Les Nouvelles News. Le 15 Juin 2011 par Arnaud Bihel (publié par Marie)
« La messe est dite » : pour le président de Paysages de France, le décret sur l'affichage publicitaire, sur le point d'être publié, signe « un échec flagrant en matière de protection de l'environnement ». L'association appelle désormais les maires à s'opposer à l'envahissement des panneaux.
Le 1er juin, des associations opposées à la pollution publicitaire (1) manifestaient devant le ministère de l'Ecologie. Elles dénoncent la teneur du projet de décret censé établir de nouvelles règles pour l'affichage publicitaire - un des volets du Grenelle de l'environnement - qui sera publié prochainement. Malgré une consultation publique, menée à la va-vite en mars, les associations estiment que leur voix n'a pas été écoutée : le décret a fait les frais du lobbying des afficheurs, le groupe JCDecaux en tête. Ce même 1er juin, le Canard Enchaîné publiait ces propos d'une source au ministère : « Les gens de Decaux ont littéralement tenu le stylo pour écrire le décret. Dès qu’un truc ne leur plaisait pas, ils le faisait réécrire ». Depuis cette manifestation, le président de Paysages de France a eu sous les yeux une nouvelle version du projet de décret. Son verdict est sans appel : « Rien n'a changé. »
Pour aller plus loin :
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Gouvernement responsable
L'autorisation des panneaux publicitaires de grande taille, « les racines les plus évidentes du mal », selon l'association, reste entérinée. Des bâches géantes pourront couvrir des bâtiments. Et le format standard 4x3 (soit 12m2) reste de mise, quand les associations bataillaient pour limiter la taille des panneaux sur pied à 2m2.
« Depuis 2009, nous avons beaucoup participé au processus au travers de nombreuses réunions, fait des propositions... Maintenant la messe est dite », estime Pierre-Jean Delahousse. « Le processus aboutit à l'inverse de ce qui était fixé initialement. Il faut laisser au gouvernement la responsabilité d'un échec absolument flagrant en matière de protection de l'environnement. »
« Gêne manifeste » chez la ministre
Pour le président de Paysages de France, la consultation était « totalement caricaturale ». Il dénonce également le manque de dialogue avec le ministère. « Nous n'avons eu comme interlocuteurs que des personnes qui dépendent d'autres personnes et ne peuvent prendre aucune décision politique.
Depuis novembre 2010 nous demandons à la ministre de nous recevoir, en vain. Nous n'avons même pas eu de réponse écrite : c'est du jamais vu. »
Nathalie Kosciusko-Morizet, responsable ? Pierre-Jean Delahousse voit plutôt chez la ministre de l'Ecologie « une gêne manifeste. Car elle était partie tambour battant, en disant 'on va voir ce qu'on va voir'. Elle avait même organisé une sortie spectaculaire avec des journalistes pour leur montrer les horreurs de la prolifération des panneaux... et au bout du compte, c'est pire qu'avant. »
Les maires à la rescousse
Si « la messe est dite » pour ce qui concerne le décret, Paysages de France n'a pas fini de s'attaquer à la pollution des panneaux publicitaires. « S'il y a un changement de majorité l'an prochain, on verra dans quelle mesure on peut en profiter », lance son président, tandis que l'association vient de lancer un appel aux maires de France. Depuis 1979, les maires ont le pouvoir d'adapter la réglementation générale dans leur propre commune, et par exemple de limiter à 2m2 la surface des panneaux au sol, comme la ville de Paris vient de le décider. Pour Pierre-Jean Delahousse, « si le gouvernement est au dessous de tout, on peut espérer que certains maires seront à la hauteur ».
Dans le « combat sur tous les fronts » de l'association, il y a aussi la lutte judiciaire au quotidien, pour faire démonter les panneaux publicitaires installés dans l'illégalité. Une tâche à elle seule titanesque : « Il existe encore des milliers, des dizaines des milliers de panneaux en infraction en France ».
Image : RN20 (Essonne), photo Paysages de France
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