Libération. 22 février 2011 par Quentin Girard
Nouri el-Mismari, ancien chef du protocole libyen et proche de Kadhafi, témoigne pour Libé.fr des massacres en cours à Tripoli. En France pour «des raisons de santé», il a démissionné lundi 21 février de toutes fonctions.
Nouri el-Mismari a été pendant trente ans proche de Kadhafi, jusqu’à être son chef de protocole, l’un des postes les plus élevés du régime libyen. En novembre dernier, il est arrivé en France, officiellement pour des «raisons de santé». Mais à la demande des autorités libyennes, il a été brièvement incarcéré début décembre, car soupçonné de détournement de fonds.
L’affaire n’est pas très claire. Dans un entretien avec Le Figaro, ses filles affirmaient notamment qu’il avait vraiment des problèmes de santé. Elles ont expliqué qu'il souhaitait rentrer en Libye. La justice française l’a ainsi libéré mi-décembre.
Finalement, comme de nombreux diplomates depuis dimanche, il a annoncé lundi dans la journée qu’il démissionnait de toutes ses fonctions - ce qu’il n’avait toujours pas fait - jugeant «qu’il se passe un génocide de masse». Il estime que le fait de parler peut mettre en danger «sa famille là-bas. Ils peuvent se venger contre ma famille, mais à la fin ma famille n’est pas mieux que les Libyens qui sont morts pour la liberté. Ils vont être eux-aussi dans la liste des martyrs.»
Dans l’interview qu’il a accepté d’accorder à Libération.fr, il explique qu’il y a «un massacre à chaque heure, chaque moment, et que dans tous les coins, vous trouvez des combats. Et ils sont en train avec l’armée de l’air de bombarder des quartiers à l’aveugle». Selon lui, il y a déjà plusieurs centaines de morts, bien plus que 400, le dernier bilan des organisations humanitaires.
En contact avec la Libye aussi souvent que possible via un téléphone satellitaire, il raconte que, pour le moment, Tripoli est toujours contrôlé par les forces de l’ordre et qu’il y a des mercenaires africains sur place. Mais qu’«avec la force et la lutte du peuple, le régime de Kadhafi va tomber».
«Evidemment», il veut revenir en Libye «libre», et qu’il ne voudra plus jamais travailler pour Kadhafi qui est allé «trop loin».
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