Une solution pour concilier développement économique et respect de l'environnement ?

Géo. Le 23 Mai 2011 par Thomas Vitry (publié par Maire)

 

En 2008, Proparco a signé un prêt senior de 25 millions de dollars à Mumias Sugar Company pour financer une nouvelle centrale cogénération bagasse, au Kenya.

Projet de centrale cogénération bagasse au Kenya | © Proparco

L'actu : Proparco, filiale de l’Agence française de développement (AFD), et CDC Climat, branche de la Caisse des dépôts dédiée à la lutte contre le changement climatique, ont annoncé la mise en place d’un partenariat stratégique lors d’une conférence de presse à Paris, le 12 mai. Objectif : lier développement économique et finance carbone en Afrique subsaharienne et en Méditerranée.

Le contexte :

Le Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), qui s’est tenu du 20 au 22 septembre 2010, a abouti à l’adoption d’un programme visant à atteindre d’ici 2015 huit objectifs anti-pauvreté. L’un de ces objectifs est la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement.

D’un autre côté, la première période du protocole de Kyoto prendra fin en 2012. L'un de ses principaux objectifs : réduire de 5,2% les émissions de gaz à effet de serre pour les pays développés, par rapport au niveau de 1990.

Comment concilier ces deux impératifs ?

L’enjeu :

Une première réponse a pu être apportée dans le cadre du protocole de Kyoto avec la mise en place d’un marché carbone, qui est loin d’être parfait. En effet, si la finance carbone (1) doit avoir un rôle de levier de développement, elle bénéficie pour l’instant surtout aux grands pays. Et, d’après Pierre Ducret, P-DG de CDC Climat, la sphère privée se tient globalement dans une « position d’attente » vis-à-vis de ces solutions de financement dans les pays en développement.

L’objectif du partenariat CDC Climat - Proparco est justement de créer un « effet boule de neige » : en lançant des programmes de financement, en investissant dans les projets qui voient le jour, tout en offrant des garanties sur un marché incertain, les deux structures cherchent à inciter les acteurs privés à faire de même. Proparco souhaite monter « des opérations économiquement viables et financièrement rentables » tout en affichant une volonté de responsabilité sociale et environnementale.

Le panel des projets mis en place est vaste : cela va du photovoltaïque à la distribution de filtres à eau en passant par la création de foyers efficaces et l'établissement de centrales électriques biomasse.

« Ce choix traduit la volonté de Proparco et de l’AFD de pallier les insuffisances de marché et de jouer son rôle de catalyseur de l’investissement privé dans des régions qui, négligées par les investisseurs, sont restées à l’écart de la finance carbone alors qu’elles recèlent pourtant d’importants gisements de projets. Notre objectif est de faire en sorte que ces mandats permettent la levée de fonds associant d’autres investisseurs, en zone Méditerranée et en Afrique subsaharienne », explique Étienne Viard, Directeur général de Proparco.

Ces deux régions sont en effet laissées pour compte dans les projets de financement carbone : seuls 3% des mécanismes de développement propre (MDP) sont alloués à l’Afrique subsaharienne et 1,5% en Méditerranée (2). Il est donc impératif de mettre l’accent sur ces zones afin d’accélérer leur développement, conformément au protocole de Kyoto et aux OMD. « Et les récentes révolutions dans les pays de l’ Afrique du Nord rendent nos efforts encore plus pertinents », complète Etienne Viard.

Les moyens :

En entrant à hauteur de 25% au capital de CDC Climat Asset Management, Proparco confie à cet organisme deux mandats de 15 M€ à investir en Afrique subsaharienne et en Méditerranée, qui viennent s’ajouter aux 60 M€ déjà alloués par CDC Climat.

Les engagements de Proparco sous forme de prêts, prises de participation et autres titres ont atteint 1,1 milliards d’euros en 2009 (+ 42% par rapport à 2008). 44% du portefeuille total de l’organisme a pour zone d’intervention l’Afrique subsaharienne.

Lors de sa création en 2010, CDC Climat s’est fixé pour objectif, par ses investissements, de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 60 millions de tonnes d’ici à la fin 2014.

« Nous estimons qu’il est de notre responsabilité d’être présents sur ce créneau, affirme Guido Schmidt-Traub, directeur général de CDC Climat Asset Management. Nous voulons prouver que la finance carbone peut contribuer au développement et qu’un modèle de développement décarboné peut exister dès maintenant sans passer par une économie intense en carbone ».

(1) L'objectif de la finance carbone est de réduire les émissions de gaz à effet de serre en favorisant les investissements dans le développement durable, les énergies renouvelables.

(2) Sources : PNUE/RISOE, CDM pipeline avril 2011; CDC Climat.


Commentaire (0)

Aucun commentaire

Ajouter un commentaire
Vous

Votre message

Champ de sécurité

Veuillez recopier les caractères de l'image :

Dernière mise à jour de cette page le 25/05/2011

Membre du réseau Infovox, je publie sur Agoravox, coZop, etc.