Le bio ne serait pas meilleur pour la santé. C’est un article publié dans Le Figaro, le 20 mai dernier, qui nous prévient. Le quotidien relaie là une étude française réalisée par deux chercheurs de l’INRA, Léon Guéguen et Gérard Pascal, qui vient d’être publiée dans les cahiers de nutrition et de diététique. Dans le résumé qui précède leur étude, on lit notamment que « la réduction des intrants chimiques, qui favorise la production par la plante de substances antioxydantes bénéfiques, favorise aussi celle de métabolites secondaires et toxines naturelles dont l’innocuité n’est pas garantie. » En clair, si vous arrêtez d’asperger de pesticides vos cultures, elles développeront elles-mêmes des toxines potentiellement dangereuses, donc mieux vaut en rester aux pesticides... Les deux ingénieurs ne s’arrêtent pas là : « Tous les aliments produits en plein-air, dont la viande, le lait et les œufs AB, sont les plus exposés aux contaminations chimiques microbiennes et parasitaires provenant de l’environnement. » Vive poules et veaux élevés en batterie, éclairés au néons et nourris aux aliments de synthèse !
Cette idée selon laquelle les produits naturels présenteraient des risques égaux aux molécules chimiques diffusées dans les sols et l’atmosphère depuis 60 ans laisse tout simplement perplexe ! Elle a déjà été répertoriée dans l’étude remise à l’Assemblée nationale le 29 avril dernier par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. Précisons que Léon Guéguen et Gérard Pascal sont des adversaires déclarés de l’agriculture biologique. Ils font tous les deux partie de l’AFIS, l’Association française pour l’information scientifique, qui semble avoir une tendresse particulière pour les pesticides et les OGM.
Citons également cet article de Alain Rérat, directeur de recherches honoraire à l’INRA, consacré à la mortalité des abeilles, qui assure que les pesticides sont « les médicaments des plantes » (!) et qu’une alternative « à l’utilisation de ces insecticides existe, qui ne présente aucun inconvénient pour les hyménoptères. C’est l’utilisation de plantes génétiquement modifiées (PGM) » (! !). Bref, la nature c’est dangereux, les pesticides c’est pas mal et les OGM encore mieux. Léon Guéguen et Gérard Pascal sont par ailleurs des membres éminents du conseil d’administration de l’Institut français pour la nutrition (IFN), qui comprend notamment des représentants de l’industrie agroalimentaire comme Nestlé ou Danone. Les industriels pro-pesticides et pro-OGM peuvent dormir tranquilles, les retraités de l’INRA veillent sur eux.