Observatoire des Libertés Publiques. 30 décembre 2009, bulletin de janvier 2010
La fin de l’année 2009 aura vu la disparition du poste de défenseur des enfants, dans le même temps qu’était décidée la constitution d’un fichier de police pour les mineurs délinquants, dès 1′âge de 13 ans. I1 y avait une Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) qui permettait, même de façon limitée de faire connaître les dérives policières les plus flagrantes mais cette instance a été supprimée. Tout cela dans une indifférence quasi-générale. Le gouvernement expliquant que les droits des uns et des autres seront bien mieux défendus dans une structure fourre-tout. Il en va un peu de même de la Commission informatique et liberté (CNIL), qui peut encore exister car ses avis ne sont que consultatifs, particulièrement en matière de fichiers de basse police. Dans notre douce France, tout se passe comme si l’ordre devait primer toute autre préoccupation.
Il est vrai que, dans l’esprit étroit de ceux qui nous gouvernent, les éléments porteurs de désordre seraient de plus en plus nombreux, particulièrement parmi ces sans papiers, qui ont eu le tort de choisir de vivre et travailler au pays de la liberté. Tout aussi dangereuses, ces unions qualifiées de mariages gris par notre gardien de l’Identité nationale. Lequel estime suspect le fait qu’un homme ou une femme à la peau colorée puisse éprouver le désir de se marier avec un ou une autochtone au teint plus clair. Mariages gris, martèle Eric « Judas » Besson, et les policiers sont prêts à interpeller les égarés qui croyaient encore au symbole du pays des Droits de l’homme. Si l’on ne s’inquiète pas réellement de ces dérives, dans notre démocratie égarée, c’est peut-être parce que le langage codé permet encore de masquer les mauvaises manières d’un pouvoir qui s’abrite derrière la recette éculée de l’Identité nationale, pour persuader les bons blancs que l’on est tellement en sécurité entre Français de France. Cela sous l’oeil suspicieux d’une police toujours en embuscade. « On rêve d’uniformes bleus et on découvre des chemises brunes ! » C’était le cri d’alarme lancé par Denis Langlois, en l986, sous Pasqua, avec un peu d’avance. Nous en prenons le mauvais chemin !
Maurice Rajsfus
faux témoignage ?
En janvier 2009, Nicolas Sarkozy était de passage à Saint-Lô. Le service d’ordre policier était important. D’où cette interdiction de fait de protester, même de loin, contre la venue du président de la République. Au hasard, des policiers avaient désigné un militant de la CGT, qui sera poursuivi pour violence contre des fonctionnaires de l’ordre public. Le 24 novembre, la procédure était annulée pour vice de procédure et le syndicaliste relaxé. (Source, Libération, 25 novembre 2009)
Faux et usage de faux
En mars 2008, un policier du commissariat de Carcassonne s’était impliqué dans l’établissement de procurations irrégulières, lors des élections municipales. I1 aura fallu attendre dix-huit mois pour que cet honnête fonctionnaire soit mis en examen, le 24 novembre 2009. (Source, Métro, 25 novembre 2009).
Qui a tué ?
Dans la matinée du 25 novembre, un homme âgé de 36 ans était découvert mort devant le commissariat de police de Saint-Chamond (Loire). I1 n’était pas venu 1à tout seul… (Source, Direct Matin, 26 novembre 2009)
Toujours le sursis !
