Massacre Outre-Manche

Agoravox. 25 octobre 2010 par Zen

Austérité à l’Anglaise
Certains journaux anglais soulignent l’extrême dureté, voire l’excès du plan d’austérité et ses risques...
_"La hache tombe sur les pauvres".(Guardian)

"Le pays est divisé. La hache est tombée. Le massacre a commencé." (Newstatesman)
...Ainsi que la résignation quasi-générale
_"Comment en sommes-nous arrivés à un tel niveau de docilité et de servitude ?"

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George Osborne inflige une purge sans précédent à l’économie britannique
"The Economist parle carrément d’un tour d’écrou dans les dépenses publiques « sans précédent » dans l’histoire britannique. Les coupes à la hache annoncées par le ministre britannique des Finances sont les plus sévères depuis soixante ans. Certains commentateurs remontent même jusqu’aux années 1920. L’austérité anglaise coûtera sans doute 1,3 million d’emplois . Une fin de cycle était annoncée, après le bilan mitigé de Blair et de son successeur, aujourd’hui c’est la plongée dans l’inconnu. Un pari qu’il faudra payer sans doute très cher...

"Depuis son arrivée au pouvoir en mai, le gouvernement de coalition entre conservateurs et libéraux-démocrates s’est fixé pour priorité de résorber le déficit structurel des dépenses publiques. Avec 175 milliards d’euros, il représente aujourd’hui 11% de la richesse nationale, un taux record en Europe. Pour parvenir à ses fins, George Osborne ne recule devant aucun tabou." « Aujourd’hui, la Grande-Bretagne sort du précipice et nous nous attaquons aux factures laissées par dix années de dettes. Le chemin sera difficile, mais il nous conduira vers un avenir meilleur. »

__Les humbles sujets de sa Gracieuse Majesté peuvent être rassurés...
Ce sera plutôt du "sang et des larmes",mais n’est pas Churchill qui veut...et l’ennemi n’est pas extérieur.

__La "pauvre reine" , qui voit son budget réduit de 14%, participe héroïquement à l’effort national".(God save !..). Comment a-t-on osé ? Devra-t-elle revendre quelques chevaux ? Shoking !

Les pauvres riches sont mis aussi à contribution, mais rassurons-nous, ils sont juste égratignés. Mais dans l’ensemble, "ce sont bien les plus pauvres qui seront les principales victimes de la rigueur, comme l’analyse le très respecté Institut des études fiscales." « Le fardeau le plus lourd sera porté par les épaules les plus solides. » On est rassuré !
Plus qu’une douche écossaise, un coup de massue so british, à la mode TINA . Même Maggie n’est pas allée si loin. Voilà où mènent plus de trente années de déréglementation ultralibérale, d’abandon étatique, d’ivresse financière. La City n’a même pas protesté.Devinez pourquoi...
 
L’Europe entre dans le jeu du "toujours plus d’austérité", dira-t-on. ...On sait que les agences de notation privées veillent au grain, même si elles jouent un double jeu, comme on l’a vu dans le cas de la Grèce. L’Europe entière est asservie aux diktats des grandes banques, qui ont joué sans contrôle et à courte vue, même contre leurs propres intérêts, tout en ayant été renflouées par les Etats ("too big to fall"), et qui entendent se refaire du gras, comptant sur les élites pour faire le boulot. Un remède de cheval, qui va se révéler vite toxique pour le pays, car aucun signe de reprise ne se dessine dans les prochaines années , et la pauvreté d’un très grand nombre ne pourra que s’accentuer. Sans relance ni consommation, c’est la récession assurée pour longtemps..Merci les agences de notation !...Il faudra peut-être un Dickens pour décrire ce que vont devenir certains quartiers de Leeds ou de Manchester

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Bien sûr, les classes favorisées, comme les marchés, applaudissent. Il se trouve même des journaux français pour approuver ces mesures.Le plan Cameron y est plébiscité . Le Monde ose évoquer une "austérité juste" (sic !), qui "a le mérite de la détermination et d’être administré avec le souci d’une certaine justice sociale" (re-sic !). Pierre Rousselin, dans le Figaro est impressionné par ce "remède de cheval", mais s’interroge :"La faible reprise actuelle ne risque-t-elle pas d’être tuée dans l’oeuf par un excès de rigueur ? "

