Suite 101. Le 18 Février 2011 par Francis Gruzelle
Attaquées de toute part par les pesticides, insecticides, etc, les abeilles pourraient disparaître aussi rapidement que les dinosaures.
Sur tous les continents, les abeilles domestiques meurent par milliards. Les causes sont multiples : pesticides, eaux polluées, maladies, nouveaux prédateurs, insecticides, absence de biodiversité florale, parasites, etc. L'Europe et la France n'échappent pas à ce dramatique phénomène, et des dizaines de milliers d'apiculteurs voient leurs ruches se vider en période de floraison. Les abeilles partent butiner et ne reviennent jamais à la ruche. A croire que Maya et ses soeurs se "cachent pour mourir".
Alors que s'ouvre le salon international de l'Agriculture à Paris, Porte de Versailles, où les officiels vont se bousculer avec de beaux discours, l'hécatombe massive des abeilles inquiète sérieusement les apiculteurs en Ardèche, dans la Drôme, en France, comme ailleurs. Les parasites et le déclin de la biodiversité sont montrés du doigt. Les insecticides, les pesticides, les OGM aussi !
Pour les responsables des apiculteurs, pour les scientifiques qui étudient l'abeille, "Les causes sont vraisemblablement multiples ! Des solutions sont à l'étude...." Et certains syndicats d'apiculteurs, à l'image de l'Abeille Ardéchoise et Drômoise, semblent déterminés à sauver les abeilles.
Beaucoup de structures régionales, comme la Fédération Apicole Rhône-Alpes (FARA), présidée par Eric Perret, multiplient les interventions auprès des pouvoirs publics, montent des dossiers sans bruit et sans publicité, apportant leur pierre pour sauver "le soldat Abeille". C’est aussi le cas de l’Abeille Ardéchoise et Drômoise, qui estime que "Les efforts régionaux ne sont pas suffisamment relayés par certaines structures nationales...."
Si des estimations mondiales font état de la disparition des deux tiers des abeilles recensées il y a cinquante ans, la planète abrite encore un certain nombre d'espèces. On en compte 20 000 dans le monde. 2 500 d'entre elles sont recensées en Europe, moins d'un millier en France.
Selon l'Union nationale de l'apiculture française, première structure nationale qui fédère près d'une centaine de syndicats départementaux, la consommation nationale de miel est stable, à 40 000 tonnes par an. La production, en revanche, est en baisse constante : 18 000 tonnes en 2010, contre 32 000 en 1995.
Les apiculteurs diminuent aussi. En 1994, la France comptait 84 215 apiculteurs, professionnels et familiaux, pour un total de 1 351 991 ruches. En 2004, ce nombre est tombé à 69 237 personnes pour 1 346 575 ruches. 1 762 de ces apiculteurs étaient professionnels (c'est-à-dire, selon les critères européens, propriétaires de plus de 150 ruches).
En Ardèche, dans la Drôme, dans la Loire, en Rhône-Alpes, en Alsace, dans les Hautes-Alpes, le Morbihan, le Jura... les abeilles disparaissent, laissant un désolant spectacle de ruches vides. Pas de cadavres, ou juste quelques petits corps secs prostrés en grappe... « On compte environ 30 % de pertes chez les apiculteurs professionnels », estime-t-on au Centre national du développement apicole (CNDA), qui n'a pas encore publié de statistiques officielles. « 2010 est une année dramatique », confirme le président de l'Abeille Ardéchoise et Drômoise « Il y a beaucoup de causes ; nous ne trouvons pas ce qui cloche ni comment faire face ».
En Ardèche, les pertes de colonies avoisient souvent 50 à 60 % du cheptel.
Selon Bernard Vaissière, chargé de recherche au laboratoire Abeille et environnement de l'Institut national de la recherche agronomique d'Avignon, l'hécatombe, année après année, s'explique par « la disparition des habitats et de la nourriture, le développement de maladies et des prédateurs, et l'utilisation de produits phytosanitaires ». Certes, le rôle des pesticides, sujet à polémique depuis des années, demeure central dans la surmortalité actuelle. Mais ces produits ne sont pas les seuls en cause...
