Il n’en demandait sans doute pas tant. Le dramatique assaut des commandos israéliens Shayetet 13 aura suffi à faire de Erdogan un héros - on le compare à Nasser ! - et à installer le leadership turc sur le monde arabe.
Située aux carrefours de l'Europe, de l'Asie, et du Moyen-Orient, allié de poids des Etats-Unis, la Turquie est en plein repositionnement au niveau international et possède d’ incontestables atouts dans le redéploiement de sa politique extérieure. L’épisode « Flottille pour la Paix » est d’ailleurs d’abord un symbole de cette nouvelle suprématie.
L’ambition d’accéder au statut de puissance ne date pas d’aujourd’hui et la Turquie n’a pas ménagé ses efforts notamment depuis l’installation au ministère des affaires étrangères d’Ahmet Davutoglu, un ancien universitaire, moins focalisé sur l'Europe que ses prédécesseurs.
Dans la revue
Foreign Policy, il livrait fin mai les principes méthodologiques et opérationnels de sa diplomatie :
- une approche plus complexe du Moyen Orient par sa connaissance « unique » de la région.
- une approche globale des problèmes mondiaux : Moyen Orient, mais aussi Balkans, Asie centrale, Afrique, Asie. La Turquie cherchera notamment à améliorer activement ses relations avec les pays voisins comme la Grèce, l'Iraq, la Fédération de Russie, et la Syrie.
- l’adoption d’un nouveau discours et un nouveau style diplomatique privilégiant la puissance économique de la Turquie pour accroître son soft power. Tout en maintenant une puissance armée compte tenu de la « fragilité » du contexte régional.
La mal-aimée Turquie prend donc conscience de son influence et de son potentiel. D’ores et déjà, le premier objectif du ministre des affaires étrangères turques est rempli. « Grâce » à la bavure israélienne, la Turquie a considérablement renforcé ses positions au Moyen-Orient.
Dans les manifestations du monde entier, les drapeaux turcs côtoyaient les drapeaux palestiniens.