Rue89. 26 novembre 2009
Convoqué le 19 novembre au palais de justice de Paris, un technicien de France 3 a été mis en examen pour « vol de vidéogramme appartenant à la société France 3 », selon un communiqué de l'intersyndicale de France Télévisions diffusé ce jeudi après-midi. Un rebondissement de plus dans l'affaire France 3 contre Rue89, qui ne semble pas près de se terminer.
A la suite de la révélation par Rue89, le 30 juin 2008, d'images « off the record » du président de la République sur le plateau du 19/20 de France 3, la chaîne avait déposé plainte contre X pour « vol, recel et contrefaçon », après des pressions de l'Elysée.
Deux journalistes de Rue89, le directeur de la publication Pierre Haski et l'auteur de l'article Augustin Scalbert, ont été convoqués par la police judiciaire, le 1er avril, en même temps qu'un technicien et deux journalistes de France 3. Ces derniers, Carine Azzopardi et Joseph Tual, ont à nouveau été convoqués en juillet.
Le technicien de France 3 était à l'origine de ces deux dernières convocations, puisqu'il avait déclaré aux policiers avoir reconnu les deux journalistes de la chaîne le soir du 30 juin 2008, moment qui intéresse particulièrement les enquêteurs. Il était ensuite revenu sur ses propos, disant les avoir tenus sous la pression des policiers.
L'intersyndicale de France Télévisions est sur la même ligne, qui raconte dans son communiqué que « le technicien se débat durant des heures avec la police qui le harcèle pour obtenir des noms de personnes présentes sur les photos », en fait des captures d'écran de vidéosurveillance communiquées à la police par la direction de France Télévisions.
Pour les huit syndicats, unis dans ce combat, « l'employeur est défaillant » dans cette affaire :
« La convention collective l'enjoint de protéger un salarié en butte à des difficultés juridiques dans le cadre de l'exercice de sa profession. Il doit lui fournir un avocat, ce qu'il n'a pas encore fait. »
Le voilà donc mis en examen pour vol, et passible de trois ans de prison et 45 000 euros d'amende. Il risque aussi de perdre son emploi. Marc Chauvelot, de la CGT-Techniciens de France Télévisions, avertit :
« On ne le laissera pas dans la nature, et c'est d'ailleurs pour marquer notre solidarité avec lui que nous souhaitons qu'il reste anonyme. Il y aura des actions. »
En juillet, l'avocat de Rue89, Me Antoine Comte, avait demandé au procureur de la République d'avoir accès au dossier, en vertu de « l'équité », puisque Julien Dray a eu, lui, accès à son dossier. En réponse, le magistrat lui avait dit avoir saisi la juge d'instruction Anne-Julie Paschal.
Les quatre journalistes impliqués dans cette affaire devraient donc être aussi mis en examen.
Pour mémoire, l'objet du délit (Voir la vidéo).
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