Des géologues américains ont découvert en Afghanistan de gigantesques réserves de minerais, dont du cuivre et du lithium, évaluées à plusieurs milliards de dollars, révèle lundi 14 juin le New York Times.
Fer, cuivre, cobalt, or et même lithium ont ainsi été découverts... Selon les hauts fonctionnaires américains la découverte de ces gisements inexploités, bien plus importants que les réserves déjà connues, pourraient modifier fondamentalement l'économie afghane et peut-être la guerre en Afghanistan.
En effet, le lithium par exemple est l'un des composants essentiels dans la fabrication de batteries pour ordinateurs portables et Blackberry. L'Afghanistan pourrait ainsi devenir l'un des centres miniers les plus importants dans le monde. C'est en tout cas ce que croient les fonctionnaires américains : une note interne émanant du Pentagone indique que l'Afghanistan pourrait devenir "l'Arabie saoudite du lithium".
"Un potentiel extrêmement important"
Cette découverte est si importante, que les fonctionnaires et les industriels pensent pouvoir attirer de nombreux et importants capitaux, avant même que la filière ne devienne rentable et malgré le fait qu'il faudrait probablement plusieurs années pour développer l'industrie minière.
"Il y a beaucoup de si, bien sûr, mais je pense que le potentiel est extrêmement important ", a expliqué le général David H. Petraeus, commandant du Commandement central américain, cité par le NYT.
Ce nouveau secteur permettrait également de créer des emplois, dans une région minée par le chômage, une bonne solution pour détourner les populations locales du terrorisme et des guérillas selon le journal américain.
La valeur des dépôts de minerais nouvellement découverts dépasserait ainsi la taille de l'économie afghane actuelle, minée par l'économie parallèle provenant de la production d'opium et le trafic de narcotiques, et basée aujourd'hui essentiellement sur l'aide des États-Unis et des autres pays industrialisés. Le produit intérieur brut de l'Afghanistan serait ainsi de seulement 12 milliards de dollars environ.
"Cela va devenir l'épine dorsale de l'économie afghane", a confirmé Jalil Jumriany, un conseiller du ministre afghan des mines.
Epine dorsale à double tranchant
Une découverte essentielle selon les responsables américains, à un moment où la guerre en Afghanistan s'enlise, et où le gouvernement de Karzaï remet de plus en plus en cause la gestion américaine du conflit. Cependant, ils reconnaissent qu'elle peut être à "double-tranchant" .
La convoitise des mines pourrait en effet motiver les Talibans à reprendre le contrôle du pays, et la paix espérée laisserait place à des combats redoublant d'intensité.
La corruption qui gangrène déjà le gouvernement pourrait aussi être amplifiée par l'appât du gain, fragilisant encore un peu plus le pays, et éloignant encore l'idée de paix. L'année dernière déjà le ministre afghan des mines avait été accusé par les autorités américaines d'avoir accepté un pot de vin de 30 millions de dollars de la Chine, qui voulait développer sa mine de cuivre. Le ministre a d'ailleurs depuis été remplacé.
De nombreuses tensions pourraient également éclater entre le gouvernement et les chefs tribaux des régions concernées, note également le journal.
Des cartes cachées
Selon le New York Times, le gisement aurait été découvert par une petite équipe de responsables du Pentagone et de géologues américains, en s'appuyant sur les cartes et les données collectées par les experts miniers soviétiques, durant l'occupation par l'URSS de ce pays durant les années 1980.
Les géologues afghans avaient en effet caché chez eux les documents pour les mettre à l'abri après le retrait de l'URSS, avant de les ressortir en 2001 après la chute des talibans.
"On avait les cartes, mais il n'y pas eu de suite, parce qu'on a eu 30 à 35 ans de guerre", a déclaré Ahmad Hujabre, un ingénieur afghan qui travaillait au ministère des Mines dans les années 1970.
Selon le journal, le président Hamid Karzai a été récemment informé de ces découvertes par un responsable américain.