Le président français a achevé sa tournée des vœux en Outre-Mer. Après Mayotte, il était à la Réunion mardi 19 janvier. Il a inauguré un centre photovoltaïque, à Pierrefonds, et prôné «
l’autonomie énergétique » du territoire : «
L’océan est là, le soleil également. S’il est bien des territoires qui peuvent être autonomes énergiquement parlant, ce sont bien ceux d’Outre-mer ». Il a même mêlé Renault, dont il a houspillé les tentations de délocalisation samedi dernier en recevant Carlos Ghosn à l’Elysée, à cette belle affaire : La Réunion sera «
la première utilisatrice de masse (des) véhicules électriques », le «
laboratoire grandeur nature de la mobilité du XXIe siècle, propre, silencieuse et durable ». Inutile de préciser que la Réunion ne dispose d’aucune centrale nucléaire ni d’usine Renault à proximité. Le centre de Pierrefonds ne produit que pour 800 foyers.
Sarko mise sur le soleil et ... l’exportation depuis la métropole de véhicules électriques : «
il faut lancer dès maintenant la construction d’une infrastructure de rechargement performante ». Prôner les énergies alternatives à quelques dizaines de milliers de kilomètres ne coûte pas grand chose. La Réunion importe pour 500 millions d’euros par an d’énergie, mais les énergies renouvelables représentent déjà
37 % de sa consommation, contre 12 % en métropole. Dans les récentes priorités du Grand Emprunt, Sarkozy a promis de dépenser autant (4 milliards) pour le nucléaire que pour les énergies renouvelables. La métropole aura les centrales insécures, les îles d’outre-mer les panneaux solaires... Sarkozy veut s’offrir à bon compte une virginité écologique sur le dos de DOM-TOM démunis.
De retour à Paris pour un Conseil des Ministres, il a pu écouter Jean-Louis Borloo lui présenter, comme prévu, sa nouvelle mouture de la taxe carbone. Le gouvernement est prudent. Il ne parle pas de «
projet de loi », qui n’est pas prêt. Borloo n’a fait qu’une «
communication ». Le ministre du développement durable a maintenu le tarif de 17 euros par tonne de CO2 émise, le principe, injuste, de bonus-malus forfaitaire et non progressif pour les ménages, et l’exonération partielle de l’agriculture et la pêche (75% de réduction) et ... le transport de marchandise (35% de réduction). Concernant les 1018 entreprises exclues de la précédente taxe carbone tuée par le Conseil Constitutionnel en décembre dernier, le gouvernement prévient de sa méthode... prudente:
il reporte à février une «
concertation avec les entreprises, les partenaires sociaux et les organisations non gouvernementales environnementales » pour «
élaborer un dispositif adapté aux caractéristiques des entreprises des secteurs soumis au système des quotas d’émission ». En résumé, le gouvernement se laisse encore un bon mois pour trouver quelques astuces pour exclure les principaux pollueurs.