Le Parisien. 24 décembre 2010 par Daniel Rosenweg
Après l’impact humain du Mediator, l’impact financier. Et il n’est pas mince. Au-delà du dramatique bilan — on parle de 2 000 décès liés à la consommation de ce médicament destiné aux diabétiques mais utilisé comme coupe-faim —, la facture du Mediator pour l’assurance maladie et les complémentaires santé est loin, elle aussi, d’être anodine.
L’Unocam (qui réunit les fédérations d’assurances et mutuelles complémentaires santé) s’est intéressée à cette question car, explique son président, Fabrice Henry, « plusieurs choses paraissaient incohérentes ».Notamment l’octroi par les autorités d’un taux de remboursement de 65 %, en totale inadéquation avec le niveau de service médical rendu (SMR), qualifié d’« insuffisant » par l’autorité de santé. Dans un rapport interne que « le Parisien »-« Aujourd’hui en France » s’est procuré, les experts de l’Unocam ont établi que, sur les seules dix dernières années, l’assurance maladie a dépensé 324,89millions d’euros au titre du remboursement de ce médicament. Pour les assurances et mutuelles, l’addition est moins salée mais frôle tout de même les 100 millions d’euros, 98,71 millions. Ensemble, c’est donc une contribution au chiffre d’affaires du laboratoire Servier de 423 millions d’euros qui a été versée entre 1999 et 2009, date de son retrait du marché.
Le coût du traitement des effets secondaires
Or, le Mediator a été mis sur le marché en août 1976. On peut donc estimer que, sur la durée de vie de ce médicament, c’est plus d’un milliard d’euros que la collectivité a versé aux laboratoires Servier. Et c’est sans compter le coût du traitement des effets secondaires graves du Mediator, qui, dans certains cas, ont entraîné lamort. Si la facture est élevée, elle semble également totalement injustifiée.
Dans un avis rendu le 17 novembre 1999, la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé, chargée d’évaluer le médicament, avait ainsi conclu son instruction : «Le niveau de service médical rendu est insuffisant au regard des autres médicaments ou thérapies disponibles pour justifier sa prise en charge. » Un avis réitéré en mai 2006, après que le ministre de la Santé d’alors, Xavier Bertrand, a demandé que le Mediator fasse l’objet d’une nouvelle évaluation. Malgré ces avis tranchés, qui auraient dû valoir au médicament un taux de remboursement maximal de 35 %, voire un refus de prise en charge, les autorités ont fixé le taux à 65 %.
Pourquoi ce privilège ? C’est la question que va poser prochainement, devant le Comité économique des produits de santé (CEPS), le président de l’Unocam qui milite de longue date pour que les médicaments à SMR « faible » ou « insuffisant » ne soient plus pris en charge par l’assurance maladie et les complémentaires santé. Quant à l’étude sur la facture du Mediator, réalisée début décembre, elle a été adressée depuis au ministère de la Santé. Sans recevoir d’écho.
1. simon claude - Le 25/12/2010 à 17:24