La date du 28 décembre représente un pas important, mais pas encore définitif, pour la transposition de la directive «
services », puisque les pays membres doivent avoir pour cette date rendu leur copie à la Commission Européenne sur l’application des nouvelles règles.
La seule liberté laissée aux gouvernements est d’exclure un certain nombre de secteurs du champ de la directive.
Pourtant, seule l’opposition souhaite aller dans ce sens. Le gouvernement, lui, se veut rassurant. Il prétend avoir des garanties de la part de la Commission Européenne, et argumente encore une fois sur les vertus de la discrétion. Sauf que la bureaucratie européenne n’est pas plus bête qu’une autre, un peu plus butée sans doute, mais certainement pas plus bête, et elle aura tôt fait de se rendre compte que tout un pan de l’économie échappe au nouveau règlement.
C’est la raison pour laquelle le groupe socialiste a choisi de se servir de la tristement nommée «
niche parlementaire» allouée à l'opposition pour déposer une proposition de loi qui vise à
protéger un certain nombre d’activités.
L’objectif est de saisir la clause d’exclusion pour sortir du champ de la concurrence les services sociaux d’intérêt général, c’est-à-dire l’ensemble de ces activités du champ social et médico-social qui ne relèvent pas, ou pas tout le temps, d’organismes publics (petite enfance, aide familiale, services à la personne) ; un tiers-secteur majoritairement composé d’associations et qui regroupe près de 900000 emplois.
Première difficulté : la mauvaise volonté du gouvernement, qui a déclaré par la bouche de son secrétaire d’état chargé de l’emploi, que les services sociaux d’intérêt général étaient une notion «totalement vide».
Deuxième difficulté : la commission européenne a plus d’un tour dans son sac. La législation européenne sur les aides d’état, dit paquet
Monti-Kroes, n’épargne, elle, aucun secteur. Pour être autorisées à aider les associations, les collectivités locales doivent donc se conformer à un cadre juridique assez rigoureux, le mandatement.
Puisque l’opposition socialiste a choisi l’option pragmatique de se concentrer sur le tiers-secteur, qu'en est-il pour les autres secteurs de l’économie ?
Le règlement No 593/2008, dit « Rome 1 », va lui bientôt entrer en vigueur et permettre à l’ensemble des contrats d'être conclus dans tous les cas selon la loi du prestataire de services. Conjugué à la directive Bolkestein, il laisse peu d'espoir aux secteurs économiques non préservés.
Du côté politique,
les sociaux-démocrates européens semblent peu décidés à se mobiliser. La nouvelle directive Bolkestein est le fruit d'un compromis entre la Commission Européenne et Evelyne Gebhardt, députée sociale-démocrate allemande. Et pour ceux qui croient à l’alternance officielle pour revenir sur ces régressions :
«
L'Espagne [du socialiste Zapatero] a d'ores et déjà indiqué qu'elle inscrirait parmi les priorités de sa présidence de l'Union européenne, au premier semestre 2010, le bon déroulement de la transposition » (Jean Bizet).
Catherine Tasca, ancienne ministre de la Culture du gouvernement Jospin s'inquiète : «
Je me demande si le Gouvernement ne prend pas le risque d'un retard dans la transposition». On peut juste espérer qu'elle ne reflète pas l'opinion dominante au sein du PS.