Au plus fort de la crise financière, les pays du G8 ont consenti à élargir le cercle des gouvernements invités à la table des grands de ce monde. Avec les 12 heureux nouveaux élus, ils ont formé le G20. Objectif : remédier aux conséquences de la crise financière et agir pour en éviter de prochaines. Incapables de faire face aux enjeux, ils ont ensuite tenté de mondialiser l’austérité. Après cinq réunions pour rien, à Washington, Londres, Pittsburgh, Toronto, Séoul, une sixième réunion du G20 se profile à Cannes les 3 et 4 novembre 2011. Sans pour autant que le G8 ait disparu : cette institution du siècle passé se réunit lui les 26 et 27 mai prochains... à Deauville. Et ce n’est pas du cinéma.
Ce G8, Nicolas Sarkozy le voulait coûte que coûte. Peut-être parce qu’il a du mal à trouver sa place sur la photo du G20. À 8, c’est plus facile ! Et tellement gratifiant. Taper dans le dos d’Obama, faire la bise à Angela Merkel. Les photos feront le tour du monde. Au détriment des dossiers de l’agenda officiel du G8 : internet et croissance verte, paix et sécurité, partenariat avec l’Afrique et grands enjeux planétaires... Ce n’est pas rien.
Des réunions inefficaces et illégitimes
Au G8, l’impression doit être donnée d’une simple discussion amicale de concertation. Sans que personne ne soit dupe. Pablo Solon, ambassadeur de la Bolivie à l’ONU, dénonce une véritable « séquestration de la démocratie ». « Illégitimes » pour Naomi Klein, journaliste : « les G8 et G20 n’ont pas été créés par des processus démocratiques ». Passer de « 8 à 20 voleurs, ça ne s’appelle pas la démocratie », souligne Vinod Raina, militant altermondialiste indien.
Les G8-G20 face aux crises financières
Que ce soit à 8 ou à 20, Naomi Klein considère que les pays les plus puissants de la planète profitent de « ces clubs de riches » pour « faire adopter des mesures d’austérité et obtenir que le coût de la crise économique soit assumé par les personnes les plus vulnérables ». Au point « d’avoir remis en selle l’industrie financière », remarque Susan George, présidente d’honneur d’Attac. Avec G8 et G20, « ça peut changer... pour le pire », note Michael L. Guerrero.
Quand les G8–G20 décident de l’agriculture du monde
Incapables et sans volonté de réguler les marchés financiers mondiaux, G8 et G20 ont également la prétention de s’occuper des crises alimentaires et environnementales. Sans que les pays, et encore moins les peuples, les plus concernés ne soient présents. Pourtant, « ce sont les petits paysans et l’agriculture vivrière qui permettront de nourrir l’humanité », fait remarquer Hima Fatimatou de la Via Campesina. Et « leur maintien dans les campagnes est aussi une solution face aux dérèglements climatiques », souligne Nnimmo Bassey, de l’ONG internationale Les Amis de la Terre.
Se mobiliser pour que les peuples soient entendus
« Les gens en ont marre », clame Bagna Djibo, paysan du Niger. « Le monde ne peut plus être géré comme au 20e siècle. » Pablo Solon en appelle à des « référendums mondiaux », assurant que ce nouveau siècle doit être celui de la démocratie mondiale. Avant d’obtenir ou construire cette démocratie, Nnimmo Bassey appelle à « renverser » ces réunions. Ils sont nombreux à appeler les mouvements sociaux européens à se mobiliser contre les prochains G8 et G20, « pour que les peuples soient entendus ».
Maxime Combes
Ces vidéos ont été réalisées par Sophie Chapelle et Maxime Combes dans le cadre du projet Écho des Alternatives, à partir d’interviews menées à Dakar, lors du Forum Social Mondial (février 2011).
Site de la coordination française contre le G8 et le G20 : www.mobilisationsg8g20.org