Le 26 novembre, le tribunal de Juvisy-sur-Orge (91) a condamné un policier à quatre mois de prison avec sursis. Qu’avait bien pu faire ce défenseur de l’ordre public ? Peu de choses ! En janvier 2008, il avait cassé le nez d’un gardé à vue au commissariat. I1 convient de noter que ce fonctionnaire avait malgré tout écopé d’un blâme en Commission de discipline. (D’après Direct Matin, 27 novembre 2009)
Comptine
Ces quelques vers, pleins de rancune, d’origine inconnue, traduisent bien la chaude amitié que peut provoquer la fréquentation de nos défenseurs de l’ordre public
« Une jolie casquette
Pour la p’tite fliquette
Une canette de bière
Pour le commissaire
Une petite claque
Pour ceux d’la BAC
Une fiole de lacrymo
Pour les p’tits barjots ! »
(Et si vous preniez la suite…)
Violences policières et faux témoignages
Le 19 novembre, à l’occasion de la visite de François Fillon à Reims, des jeunes manifestaient devant le lycée Roosevelt contre le plan de réforme des lycées présenté par le premier ministre. La police ne manquait pas d’intervenir et quatre lycéens et étudiants étaient interpellés, placés en garde-à-vue pendant vingt-quatre heures. Jugés en comparution immédiate, sans avoir eu le temps de préparer leur défense, ces quatre jeune étaient condamnés à trois mois de prison avec sursis. Les parents de l’un d’eux rappellent que leur fils s’était fait interpeller et menotter juste après la manifestation, alors qu’il demandait aux CRS qui bouclaient le quartier à quel moment il pourrait reprendre son vélo. Immédiatement arrêté, il était accusé d’avoir jeté des pierres sur le service d’ordre policier. Cela malgré le témoignage approximatif d’un policier blessé qui disait n’avoir reconnu personne. En fait, il s’agit de condamnations sans preuve, alors qu’une bande vidéo, placés sous scellées n’était pas visionnée par le tribunal, comme le souligne le père de l’un des jeunes : « Cette condamnation met directement en péril l’accès à la vie professionnelle de mon fils au terme de ses études. » Briser la vie d’un jeune homme, qu’est-ce que cela peut bien faire à ces policiers auteurs de faux témoignages ? (Par internet, 29 novembre 2009)
Geste technique…
Le 20 février 2004, un jeune homme, âgé de 30 ans meurt asphyxié suite à son interpellation par des policiers du commissariat de Marignane. I1 s’appelait Karim. Question : ces policiers ont-ils provoqué la mort de cet homme en lui comprimant le thorax, pour l’immobiliser, jusqu’à provoquer l’asphyxie ? Les policiers sont intervenus chez lui, après qu’il a été blessé -comme après une bagarre. Pour ses voisins, ils n’avait pas « toute sa raison » et ses propos paraissaient « incohérents ». Cet éducateur sportif, qui pratiquait le karaté, était conduit au commissariat, où tout semble avoir dérapé. Appelé pour un placement en milieu psychiatrique, les pompiers, arrivés à 20 heures, ne constataient rien d’alarmant mais, à 21 heure, Karim ne respirait plus. A 21 h 10, lorsque le médecin arrive, il ne peuvent que constater un arrêt cardiaque qui a duré environ cinq minutes. Plongé dans le coma, le jeune homme décèdera à l’hôpital six jours plus tard. Selon un collège d’experts, sa mort serait due à un « arrêt ventilatoire puis circulaire », provoqué par une contention « comprenant une compression thoracique abdominale ». Plusieurs adjoints de sécurité sont mis en cause. Selon un pompier, la victime était à terre, sur le dos, avec trois policiers sur lui, dont un sur la poitrine ». D’après un policier, trois ou quatre de ses collègues maintenaient Karim plaqué au sol » : L’un avait un genou sur 1e thorax, l’autre, les deux mains appuyées sur le ventre. » Même à l’IGPN, on s’est étonné : « Pourquoi l’avoir si longtemps neutralisé au sol, alors qu’il était suffisamment entravé, et n’offrait pas de résistance ? » Des policiers diront qu’il fallait se méfier d’un individu dangereux et qu’il était nécessaire d’éviter qu’il se fasse mal en se tapant la tête au sol. (sic) I1 faut bien convenir que la justice a longtemps traînée. En effet, il ne lui a pas fallu moins de cinq ans pour connaître les causes exactes du décès de Karim. (Si seulement ses parents avaient pris la précaution de le prénommer Charles). Finalement, ce n’est qu’au cours de l’été 2009 qu’une juge a commencé à instruire une information pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. » Quant aux quatre policiers, placés en situation de témoins assistés, ils nient tout geste fatal, avec cet argument classique : « Il a été maintenu avec force mais c’était la force strictement nécessaire… » finalement, aucune mise en examen n’a été prononcée. Sans doute parce que les policiers incriminés s’étaient contentés de quelques gestes techniques enseignés dans les écoles de police… (D’après Libération, 1er décembre 2009)
