Retraites : ultime forcing des menteurs de l’UMP

Plume de Presse. 14 juin 2010 par Olivier Bonnet

Dernière ligne droite pour la propagande UMPiste : un festival de mensonges éhontés alors que le gouvernement s’apprête à dévoiler sa réforme antisociale des retraites.

xb"Si nous vivons beaucoup plus longtemps, il faut accepter de travailler un peu plus longtemps. Augmenter les impôts, c’est la solution de ceux qui n’ont pas de courage", ose Xavier Bertrand*, un comble quand on connaît le surnom du Secrétaire général de l’UMP, "le traître sans couilles". Répondons à ces deux affirmations : si l’on vit plus longtemps, c’est parce qu’on peut prendre sa retraite à 60 ans, le travail use, le travail tue. Comme le répète souvent Gérard Filoche, inspecteur du travail et authentique socialiste sans guillemets, c’est de l’espérance de vie en bonne santé qu’il faudrait parler, non d’espérance de vie tout court. Pour mémoire, les ouvriers vivent sept ans de moins que les cadres : est-ce juste ? L’économiste Jean-Marie Harribey, enseignant à l’Université de Bordeaux et ancien co-président d’Attac France, s’interroge à ce sujet sur le site Retraites-2010.fr, émanation de l’organisation altermondialiste sous-titrée Réussissons vraiment une réforme juste : "S’il y a de grandes différences d’espérance de vie entre les catégories socio-professionnelles, c’est que la pénibilité du travail raccourcit la vie. Donc, rallonger la durée de cotisation pour faire travailler plus longtemps ne peut que réduire à terme l’espérance de vie. Ne serait-ce pas l’objectif ultime des contre-réformes des retraites ?" Evidemment, Bertrand-le-fourbe ne l’avouera pas ! Quant au soi-disant manque de courage dont témoignerait selon lui une hausse des impôts, l’accusation est scandaleuse : l’impôt (direct) constitue le socle des mécanismes de redistribution et finance la solidarité nationale. L’augmenter de façon à ce que les privilégiés soient davantage taxés - et les revenus du capital plus que ceux du travail - est par conséquent la seule résorbtion juste des déficits sociaux. Le courage selon Bertrand consiste donc à laisser peser toujours plus lourd le poids de la crise sur les épaules des catégories populaires, qui s’en sortent de moins en moins, avec la misère, le chômage et la précarité qui explosent. Le courage selon Bertrand est de continuer à offrir des cadeaux aux héritiers et actionnaires sur le dos du peuple qui souffre. Est-ce juste ?

logoParce que figurez-vous que l’angle d’attaque choisi par les voleurs de mots est justement celui-là : "Réussissons une réforme juste" proclame la campagne de propagande gouvernementale à huit million d’euros pris sur nos impôts, à grand renfort de clips publicitaires à la télévision. Juste, mais sans augmenter les impôts ? Eric Woerth, pilote de la réforme en tant que ministre du Travail Medef, confirme : "il n’est pas possible de dire qu’on va réformer le système de retraites avec 30 ou 40 milliards de prélèvements et d’impôts supplémentaires. Si jamais on fait ça c’est évidemment tous les Français qui payent, c’est évidemment les classes moyennes qui s’en prennent plein la figure". Mensonge encore ! En quoi augmenter les impôts pour les Français disposant de revenus supérieurs à 11 000 euros par mois affecterait-il les classes moyennes ? L’idée était dans l’air, mais que les privilégiés se rassurent : "le Figaro écrit samedi que le gouvernement a renoncé à une mesure envisagée, taxer temporairement les revenus supérieurs à 11 000 euros par mois, note Le Monde. Une source proche du gouvernement a confirmé à l’AFP qu’actuellement, "l’idée n’est plus à l’ordre du jour". Ben voyons. "Réussissons une réforme juste" en écartant toute mesure de justice : tartuffes, hypocrites, manipulateurs !