Dans le box des accusés figurent ainsi plusieurs parasites. Il y a la loque, spécialiste en pourrissement de tube digestif, ou encore l'acariose des trachées, qui porte bien son nom. Mais surtout Varroa, l'acarien blafard suceur de sang, et Nosema, le champignon tueur. Ces deux-là font la paire : la butineuse, épuisée dans un premier temps par le petit vampire, ne résiste pas, ensuite, aux assauts de Nosema, dont la dernière version, dite ceranae, est active toute l'année.
C'est à lui qu'est imputée une part du massacre des ruches de l'est du pays depuis 1982, année noire pour les apiculteurs Alsaciens. Ces pathogènes ont profité du commerce des abeilles, notamment en provenance d'Asie, pour s'introduire en France ces dernières années.
Comme un malheur n'arrive jamais seul, même si les petits parasites suffisaient à détruire les colonies d'abeilles, un redoutable prédateur a débarqué en douce en Aquitaine en 2003. Caché dans des poteries chinoises, le frelon asiatique est considéré comme le "Terminator des abeilles" (lire Suite 101 du 17 janvier 2011). Il terrorise les abeilles en claquant des mandibules à l'entrée des ruches. Parti du Sud-Ouest, il remonte à présent vers le nord, le long des cours d'eau, et a atteind Rhône-Aalpes.
Prédateurs et virus trouvent en l'abeille une cible de choix. « On suppose que l'effet d'un pathogène est plus grand quand celle-ci est mal nourrie et stressée », précise Axel Decourtye, écotoxicologue spécialiste des abeilles. Naturellement sensibles aux agressions toxiques, les butineuses, domestiques ou sauvages, souffrent d'un habitat dégradé. L'essor des monocultures a peu à peu limité leur choix de pollens. Tant et si bien qu'elles vont désormais faire leurs « courses » en ville, plus riche de diversité florale. Paradoxalement, ni les gaz d'échappement ni la frénésie urbaine ne les rebutent. Les miels urbains connaissent d'ailleurs un beau succès commercial.
Les abeilles sont capables de résister séparément à une maladie, ou à un parasite, ou encore à une intoxication par insecticide. Mais quand tous ces facteurs se conjuguent en même temps, il arrive un moment où la=es limites de résistance des abeilles sont atteintes. Et les colonies s'effondrent, sans que l'apiculteur puisse aider et sauver ses abeilles.
Si l'hécatombe actuelle se poursuit, d'ici 20 ans, toutes les abeilles pourraient avoir disparu dela planète. Comme les dinosaures à une époque beaucoup plus reculée !
Dans l'attente de la solution miracle, les apiculteurs s'adaptent. Certains cessent de produire du miel, et louent leurs ruchers pour la pollinisation.
Moins d'abeilles signifie moins de pollinisation en campagne... Ouvrière indispensable à la reproduction des végétaux, Apis mellifera (l'abeille mellifère) a besoin de pollen pour élever ses larves. Elle tient au creux de ses pattes une bonne part de notre régime alimentaire. D'où une crainte grandissante pour les fleurs, mais aussi les légumes et les fruits.
"Les quelque 20 000 espèces d'abeilles recensées dans le monde contribuent à la survie et à l'évolution de plus de 80 % des espèces végétales, explique le président de l'Abeille Ardéchoise et Drômoise. Plus directement, 35 % des calories que nous absorbons chaque jour proviennent de leur travail. Adieu, framboises, mirabelles, melons, fraises, amandes, kiwis ? L'heure est déjà aux solutions alternatives. Sauf que l'homme peine à faire l'abeille (des enfants pollinnisent les pêchers à la plusme d'oie dans des régions de Chine où l'abeille a totalement disparu) et que la pollinisation ne s'improvise pas..."