Remord judiciaire
En août 2009, un gendarme qui avait tué de trois coups de feu un jeune homme qui tentait de s’évader de la gendarmerie de Brignolle (33) avait bénéficié d’un étonnant non-lieu, car il n’était pas en situation de légitime défense. Le 1er décembre, la cour d’appel d’Aix-en-Provence devait infirmer ce jugement. Le pandore sera renvoyé devant une cour d’assises pour « coups mortels ». (Source, 20 Minutes, 2 décembre 2009)
Fichiers
Les 1er et 2 décembre 2009 étaient examinée, à l’Assemblée nationale une proposition de loi de « simplification et d’amélioration de la qualité du droit. » En fait de simplification, il se trouve que, parmi les dispositions législatives pouvant être prises par le gouvernement, au travers de simples ordonnances ayant force de loi, figure une section autorisant la création de nouveaux fichiers de police. Cela en toute transparence démocratique, sans que la « représentation nationale » soit consultée de quelque façon que ce soit. (D’après Le Monde, 2 décembre 2009)
Révolte policière…
Le 3 décembre, quelque 2 000 policiers manifestaient à Paris, devant le ministère des Finances. Motif de cette démonstration inhabituelle, ces fonctionnaires de l’ordre public exprimaient leur « ras-le-bol » devant la baisse des effectifs, tandis qu’une politique du résultat leur est imposée, avec des objectifs jugés inatteignables, « loin des réalités ». D’autres manifestations se sont ainsi déroulées à travers la France, à l’appel de l’Union SGP/ Unité police. Fort bien. Et si les policiers affiliés à ce syndicat mettaient moins de zèle à l’accomplissement de certaines missions, où la brutalité n’est jamais négligée, peut-être qu’il seraient mieux compris de la population à laquelle ils semblent s’adresser. (D’après, Direct Matin, 4 décembre 2009)
Justice 1, police 0
Le 3 décembre, il était possible d’apprendre, de source policière, que des juges du tribunal de Bobigny (93) n’avaient pas renouvelé, le 1er décembre, un certain nombre de garde-à-vue, en invoquant l’absence de l’avocat dès la première heure de la procédure. A cette occasion, il est rappelé qu’en vertu des règlements de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH), » un accusé doit, dès qu’il est privé de liberté, pouvoir bénéficier de l’assistance d’un avocat. » De plus, rappelle la CEDH, « I1 est porté une atteinte irrémédiable aux droits de la défense lorsque les déclarations incriminantes faites lors d’un interrogatoire de police sans assistance d’un avocat sont utilisées pour fonder une condamnation. » (Source, Métro, 4 décembre 2009)
Petit ripoux
Un policier, qui avait fait « fuiter » des photos de Jean-Pierre Treiber, en cavale, photos publiées dans Le Figaro-Magazine du 17 octobre 2009, était interpellé le 2 décembre. I1 s’agit d’un major en poste à la Direction interrégionale de la police judiciaire de Dijon. Aussitôt placé en garde-à-vue, il devait reconnaître les faits avant d’être suspendu le 3 décembre. Selon le ministère de l’Intérieur, ce policier a reconnu avoir contacté les journalistes et leur avoir remis les photos qui ont été publiées. Interrogé pour savoir si cette remise de photo avait ou non donné lieu à un échange d’argent, Brice Hortefeux s’est borné à dire que, « pour l’instant, nous n’avons pas de précisions sur ce point ». Cette déclaration, en demi-teinte, parait ressembler à un véritable aveu du ministre. En fait, ce policier véreux aurait bien « touché ». (D’après Libération, 4 décembre 2009)
Garde-à-vue et inhumanité policière