ffLe Premier ministre n’est évidemment pas en reste : "Ce qui nous guide depuis que nous préparons cette réforme, c’est la vérité, c’est l’équité, c’est la justice et c’est la progressivité" : record battu avec quatre mots volés, quatre impostures, quatre mensonges dans la même phrase. "Il serait lâche de notre part de dire aux Français que leur retraite pourrait être assurée sans prolonger la durée d’activité et sans toucher à l’âge légal et au symbole des 60 ans", poursuit François Fillon sans sourciller. Mais pourquoi donc ? Au nom de quoi ? De la vérité ? Baliverne ! Lisez donc ce que prétend le gouvernement dans son Document d’orientation sur les retraites : "L’augmentation du coût du travail qui résulterait d’une hausse généralisée des cotisations sociales patronales serait particulièrement préjudiciable à l’emploi. On peut ainsi estimer qu’un point de cotisation sociale patronale représenterait, au minimum, une destruction de 50 000 emplois. Par ailleurs, le remplacement de l’assiette des revenus du travail par une cotisation portant sur la valeur ajoutée pénaliserait l’investissement et la compétitivité, notamment de l’industrie". Réponse cinglante de Jean-Marie Harribey : "Une cotisation sur les dividendes versés n’affecte pas le coût de production ni l’investissement. Le rapport Cotis (Insee, 2009) indique : les revenus versés par les seules sociétés non financières aux propriétaires du capital et des terrains sont passés de 3% à 8% de leur valeur ajoutée brute de 1982 à 2007, pour atteindre aujourd’hui 76,6 milliards d’euros (auxquels d’ajoutent environ 3% de leur VAB sous forme d’intérêts nets versés). Ce déplacement de 5 points représente sept à huit fois plus que le déficit de tous les régimes de retraite pour l’année 2008 servant de référence aux travaux du COR, et deux fois et demie plus que celui prévu pour 2010".

alter écoPour achever de tordre le cou à l’insupportable outrecuidance de l’UMP prétendant servir la justice, reportons-nous enfin à l’excellent magazine Alternatives économiques et un article titré Retraites : ça se précise, sous la plume de son rédacteur en chef adjoint, l’ami Guillaume Duval : "Les mesures envisagées affectent surtout les plus faibles : ceux qui ont commencé à travailler tôt ou qui ont des carrières à trous". Frapper les plus faibles, est-ce juste ? "Le relèvement de l’âge minimal est a priori la mesure la plus injuste puisqu’elle consiste à demander aux salariés qui ont commencé à travailler à 16 ans de cotiser non plus 44 ans au minimum, mais 46 ans, alors qu’ils (elles) sont souvent ceux (celles) qui ont eu les conditions de travail les plus difficiles et qui ont l’espérance de vie la plus faible." Ils mourront avant les autres mais devront travailler plus longtemps : est-ce juste ? "Le plus gros problème que pose cette réforme se situe au niveau de l’autre limite, aujourd’hui fixée à 65 ans. De quoi s’agit-il ? Actuel­lement à l’âge de 65 ans, il est possible de partir en retraite à taux plein, sans subir ce qu’on appelle une décote, même si on n’a pas travaillé les X années de cotisation nécessaires. Il en a été peu question jusque-là, mais le gouvernement entend probablement porter cette limite à 67 ans. Autrement dit, cette réforme obligera ceux et surtout ­celles (ce sont majoritairement des femmes) qui ont eu des carrières « à trous » soit à travailler jusqu’à l’âge de 67 ans, soit à se contenter de pensions au rabais s’ils partent avant. La retraite à 67 ans, un grand progrès social… " Vive la "modernité" à la sauce UMPiste et vive la justice sociale !

*Les déclarations des éminents sarkozystes sont extraites d’un article du Monde, L’UMP à l’offensive sur l’âge de départ à la retraite, qui se contente de les citer sans les mettre en perspectives donc sans apporter le moindre petit début de contradiction...

Commentaire (0)

Aucun commentaire

Ajouter un commentaire
Vous

Votre message

Plus de smileys

Champ de sécurité

Veuillez recopier les caractères de l'image :



Dernière mise à jour de cette page le 14/06/2010

Membre du réseau Infovox, je publie sur Agoravox, coZop, etc.