L’affaire Outreau a sonné le glas de l’indépendance de la magistrature , le pouvoir politique peut se vautrer dans sa victoire !
Qu’on ne se trompe pas : le rôle des magistrats qu’ils soient du siège ou du parquet n’est ni de plaire au public ni de faire allégeance au pouvoir politique en place mais de garder le temple : celui du respect de nos droits inscrits dans notre constitution et des lois dans l’intérêt général .
Par action ou par omission les magistrats en charge d’affaires hautement médiatisées n’ont -ils pas failli à ce devoir ?
Les faiblesses dont ils ont fait preuve ont été exploitées par le pouvoir en place pour mieux MUSELER la magistrature...
Ces faiblesses lui ont fait perdre le soutien et surtout le respect de l’opinion publique.
L’épilogue de l’affaire Outreau vient à point nommé pour la discréditer aux fins de mieux l’isoler pour l’affaiblir.
En effet cette affaire telle qu’elle a été instruite, la mise en accusation du seul magistrat instructeur du fait de ses manquements répétés, et la récente décision prise par le CSM ternissent de manière implacable l’image de la justice dans son ensemble.
Lire un excellent billet posté par Maître Gilles Devers cliquez ici
Magistrats vous avez récemment fait un mouvement pour expliquer vos difficultés, les pressions exercées sur vous par la chancellerie , vos manques de moyens humains et matériels qui vous empêchent de rendre une justice sereine , vous vous dressez contre la disparition du juge d’instruction... vous avez raison milles fois raisons.
Mais qui vous entend qui vous soutient ?
Ni les médias, ni le public et le pouvoir en place que certains d’entre vous n’a pas épargné ces dernières années applaudit car il a gagné : il est sur le point, par les changements structurels qu’il a prévus, de faire de vous ses serviteurs.
Personne ne bougera car l’opinion publique est contre vous.
Les grands perdants seront les justiciables et la démocratie car le pouvoir politique pourra ainsi mieux prendre la main sur vous et l’affaire Outreau est le prétexte rêvé pour justifier des réformes au sein de la magistrature qui sonnent le glas de votre indépendance vis à vis de l’exécutif.
Comment en sommes nous arrivés à cette situation ?
Par volonté politique ( que ce soit de gauche ou de droite) cette formation privilégie les têtes bien pleines ,les techniciens du droit
C’est l’éternelle discussion entre l’application rigide des textes qui peut amener à des injustices flagrantes à celle des baïonnettes intelligentes qui s’écartent de cette application rigide lorsqu’elle peut mener à une injustice.
Pour exercer cette profession le magistrat doit faire preuve non seulement d’une technicité irréprochable mais aussi d’une grande maturité personnelle. Quelle est la place faite à la psychologie dans les épreuves d’admission, la formation ou les stages ?
Il serait nécessaire pourtant de vérifier si ceux qui veulent embrasser cette profession ont bien les qualités humaines requises.
Il serait ensuite nécessaire que chaque futur magistrat apprenne à se connaître, à prendre conscience de ses limites pour mieux comprendre les situations auxquelles il va être affronté ce qui éviterait de cultiver l’arrogance du technicien et de privilégier l’humilité de praticien.
Je ne sais plus dans quel livre j’ai lu cette phrase magnifique :
"La robe que vous portez est le symbole de votre impartialité mais elle ne peut pas vous protéger de vous même."
Qui fait la différence entre la magistrature du siège indépendante et inamovible qui rend la justice et tranche les litiges et le parquet qui représente la collectivité c’est à dire l’intérêt général ?
Quel beau nom que celui de Procureur qui vient du latin pro curare : "prendre soin de"
Les grandes affaires pénales mobilisent l’attention du public mais elles sont loin de représenter l’essentiel de l’activité des magistrats.
En droit tous les magistrats sont indépendants y compris les magistrats du parquet qui peuvent en toutes circonstances poursuivre une affaire lorsqu’ils ont été saisis au lieu de la classer sans suite.
Mais voilà on assiste au même phénomène que celui que nous observons dans la presse celui de l’auto censure...
Un coup de fil de la chancellerie qui conseille plus ou moins adroitement et discrétion d’enterrer telle ou telle affaire, tout jeune magistrat qui n’est pas soutenu par sa hiérarchie, et quelquefois incité par cette dernière à suivre le " conseil de la chancellerie" va vite comprendre où est son intérêt de carrière. ..
Bien plus il est devenu courant que les magistrats du parquet soumettent leur décision dans les affaires sensibles à l’avis de la chancellerie !
Il faut avoir une nature hors du commun pour résister aux chants des sirènes !
Ce sont ces petits ou grands abandons de certains magistrats qui ont donné l’image d’un parquet aux ordres de l’exécutif en place et de l’intouchabilité de ceux qui détiennent le pouvoir politique financier et économique.
Beaucoup d’affaires ont été dévoilées par les médias mais combien ont abouti à de réelles condamnations.
C’est jouer avec le temps et l’oubli .
Rien de plus redoutable que le pouvoir de l’inertie !
A cette lenteur viennent s’ajouter les débours multiples auxquels doivent faire face les justiciables notamment les honoraires et frais des avocats, avoués, huissiers qui bien souvent ne sont pas à la hauteur de leurs prestations (sauf les frais réglementés pour les huissiers).
L’aide juridictionnelle ne compense pas les différences entre les justiciables .
Il n’y a égalité à l’accès au droit qu’en théorie mais la pratique est bien différente !
Je ne prétend pas tout expliquer je donne mon modeste avis sur un fait majeur une fracture entre le monde de la justice et les Français.
Le pouvoir exécutif s’y est engouffré, le loup est dans la bergerie.
Poussez de hauts cris il est peut-être trop tard.