Il en va de la garde-à-vue comme de la qualité de l’interpellation. Les policiers, bien au-delà des textes qui régissent leurs compétences, s’appliquent toujours à mal faire, lorsque cela est possible. Après la mise en garde-à-vue d’une avocate, le 16 novembre 2009, à Meaux, suite à laquelle celle-ci a raconté qu’ elle a été « traitée comme un animal » (se reporter à Que fait la police ?, décembre 2009), 1e bâtonnier du barreau de Paris lançait un appel contre les méthodes policière,dont il disait : « toute la stratégie de la garde-à-vue consiste à malmener le corps ! » Même si la ministre de la Justice affirme que « la garde-à-vue doit être limitée aux seules hypothèses des crimes et des délits pour lesquels l’emprisonnement est encouru », les policiers utilisent cette pratique pour tenter de faire « craquer » quiconque peu lui offrir une vague possibilité de « coincer », peut-être, une personne parfaitement innocente, à force de pression morale. Comme le souligne le bâtonnier des avocats de Paris, qui accuse la PJ de Meaux d’avoir pratiqué « des traitements inhumains et dégradants, sans justification et sans proportion avec ce qui pourrait être en cause. » Le ton est rapidement monté, puisque suite à l’appel lancé le 30 novembre par le bâtonnier, 1e syndicat des commissaires de police se déclarait scandalisé, dans un communiqué publié 1e 2 décembre 2009, où il était souligné que : « Les policiers sont des hommes et des femmes qui n’ont pas de leçons d’intégrité à recevoir de la part de commerciaux dont les compétences en matière pénale sont proportionnelles aux montants des honoraires perçus » A la suite de quoi le bâtonnier des avocats de Paris devait décider de poursuivre, en « diffamation publique », le syndicat des commissaires de police. Lequel devrait se pencher avec attention sur le Code de déontologie de la police, où il est spécifié, à 1′article 10 : « Toute personne interpellée est placée sous la responsabilité et la protection de la police. Elle ne doit subir, de la part des fonctionnaires de police, ou de tiers, aucune violence ni aucun traitement inhumain ou dégradant. » Déjà, les policiers sont en passe de voir satisfaite une vieille revendication à la suppression du Juge d’instruction. Bientôt, peut-être, ils tenteront d’expliquer l’inutilité des avocats, ces « commerciaux » qui ne seraient que des gêneurs… (D’après Libération, 5 décembre 2009)
Rigolo
Le secrétaire général du syndicat des policiers en tenue Union SGP/FO, Nicolas Comte, évoque le malaise qui traverse la police. Entres autres raison, la politique du résultat imposée aux fonctionnaires d’autorité. Pourtant, lorsqu’il lui est rappelé qu’en 2003 les policiers ont accepté cette obligation du chiffre, ce brave syndicaliste vend la mèche. Ce n’est pas directement la culture du résultat qui pose problème mais l’annonce de la baisse des effectifs. En clair, la politique répressive ne pose pas de problème mais, à cette fin, il convient d’être suffisamment nombreux, d’être bien équipé, de disposer de nouveaux matériels, avec de bonnes perspectives professionnelles. Si l’on a bien compris Nicolas Comte, de meilleurs salaires permettraient de cogner davantage, sans état d’âmes… « …Aujourd’hui, on est toujours sur la religion du chiffre, mais sans les moyens et avec un système qui se mord la queue… » Il paraît que l’Union SGP/FO serait un syndicat de gauche. (D’après Libération, 3 décembre 2009)
Auxiliaire de police
Le 3 décembre, le tribunal correctionnel de Bobigny (93) a condamné à une année de prison ferme un maître-chien dont l’animal avait mortellement blessé un bébé âgé de 19 mois, à Bobigny, en octobre 2007. Cet agent de sécurité était jugé pour homicide involontaire par violation manifeste délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi. Son chien, un rottweiller-malinois, chien dangereux de catégorie 2, s’était jeté sur le bébé, dans le hall d’un immeuble, sans lâcher prise. A l’évidence, ce chien ne portait pas de muselière. Il convient de rappeler qu’il y a quelques mois, évoquant la diminution des effectifs de fonctionnaires policiers, Nicolas Sarkozy avait estimé qu’il fallait favoriser l’embauche de nombreux agents de sécurité. (D’après Vosges-Matin, 4 décembre 2009)
A Nice : couvre-feu pour les moins de 13 ans
La décision du maire de Nice, Christian Estrosi, par ailleurs ministre de l’industrie, d’instaurer un couvre-feu pour les moins de 13 ans, ne cesse de faire polémique. Particulièrement dans les milieux policiers. C’est ainsi que les représentants de deux syndicats de policiers en tenue, Alliance et Union SGP/FO craignent que cet arrêté municipal fasse sortir les policiers de leur rôle : « La police nationale n’est pas là pour jouer un rôle d’assistante sociale. », ont-ils déclaré. De leur côté, les policiers municipaux, salariés de la ville de Nice, ne voient pas d’inconvénient à cette mesure : « On voit d’un œil favorable tout ce qui peut permettre de réduire l’insécurité et la dérive des jeunes », affirment ces policiers de complément. (Source Vosges-Matin, 5 décembre 2009)