Pourtant ce sont bien les gens modestes et les classes moyennes qui vont être les premières victimes : "Les subventions allouées au logement social vont être divisées par deux, les prestations sociales plafonnées, le chômage de longue durée rogné, les aides aux handicapés, le budget de la police va diminuer de 20%, celui des universités de 25% -mais les droits d’inscription vont s’envoler avec la suppression du plafond actuel de 3 500 euros par an. Les collectivités locales (-28%) et la culture (-33%) sont les principales victimes de la rigueur qui, en revanche, épargne relativement les écoles, la santé et, plus surprenant, l’aide au développement, dont le budget va bénéficier d’une hausse de 37%. C’était une promesse de campagne de David Cameron. Si elle est tenue, le Royaume-Uni pourrait devenir, dans cinq ans, le premier pays de l’OCDE à honorer l’engagement de consacrer 0,7% du PIB à l’aide internationale. Au total, 91 milliards d’euros de dépenses publiques vont purement et simplement disparaître d’ici 2015, pour ramener le déficit à 1% du PIB. Même Margaret Thatcher n’avait pas osé aller aussi loin. 490 000 emplois vont être supprimés dans le secteur public et le gouvernement a déjà prévenu que des licenciements secs seraient inévitables. Pour engranger des économies supplémentaires, l’âge officiel de départ à la retraite sera fixé à 66 ans dès 2020..."

Cependant, les Britanniques semblent résignés face à ce plan de rigueur drastique
Pourtant, au Royaume-Uni, grève et manifs ne sont pas à l’ordre du jour. L’opinion britannique soutient -pour l’instant- la politique d’austérité de son gouvernement.Il faut dire que l’opinion anglaise est par tradition révérencieuse par rapport au pouvoir.

"Ils n’étaient que quelques dizaines à protester mollement, pancartes à la main, devant le Parlement de Westminster, lorsque George Osborne a dévoilé, mercredi 20 octobre, son plan de rigueur pour les cinq ans à venir. Les coupes à la hache annoncées par le ministre britannique des Finances sont les plus sévères depuis soixante ans." "Aujourd’hui, le pays est derrière Monsieur Osborne. Mais cela pourrait changer dans un an, quand le chômage augmentera et que le niveau de vie commencera à tomber", estime le Financial Times. Pour contrer les pertes d’emplois dans le service public, le gouvernement table en effet sur une reprise de l’économie et des créations d’emplois dans le privé.
 
Mais pour l’éditorialiste Johann Hari du Independent, cette perspective est peu crédible. "Pour que le privé puisse créer des emplois, il faudrait que ce secteur connaisse la plus grande croissance depuis trente ans. Or qui pense que cela va vraiment arriver ?" écrit-il. "Le Times, qui salue ce moment "historique" ou le pays a "redessiné un état qui peut enfin vivre selon ses moyens", s’interroge toutefois sur l’impact des coupes sur les plus pauvres. Le gouvernement a annoncé des réductions des aides sociales de 18 milliards de livres [20,2 milliards d’euros]. "C’est là que ce posent le plus de questions quant aux choix de M. Osborne", écrit le quotidien de droite. Moins nuancé sur cette question, le Guardian titre en première page : "La hache tombe sur les pauvres". "Même les statistiques de l’Etat montrent qu’un dixième des plus pauvres va perdre une plus grande proportion de son salaire que la moyenne", affirme l’éditorialiste Polly Toynbee en couverture du quotidien de gauche. Pour le NewStatesman, le pays ne va pas tarder à réagir contre ces mesures qu’il juge inéquitables. "Les Britanniques ne font plus la grève, et ils ne descendent certainement plus dans la rue comme ailleurs en Europe", explique l’hebdomadaire de gauche. "Mais cela ne va-t-il pas changer ? Le pays est divisé. La hache est tombée. Le massacre a commencé".
 
 
Rendez-vous dans quelques mois ? Wait and see...
 
Les Anglais sont-ils bien trop mous ?"Comment en sommes-nous arrivés à un tel niveau de docilité et de servitude ?" "John Monks, le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats, a incontestablement raison lorsqu’il souligne que les gouvernements européens doivent écouter leurs travailleurs autant que les marchés, et que le tournant de l’austérité risque de faire basculer une reprise fragile dans la récession ou la stagnation. C’est ce qui se profile d’ailleurs en Espagne, où les économistes prévoient un taux de croissance de 0,5 % alors qu’a été adopté un budget qui divise quasiment par deux le déficit sur deux ans. Le plus gros problème de l’économie européenne n’est pas l’explosion des dépenses publiques, mais l’effondrement de la demande et des revenus. Les gouvernements qui imposent à leurs fonctionnaires de travailler plus longtemps et pour moins d’argent devraient d’abord faire en sorte que ces emplois existent._ Ceux qui soutiennent que ces grèves sont insignifiantes devraient aussi mesurer ce qu’il en coûtera de les ignorer..."


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Dernière mise à jour de cette page le 25/10/2010

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