Un catastrophique recul démocratique

Agoravox. par sisyphe lundi 8 juin 2009

Comme prévu, mais en bien pire encore, le fait majeur de ces élections européennes, quoi qu’en disent les politiciens et les médias complices, est, évidemment, l’énorme taux d’abstention, qui marque une irréversible défaite du fait démocratique.

60% des électeurs ont clairement signifié qu’ils ne se reconnaissaient plus dans aucun des partis, aucune des listes de tout l’échiquier politique censé les représenter.

 Ce signe d’un rejet, d’un dégoût d’une désespérance que nous annoncions, n’a pas manqué, comme il se doit, d’être dénié par les représentants d’un pouvoir qui en est totalement responsable, venus pérorer sur les plateaux des télévisions asservies à la voix de leur maître, marquant ainsi leur mépris, leur dénégation, à l’expression sans équivoque du peuple souverain.

Pour les tenants d’une majorité disposant, depuis 2 ans, d’un pouvoir ABSOLU, oser venir se goberger et s’auto congratuler devant le désaveu d’un peuple entier, parce qu’on vient d’arriver en tête d’une minable course en sacs, avec les voix de 10% des électeurs, (donc désavoués par les 90% restants) relève non seulement d’un mépris du peuple, mais d’un aveuglement qui marque le discrédit final d’un système politique totalement déconnecté de ses citoyens.

Ce désaveu d’une Vème République devenue totalement obsolète, d’institutions européennes totalement discréditées, aurait dû, chez des responsables politiques un tant soit peu conscients et responsables, inciter à tirer toutes les sonnettes d’alarme, pour essayer d’en tirer les leçons, et de modifier le cap d’un bateau en totale perdition.

Mais aucun risque de ce côté-là : les petits et grands serviteurs d’un système d’exploitation, d’oppression, d’injustice sociale, d’iniquité, et de déni de la démocratie vont, nonobstant toute réalité, augmenter la vapeur, et continuer d’agrandir l’énorme fossé qui sépare tout un système de pouvoir des peuples dont ils sont censés défendre les droits.

Ils vont continuer à défendre becs et ongles les règles d’un jeu et ses responsables qui ont provoqué l’énorme crise économique, politique, sociétale, sociale, en renflouant, avec l’argent volé aux citoyens, la mise des sinistreurs, sans changer aucune règle, pour leur permettre de continuer leur mise à sac de la planète, en toute impunité.

Ils vont continuer de semer les graines de la désespérance, du dégoût, du rejet, en renforçant le système d’oppression, d’injustice, le régime policier, en renforçant la chasse aux sorcières, en désignant à la vindicte de plus en plus de boucs émissaires, en faisant la traque aux enfants, aux déviants, en fliquant de plus en plus chaque individu, en restreignant chaque jour un peu plus toutes les libertés individuelles, en réduisant à merci la très grande majorité des citoyens, pour permettre aux puissances financières, dont-ils sont les valets zélés, de continuer à dominer le monde de leurs manœuvres spéculatives, de leurs sanglantes parties de poker exterminateur.

Ils vont continuer de démolir ce qui reste des processus démocratiques, des fondements et des organes républicains ; entraves à la libre exploitation, au libre asservissement de masses corvéables, en s’efforçant de couper toute tête qui dépassera, toute contestation, toute pensée dissidente.

Nous sommes en train d’assister, dégoûtés, impuissants, résignés (? ?), au démantèlement irréversible de tous processus, institutions, mécanismes, organismes démocratiques ; et nous n’avons, comme réponse, pour manifester notre désespérance, que notre pauvre force d’inertie de l’abstention, qui n’a aucune valeur légale, qui est donc balayée aux oubliettes du château-fort d’un pouvoir aveugle, autocrate, inique, et sans partage.

Le jeu du dépeçage de la planète, de la privatisation du vivant, de la paupérisation des 4/5èmes des habitants de la planète, au service des organismes financiers, des banques, des spéculateurs sur la nourriture, le logement, la santé, sur l’éducation, sur la vie, va pouvoir continuer, sans entrave : tous les fondements des systèmes démocratiques, des droits, des libertés, acquis par des siècles de luttes sanglantes, vont ne plus être, enfin, au grand soulagement de tous les tenants de la dictature économique, politique, sociétale, sociale, que de pauvres coquilles vides, où essaieront de venir se réfugier les citoyens, en quête de survie.