Petit curieux
Le 5 décembre, une enquête judiciaire, visant un policier du commissariat de Nîmes, était ouverte pour « violation du secret professionnel et consultation prohibée de documents informatiques. » Au travers de cette information, en provenance d’une source mal définie, il semblerait que cet excellent fonctionnaire, délégué régional du syndicat de policiers en tenue, Alliance, se soit un peu « promené » dans certains fichiers, sans autorisation particulière. (D’après Libération, 7 décembre 2009)
Petits gredins
Le 7 décembre, deux policiers parisiens, en poste à la 12è section de la Direction du Renseignement de la préfecture de police, chargés de la lutte contre l’immigration clandestine, ont été suspendus après avoir été mis en examen pour « vols aggravés en réunion par personnes dépositaires de l’autorité publique. » Ces deux fonctionnaires d’élite, qui étaient chargés de surveiller les milieux tamouls, dans le quartier de la gare du Nord, ont néanmoins été laissés en liberté, sous contrôle judiciaire. Le 4 décembre, dans la soirée, ces honnêtes policiers s’étaient introduits dans un magasin de téléphonie du 10è arrondissement, bien décidés à s’écarter de leur mission d’ordre public. Brassard de police en évidence et exhibant leur carte professionnelle, ils ‘étaient dirigés vers les comptoirs de vente pour s’emparer de cartes téléphoniques, et dérober la recette de la journée, soit 6.000 euros. Manque de chance, ces deux malfrats avaient été filmés par une caméra de surveillance. Leur mauvais coup fait, les deux policiers, poursuivis par les commerçants du quartier, abandonnaient sur la chaussée le fruit de leur larcin, avant de se retrouver face à leurs collègues policiers qui devaient les interpeller. Au commissariat, ces petits gredins tentaient d’expliquer qu’il s’agissait d’un contrôle d’identité ayant mal tourné. Les deux ripoux ont malgré tout été suspendus par le préfet de police, avec interdiction de conserver leur arme de service. C’était bien le moins. Le côté comique de cette histoire est fourni par le parquet, qui tenait à souligner immédiatement que ce genre de fait, impliquant des policiers « est très rare ». De son côté, le syndicat Synergie-officiers mettait malgré tout un conditionnel à cette affaire : « Si l’enquête conclut à la responsabilité des policiers, il faut que la sanction soit ferme car, au-delà des faits, cette affaire jette le discrédit sur l’ensemble de la corporation. » La formule « si » pouvant signifier « si les faits sont avérés », rejoint le « très rares » du parquet. « Rares » ou « si » ne peuvent qu’étonner car, en 2008, ce sont 3.423 sanctions qui ont été prononcées contre des fonctionnaires de police. (Sources, France Info, France Inter, Canal + et France 2, avec images significatives, 8 décembre, Métro, 9 décembre 2009)
Derniers sursauts de la CNDS
La Commission nationale de la déontologie de la sécurité (CNDS), vit ses dernières semaines, car elle doit céder la place à un improbable « défenseur des droits ». Avant de fermer boutique, elle donnait un avis, le 16 novembre sur un abominable « fait divers » au cour duquel un policer de Saint-Germain-en-Laye (78) s’était illustré par un « usage disproportionné de la force, manque de discernement, manquement graves aux règles de la déontologie. » (Se reporter à Que fait la police ?, avril 2009). Suite à un simple contrôle pour avoir soi-disant refusé la priorité à un piéton, une bonne bourgeoise mère de famille avait été brutalement menottée dans le dos, provoquant une entorse au coude, et dix jours d’ITT. Placée en garde à vue pour « outrage » et « rébellion », cette dame avait dû subir ensuite une fouille à nu « comme le veut la procédure. » Dans ce qu’il paraît être l’un de ses derniers avis, la CNDS recommande au ministre de l’Intérieur de lancer une procédure disciplinaire à l’encontre des policiers auteurs de cette dérive. Tout en préconisant de rappeler aux fonctionnaires que les fouilles à nu ne doivent pas être systématiques. Heureusement, pour la police et ses serviteurs déviants, la CNDS va disparaître et son dernier avis risque de rester lettre morte. (D’après Le Monde, 9 décembre 2009)
Contrôles au faciès : colère policière
