Michèle Alliot-Marie : de Tarnac à Tabarka, une ministre hors-sol

Politis. Le 6 février 2011 par Claude-Marie Vadrot

 

 

Ce qui pose problème dans l’affaire Alliot-Marie faisant du stop avec un chef d’entreprise allié de la sphère Ben Ali, ce n’est pas seulement d’avoir, à deux reprises pendant la révolte, affrété (car c’est bien de cela qu’il s’agit) un avion privé et amical pour faire du tourisme ; ni d’avoir, à chacun de ses fréquents séjours, utilisé au moins à sept reprises au cours des dernières années, les moyens aériens du même homme d’affaire avant de passer des vacances ou des week-end dans des hôtels de luxe tunisien dont la plupart appartiennent à ses sociétés ou à celles du clan Trabelsi. « Un ami  » a-t-elle expliqué, ce dont nul ne doute. Car évidemment, la fable de l’avion présent par hasard à l’aéroport au moment où la ministre des Affaires Etrangères (pas à la Consommation ou au Grand Paris, mais symbole de la diplomatie ( ?) française), débarque sur un tarmac ne résiste pas à l’enquête. Pour un peu, la dame, son compagnon ministre, sa famille voudraient nous faire croire qu’elle n’a eu recours qu’à du covoiturage. Pour rejoindre un hôtel de luxe à Tabarka, hôtel du même standing que ceux dans lesquels elle fut invitée par les amis de Ben Ali au cours de ses séjours précédents.

Ce qui pose problème, donc, ce n’est pas une habitude ancienne de recours aux transports offerts par les copains et des coquins (comme disait qui ?) mais bien que, sincèrement, profondément, Madame Alliot-Marie ne voit vraiment pas, justement, où est le problème, pourquoi elle s’est trompée, pourquoi sa conduite est honteuse, pourquoi elle choque des millions de gens, pourquoi dans la plupart des pays, elle aurait été immédiatement virée. Cette attitude, y compris sa promesse acerbe de passer désormais ses vacances en Dordogne, promesse dans laquelle pointe le mépris pour cette Dordogne de son compagnon, est révélatrice de la déconnexion des ministres et responsables politiques de la majorité en place depuis 2002 : ils n’ont plus aucune notion de ce qui est acceptable et qui ne l’est pas, de ce qui est normal et de ce qui ne l’est pas. Propulsés dans la république Bling-Bling du Fouquet’s, des amis du CAC 40, dans la camarilla intellectuelle de luxe d’une chanteuse, de l’idéologie d’un président se prélassant (en stop ? Par hasard ?) sur le yacht de l’un de ses amis milliardaire quelques jours après son élection, ils ont les uns et les autres, perdu tout sens des réalités. Comme le Premier ministre qui mobilise un avion public pour relier la Sarthe à Paris tout en nous vantant l’usage des trains. Toute cette technostructure idéologique et politique vit dans un autre univers dans lequel ne se pose pas les questions d’argent et a perdu toute notion des valeurs et de l’honnêteté. Tout est affaire de milieu...

Ce n’est pas par hasard que Madame Alliot-Marie a fait ses études secondaires à Neuilly au Lycée La Folie Saint James, en compagnie de ses semblables ni qu’après des études à Assas où elle a produit une thèse intitulée « Les décisions politiques et les structures administrative  », elle a consacré depuis des lustres son existence à la vie politique alors qu’elle est la fille d’un autre homme politique (célèbre arbitre de Rugby) élevé au coeur du défunt RPR. Comme son compagnon et ministre Patrick Ollier qui a commencé sa carrière hors-sol des réalités au début des années 70 dans les cabinets ministériels. Alors que Madame fut, par exemple, comme directrice de cabinet, la Cruella d’une autre Cruella : Alice Saunier-Séité, ministre des universités en jupe et pantalons de cuir qui séduisirent un certain Giscard alors président à la fin des années 70. Ce qui n’empêcha pas, elle ne s’en vante plus, d’être la compagne politique de François Bayrou dans les Pyrénées Atlantiques. Dernier fait d’armes laissé en héritage à Brice Hortefeux, un connaisseur : avoir « inventé  » les « terroristes » de Tarnac. Ces gens de la majorité dite présidentielle vivent dans un autre monde et je me demande depuis combien de temps, Madame Alliot-Marie n’a plus pris le métro si par hasard elle sait encore comment ça marche. Les politiques de la majorité actuelle vivent dans un autre monde. Et comme ils n’éprouvent aucune culpabilité, le dernier colloque organisé au Sénat par le mi-parti politique de la dame, le Chêne, en janvier 2010 et rassembla toute l’élite des politiciens hors sol de la République du CAC 40, s’intitulait « Ethique, morale et gouvernance  ». Et ça vous fait rire ?

Le compagnon de la ministre, Patrick Ollier, à été l’un des parlementaires les plus efficaces pour modifier la loi Grenelle II dans un sens restrictif et pour gêner l’installation des éoliennes en France car il est très lié à ce lobby de défense des paysages.


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Dernière mise à jour de cette page le 01/04/2011

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