Des responsables d'un syndicat apicole révèlent : "Des solutions, rarement heureuses, souvent coûteuses, ont été imaginées. Sur les hauts plateaux du Sichuan, les paysans chinois pollinisent les poiriers à la main, armés de plumes de poulet. Aux Etats-Unis, c'est par hélicoptère... Ni les bourdons ni les mouches, un temps considérés comme pollinisateurs de secours, n'ont la polyvalence et l'agilité de leurs cousines en jaune et noir. Dans l'attente de la solution miracle, les apiculteurs s'adaptent. Aux Etats-Unis, certains cessent de produire du miel, et louent leurs ruchers pour la pollinisation. Ils sillonnent ainsi le pays en proposant leurs services. Un business juteux, estimé à 15 milliards de dollars par an. Ce travail nomade, très contraignant, est encore peu développé en France, où plus de 15 000 apiculteurs ont cessé leur activité entre 1994 et 2004."
Dans les plus grands états, comme la Chine ou les Etats-Unis, la lutte contre les parasites passe par de sévères cocktails d'antibiotiques, dont l'usage est interdit en France. Mais, au dire d'experts et de professionnels, "certains apiculteurs les utilisent illégalement. Pour éviter ces dérives, les centres de recherche, appuyés par des aides européennes, tentent donc de percer les mystères du déclin. Mais là aussi, entre les pesticides et les virus, les objectifs font débat..."
« La moitié des fonds européens est destinée à la recherche sur le phytosanitaire, déplore Philippe Lecompte, président du réseau Biodiversité pour les abeilles, les parasites sont les grands oubliés. On se trompe de combat ! »
En attendant, le scénario d'un monde sans abeilles est de moins en moins incongru. Les apiculteurs britanniques l'ont déjà prédit (sur leur île)... pour 2018. Ce qui semblait de la science-fiction voici vingt ans devient une réalité terrible pour demain ! Un catastrophisme à peine exagéré, mais qui traduit l'urgence d'une réponse adaptée.
Les laboratoires de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) ont décelé des résidus de clothianidine sur les cadavres d'abeilles d'un rucher du Bas-Rhin, situé à 1 kilomètre de la frontière allemande. Ils y ont décelé la clothianidine. C' est la molécule de base de l'insecticide Poncho, interdit de vente en France mais utilisé dans les champs de maïs allemands.
« Il s'agit vraisemblablement d'un passage de poussières du côté français. Sûrement à cause d'un enrobage défectueux des semences », estime Jean-Paul Faucon, chef de l'unité pathologie de l'abeille de l'Afssa, joint par téléphone. "La teneur de clothianidine observée correspondrait à la dose maximale retrouvée dans certaines ruches en Allemagne, un pays où le Poncho a déjà été accusé de nuire aux abeilles. Les laboratoires de l'Afssa ont pu faire cette découverte grâce à une nouvelle méthode d'analyse toxicologique mise au point au printemps."
Selon Jean-Paul Faucon, des expertises sont également en cours sur des cadavres d'abeilles suspectés de contenir des traces de thiaméthoxam, la matière active du pesticide Cruiser, fabriqué par Syngenta et utilisé en France sur certaines parcelles.
L'hécatombe des abeilles inquiète sérieusement les apiculteurs en France, comme ailleurs. Les parasites et le déclin de la biodiversité sont montrés du doigt. Des solutions sont à l'étude. Il reste une question sans réponse : pourquoi les décideurs de l'Etat Français ne prennent aucune mesure radicale pour sauver l'Abeille ? Maya et ses soeurs méritent beaucoup plus d'attention et de considération !
1. Godilhaire - Le 22/02/2011 à 14:54
La desaparicion de la biodiversitat a debutat en Occitània per la potencialitat de la populacion de saber quinas son las espècias qu'an desaparegut primièr, e donc la primièra ataca es estada sobre la lenga, la lenga que fabrica la semantica de descripcion d'aquestas biodiversitat en Occitània ; en Occitània, la primièra ataca contra la biodiversitat es l'ataca contra la diversitat de la semantica occitana (tota la lenga).