Le 9 décembre, le gardien de l’Identité nationale, Eric Besson, reconnaissait que de nombreux contrôles d’identité étaient effectués au faciès par la police. Le ministre ajoutait néanmoins que cette approche était « largement combattue ». Cette déclaration devait provoquer la colère des syndicats de policiers. Ainsi, Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat Alliance (clairement de droite), dénonçait un « dérapage verbal ». De son côté, Nicolas Comte, secrétaire général de l’Union SGP/FO/Unité Police (soit disant de gauche), parlait de « propos inadmissibles ». Ce brave syndicaliste précisait, sans rire, « Les contrôles (au faciès) sont illégaux. Je ne comprends pas qu’un ministre de la République laisse supposer le contraire… » Il convient de préciser qu’en juin 2009, une étude sur les contrôles d’identité, à Paris, réalisé par un institut américain, arrivait à la conclusion que les policiers français se fondent principalement « principalement sur des critères d’ethnicité et non sur un quelconque comportement suspect. » Quant au syndicat d’officiers de police, Synergie, il rappelait que les contrôles d’identité étaient liés au « territoire » et non pas à « l’ethnie ». Encore faudrait-il définir la nature du territoire considéré. (Source, 20 Minutes, 10 décembre 2009)
Chauffards en uniforme
Dans la matinée du 10 décembre, devant la préfecture de police de Paris, un fourgon de police, dont les occupants n’étaient pas en mission d’urgence, circulait sans gyrophare ni sirène. Passant au rouge sur un passage protégé, le véhicule ne s’arrêtait pas et blessait mortellement une greffière du tribunal correctionnel de Paris, âgée de 51 ans. Le fourgon qui, selon les syndicats de policiers, ne roulait qu’à 30 km/heure, avait plus de 125.000 kilomètres au compteur, était conduit par une jeune policière qui, à plusieurs reprises, avait averti son chef de bord que les freins ne répondaient pas. La policière était néanmoins placée en garde à vue. Le 12 décembre, la policière était mise en examen pour « homicide involontaire par conducteur de véhicule. » et « défaut de maîtrise ». Plus généralement lorsque l’on assiste au passage d’un véhicule de police, circulant à vive allure, on ne se sent pas vraiment en sécurité. Il est vrai que les accidents – mortels ou pas – dont sont responsables les policiers, ne sont pas toujours mentionnes dans les informations. (Source, France 2 et Canal +, 10 décembre et 20 Minutes, 14 décembre 2009)
Dans les clous…
En 2008, à Versailles, un sexagénaire qui traversait la chaussée, alors que le feu était au rouge, avait été contrôlé par une policière. Selon elle, ce piéton l’avait alors outragée. Vers 22 heures 15, deux policiers devaient se rendre au domicile de cet ennemi public pour lui notifier convocation au commissariat de police. Face à ses protestations, l’homme avait immédiatement été menotté, et placé en garde à vue durant 20 heures. Jugé devant le tribunal correctionnel, à Versailles, ce dangereux « individu » connaîtra sa peine le 11 février 2010. Il faut espérer que la justice saura se montrer impitoyable. (D’après 20 Minutes, 11 décembre 2009)
Mauvaises manières
Le 4 décembre, dans la matinée, plusieurs dizaines d’élèves du lycée Sophie Germain, à Paris, manifestaient devant leur établissement contre la réforme des lycées et, particulièrement, la suppression de l’enseignement de l’histoire dans les terminales scientifiques. Un manifestant raconte : « Nous étions une cinquantaine, avec une centaine de lycéens derrière nous. Tout à coup, des policiers sont arrivés. Certains avaient même des mitraillettes. Ils ont commencé à nous donner des coups de pied, de poing, à nous taper avec leur talkie-walkie, à nous tirer par les cheveux… » (Source, Libération, 12 décembre 2009)
Identité religieuse : version policière
Le 13 décembre, Brice Hortefeux annonçait la création d’un poste de préfet coordinateur chargé de la lutte contre l’antisémitisme. Ce préfet ayant « une autorité suffisante » sur les acteurs de la sécurité, en lien avec le préfet de police et les directeurs généraux de la police et de la gendarmerie, « pour prévenir et réprimer ces actes inadmissibles.» Fort bien. Question : y-aura-t-il bientôt un préfet chargé de la lutte contre les actes et menaces frappant les musulmans, ainsi que « les agressions verbales, les dégradations de bâtiments et les inscriptions diverses » ? Cela au nom de l’esprit d’égalité devant régner entre les minorités ; le ministre de l’Intérieur doit certainement y songer !
