe pas un clown, ni un balayeur. À Figeac, l'idée est de se revoir, d'inventer une action non violente à plusieurs. Nous communiquons par internet, par le bouche à oreille, pour garder l'effet de surprise.
Vous trouverez sur ce site un dossier sur les désobéissants et les nouveaux militats. Domage que nous n'ayons eu l'info que trop tard . Si vous avez eu la chance de participer à ce stage, écrivez-nous un article !