On peut compter, pour ça, sur la France et les forces qui la gouvernent ; exemple unique en Europe d’un régime de plus en plus policier, aux lois de plus en plus liberticides, répressives, autocratiques ; à sa chasse à ses propres enfants, à sa justice monarchique de poursuite de crimes de lèse-majesté pour toute parole, tout acte de légitime indignation citoyenne,

au démantèlement de tout son système social ; de son école, de sa santé, au flicage de tous ses citoyens, à la mainmise du pouvoir sur tout moyen d’information ; presse, TV, médias, internet, à la paupérisation des ¾ de sa population, à l’explosion du chômage donc de la peur, de l’isolement, de l’asservissement.

On peut compter aussi sur l’Europe et ses institutions, désavouées par la très grande majorité des citoyens, mais qui va pouvoir continuer son travail de sape libéral, cap sur le pouvoir remis entre les mains des tenants d’un pseudo « libre-échange » , d’un ultralibéralisme mortifère et totalement déréglementé

On peut compter sur toutes les institutions internationales : FMI, Banque Mondiale, OMC, qui vont, avec de plus en plus de moyens, pouvoir tranquillement continuer leur travail de démolition de tous les systèmes sociaux, de tous les droits des citoyens, au profit du dieu « marché », qui n’a jamais eu les coudées aussi franches pour parfaire son travail de mise à sac de la planète, et d’asservissement de ses citoyens, au profit d’une infime minorité.

L’autre défaite tragique du résultat de ces élections, est de montrer l’inexistence de forces organisées d’opposition, de contestation, de propositions d’autres voies de salut.

La désespérance est, aujourd’hui, totale.

Le contact entre le peuple et les organisations chargées le représenter, défendre ses droits, faire entendre sa voix, est définitivement rompu.

Les dernières courroies de transmission entre les citoyens et le pouvoir chargé représenter le peuple souverain, sont brisées ; la démocratie, la République, ne sont plus que des coquilles vides ; le pire est à venir.

Quand les citoyens n’ont plus aucun moyen légal, juridique, politique, de faire valoir leurs droits, il ne reste, en effet, que les moyens de lutte que plus personne n’est en mesure de contrôler

Et, devant l’indécence, l’impudeur, l’indignité de ces fossoyeurs politiciens venant s’auto-congratuler de leur « victoire »,devant des médias complices, après un tel désastre démocratique, on ne peut que s’attendre à des soubresauts sanglants, qui entraîneront en retour, plus de répression, donc plus de contre-violence ; le cercle infernal est désormais enclenché.

Quand l’insurrection viendra, elle sera, malheureusement, tout à fait légitime, et seuls en porteront l’entière responsabilité, tous ceux qui ont contribué à en rendre les conditions inéluctables, en détruisant toutes les instances démocratiques susceptibles de l‘enrayer.

Oui, ces élections marquent un véritable désastre démocratique, qui augure les plus sombres lendemains, et le parti au pouvoir en est le principal auteur.

Le pire est à venir.

P.S. : Pour l’anecdotique, on relèvera, parmi les suffrages exprimés des quelques millions qui ont eu le courage (!) d’aller voter :

- que le parti disposant depuis plus de 2 ans d’un pouvoir ABSOLU, à plus de 70% des votants contre lui : remarquable succès...

- que le brasseur d’eau tiède a été renvoyé à son légitime niveau, malgré (ou suite à) sa scandaleuse attaque personnelle et infamante contre Cohn Bendit

- qu’une bonne baffe a été donnée à tous les petits tenants de la nouvelle pensée unique, contre les « khmers verts », les « ayatollahs de la morale verte » ; tous ceux pour qui l’écologie, c’est ringard, dépassé, c’est que des bobards pour se faire du fric, pour qui Cohn Bendit est un pédophile, Bové un voyou, Arthus Bertrand un rigolo, qu’il n’y a pas de réchauffement planétaire, pas de problème de pollution de l‘air ni de l‘eau, pas d’éradication de la biodiversité, pas de privatisation du vivant, tous les tenants du chacun-sa-merde, et du après moi le déluge, tous les Allegristes et autres dénégationnistes  : PAN dans leur gueule !

- que, si la situation n’était pas si tragique, il y aurait vraiment une grosse rigolade à examiner au microscope les résultats de la liste du PAS, la cour des miracles de Dieudonné-Soral- Faurrisson-Carlos, malgré le lobbying forcené mené sur AgoraVox, de tous les petits thuriféraires de cette armée de morts-vivants.

Allez ; ouste, du balai….

Quelques constatations de bon aloi pour atténuer un peu le désastre
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Dernière mise à jour de cette rubrique le 23/06/2009