Ce même 13 décembre, Brice Hortefeux, qui s’était récemment illustré avec des plaisanteries douteuses sur les Maghrébins, s’est vu décerner la médaille du « prix de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme », par l’Union des patrons et professionnels juifs de France. (Sources, 20 Minutes, 14 décembre et Métro, 15 décembre 2009)
Interpellation ciblée
Dans l’après-midi du 15 décembre, des postiers du syndicat Sud manifestaient devant l’Assemblée nationale, contre le projet de privatisation de la Poste. Au cours de l’intervention de la police et des gendarmes, Olivier Besancenot était brutalement pris à partie. Victime d’une clé au bras, il devait souffrir d’un doigt cassé et se retrouver à l’hôpital. Raison de cette interpellation musclée ? Le porte-parole du NPA tentait de revêtir une statue d’un costume de postier. (Sources, 20 Minutes et France 3 avec images significatives, 16 décembre 2009)
Légitime défense ?
A Villeneuve-Saint-Georges (94), dans l’après-midi du 15 décembre, des policiers de l’UTEQ (Unité territoriale de quartier) d’Orly relaient une équipe de policiers locaux qui ont pris en chasse un véhicule dont les passagers refusaient un contrôle. Se trouvant nez à nez avec cette voiture, l’un des policiers de l’UTEQ ouvrait le feu deux reprises, blessant au bras une femme de 45 ans qui avait eu le tort de se trouver là. D’après un témoin, l’un des fuyards aurait été armé, mais rien ne le prouve. Toujours est-il que le tireur explique qu’il s’estimait en situation de légitime défense. De son côté, l’IGN, saisie, devra déterminer l’origine des coups de feu mais, déjà, les policiers expliquent que la balle qui a touché la victime est arrivée par ricochet. (D’après 20 Minutes et Métro, 16 décembre 2009)
Ca cogne, à Rennes !
Le 5 décembre 2009, à Rennes, lors d’une manifestation de chômeurs et précaires interdite par la préfecture, des barrages de CRS avaient été édifiés, tandis que des policiers de la BAC allaient se livrer à des brutalités ressemblant à de véritables lynchages. Quelques militants libertaires, violemment interpellés, seront jugés le 18 janvier 2010, sous l’accusation de « violences à agents ». (Source, Le Monde Libertaire, 17 décembre 2009)
Photo de groupe illustrant l’identité nationale
C’est un document publié dans Le Monde. Le sujet ? Cinq policiers d’une unité territoriale de quartier (UTEQ), de Marseille, procèdent à un contrôle d’identité. Contre le rideau de fer baissé d’un magasin d’alimentation, un jeune homme en short et maillot de corps léger est entouré par quelques anges gardiens dont la posture est édifiante. Si le jeune homme paraît paisible, il n’en va pas de même des policiers. L’un d’eux, apparemment chef de la patrouille, a la main droite sur la crosse de son revolver, et la main gauche occupée avec un objet difficile à identifier. L’une de ses collègues (la police est de plus en plus féminisée) a également la main droite sur son arme. Au centre de la photo, un collègue tient fermement sa matraque Tonfa de sa main gauche, tandis qu’un autre policier paraît inspecter minutieusement une petite moto. En fond de décor, le cinquième policier a les bras croisés. Quant au jeune homme, il est plutôt serein et doit se demander, peut-être, ce que ces policiers doivent bien lui vouloir. Rien de particulier donc. Peut-être même une opération de pure routine. Sauf qu’à l’évidence, nos défenseurs de l’ordre public ont dû déceler, au faciès, un « individu » peut-être trop « bronzé » à leur gré… (Source, Le Monde, 18 décembre 2009)
Informez-nous !
Nous manquons cruellement d’informations émanant de la presse régionale sur les dérapages policiers. Nous attendons les coupures de journaux à l’adresse suivante : Observatoire des libertés publiques c/o NSP, 20, rue Courat – 75020 Paris.
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