Alain de Pouzilhac, la directrice des ressources humaines et la déléguée CGT d'AEF, Sabine Meslet, étaient présents à l’entretien. Dans un premier temps, Candice Marchal a nié avoir utilisé les données des serveurs d’AEF. Alain de Pouzilhac exhibe alors un entretien de l’avocat de Candice Marchal dans un journal dans lequel il défendait le droit de sa cliente à avoir accès aux données du groupe compte tenu de ses responsabilités. Candice Marchal a demandé alors une suspension de séance, qui a duré 8 minutes, à l’issue de laquelle elle a reconnu les faits : « Oui, j’ai piraté », a-t-elle déclaré, « l’info-gérant (Thibault de Robert de Lafregeyre, collaborateur prestataire qui s’occupait de la sécurité informatique, lui aussi recruté par Christine Ockrent, ndlr) m’a donné le login et le mot de passe. » Le mobile ? Candice Marchal a expliqué qu’elle était « angoissée » par sa situation dans l’entreprise.
« Mais ça n’a pas de sens ! », a rétorqué Alain de Pouzilhac. « Tu te rends compte que tu rentrais dans la vie privée de gens ? »
« Je savais que je faisais quelque chose de mal », a-elle ajouté, tout en maintenant sa version : elle avait peur d’être virée et voulait savoir ce qui se disait sur elle entre les membres de la direction.
Intervenant à son tour, la déléguée CGT s’est efforcée de mettre la faute grave de Candice Marchal sur le compte de la guerre des chefs qui sévit dans l’entreprise depuis des mois. Piètre argument selon Pouzilhac : certains documents retrouvés par les enquêteurs sur l’ordinateur de Candice Marchal datent de novembre 2008, lorsque les relations n'étaient pas encore dégradées entre Pouzilhac et Ockrent ! Là encore, le PDG contredisait la salariée : selon elle, le piratage n’avait commencé qu’en septembre 2010. L'entretien a duré une heure trente. Candice Marchal est repartie avec le chauffeur de Christine Ockrent qui l'avait attendu. La sanction de l'entreprise tombera lundi, mais le licenciement pour faute grave ne fait aucun doute.
La ligne de défense de Candice Marchal protège-t-elle Christine Ockrent ? A première vue, oui, puisqu’elle ne la désigne pas comme la commanditaire du système d’espionnage. Mais les motivations telles qu'elle les exposées ne sont pas crédibles : peut-on imaginer monter tout un système de piratage interne et le faire fonctionner deux ans durant simplement pour se renseigner sur son avenir dans l’entreprise ? En quoi les informations de nature stratégique et confidentielle sur l’entreprise pouvaient concerner le sort d’une simple assistante cantonnée dans des tâches secondaires (afférant aux diverses activités de Christine Ockrent), et travaillant de surcroit à France 24 et non dans la holding ? Pourquoi l’info-gérant lui aurait-il remis les codes d’ accès ? Quels intérêts y aurait-il trouvé lui-même ? Pourquoi les enquêteurs ont-ils trouvé des mails adressés à Christine Ockrent dans lesquels Candice Marchal lui donnait multe informations sur ce qui se disait sur la compagne de Bernard Kouchner dans la rédaction ?