En utilisant des simulations statistiques, le chercheur a établi 3 scénario. Ainsi un dealer sur la base d’un marché de 1,2 millions de consommateurs réguliers pouvait gagner 34 114 euros par an voire 74 432 sur un marché de 550 000 consommateurs réguliers. Mais bien évidemment, cette simulation ne dit rien des différences de revenus entre tous les échelons du trafic.
Pour cela, Ben Lakhdar a établit un scénario à trois échelons, « le plus robuste » selon lui. Sur la base d’un marché d’1,2 millions de consommateurs réguliers pour un CA total de 832 millions d’euros, un semi-grossiste empocherait 253 136 euros par an soit 15 fois plus que le Smic brut annuel et même 552 298 euros sur un marché de 550 000 consommateurs quotidiens. Pour autant, cette somme ne prend pas en compte les coûts de productions des locaux aux frais de personnel. En bas de l’échelle, avec 1,2 million de consommateurs réguliers, on est nettement moins bien lotis, le 2e échelon gagnerait 35 288 euros par an, et le vendeur final… 4573 euros. Nettement moins qu’un stagiaire. Ce ne sont donc pas les petits dealers des cités qui profitent le plus du trafic de cannabis.
Pour le chercheur, on peut donc « réaffirmer que le commerce de cannabis n’est que peu profitable au bas de l’échelle de distribution. Ce commerce ne commence à être lucratif qu’à partir du 2ème intermédiaire, quand les volumes annuels échangés sont supérieurs à la dizaine de kilos » (page 17). Le système mafieux autour du trafic de drogue engendre de la violence voire des morts pour les quartiers pauvres pas forcément des profits financiers. Il en va donc du trafic de cannabis comme de n’importe quel commerce : une majorité de petites mains précaires qui prennent tout sur eux et une petite minorité qui engrange les profits en toute quiétude. Les gros bonnets de la drogue sont de vrais capitalistes en herbe.