Roundup : Monsanto, le ministère de l'Agriculture et l'AFSSA sont dans un bateau...

Les mots ont un sens. 18 novembre 2009 par

Et la houle se lève. Le Roundup a été autorisé à partir d'études insuffisantes et pourrait s'avérer bien plus toxique que prévu. Le ministère de l'Agriculture refuse toutefois de reconnaitre la composition réelle de l'herbicide, préférant se cacher derrière les déclarations de principe de la firme...

Le Roundup pourrait être interdit

Le 16 juin 2009, Jacques Maret (un agriculteur charentais) et le Mouvement pour le respect des générations futures (MDRGF) demandaient le retrait du désherbant de Monsanto. Dans leur courrier au ministère de l'Agriculture, les rebelles soulignaient que l'impact du produit sur la santé humaine n'avait pas été correctement testé. Et pour cause, pour obtenir son autorisation de mise sur le marché (AMM), Monsanto avait fourni les résultats de tests menés sur des rats, exposés au glyphosate seul (la molécule active de l'herbicide). Or, le Roundup contient d'autres poisons, dont le POEA, un détergent qui sert à améliorer la solubilité de l'herbicide et sa pénétration dans les plantes. Et, devinez quoi, selon le professeur Robert Bellé, chercheur au CNRS, la dose mortelle de cette substance est trois fois inférieure à celle du glyphosate seul. Trois fois plus toxique, donc...

Le ministère se fourvoie

Début octobre 2009, le ministre de l'Agriculture Bruno Lemaire a enfin trouvé le temps de répondre aux plaignants, affirmant sans rire que dans les "dossiers de demande d'autorisation de mise sur le marché des produits en cause [...] aucune des préparations susmentionnées ne contient de POEA". Ça serait drôle, si ça n'était pas triste. Car en réalité, le ministère de l'Agriculture se base sur les déclarations de Monsanto, et non sur des analyses chimiques du produit. En clair, le juge se contente de demander à l'accusé s'il est bien l'auteur du délit pour rendre son verdict. Il serait peut-être temps d'aviser le ministère de l'Agriculture qu'un Roundup sans surfactant (dont le POEA) n'aurait aucun effet, puisqu'il ne pénètrerait pas les mauvaises herbes !

L'étau se resserre autour du Roundup

N'en déplaise au ministre, toutes les analyses sont formelles. Le Roundup contient bel et bien du POEA. Pour étayer leur démonstration, Jacques Maret et le MDRGF ont font réaliser des analyses de deux Roundup (Express et GT Plus) par deux laboratoires distincts. Le résultat était connu à l'avance : la composition réelle de ces deux Roundup commercialisés ne correspond pas à la composition intégrale figurant dans les dossiers des demandes d'AMM. Pire même, cette nouvelle étude a montré des différences de composition chimique entre différents échantillons du Roundup Express (ayant le même numéro d'AMM) et entre deux échantillons du Roundup GT PLUS (même numéro d'AMM mais dates d'AMM différentes). Est-il utile de noter qu'un numéro d'AMM doit correspondre à une et une seule formulation ?

A quoi sert le ministère de l'Agriculture ?

Dans cette affaire, deux hypothèses sont à retenir : Soit Monsanto a sciemment menti au ministère, qui n'a mené aucun test de vérification, même après avoir été alerté par le MDRGF. Soit la firme a fait les bonnes déclarations, mais le ministère a autorisé la mise sur le marché d'un produit à partir d'études largement insuffisantes. Dans tous les cas, Monsanto devra s'expliquer, au moins sur les différences de composition des produits censés être identiques. De leur côté, le ministère de l'Agriculture et l'AFFSA ont laissé passer un produit qui n'aurait jamais du être mis sur le marché sans analyses complémentaires.

Le 18 octobre 2009, les plaignants ont dégainé l'artillerie lourde. Ils ont décidé d'attaquer devant le Conseil d'Etat le refus du ministre d'abroger les AMM. La suite à suivre...

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Dernière mise à jour de cette page le 19/11/2009
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