Le boycott interdit ?

Plume de presse. 22 novembre par Olivier Bonnet

Le Secrétaire général adjoint du Syndicat de la magistrature Benoist Hurel signe dans Libération une tribune titrée : Il est désormais interdit de boycotter : « On a les victoires qu’on peut : Michèle Alliot-Marie a, il y a quelques mois, par une simple circulaire, commis un attentat juridique d’une rare violence contre l’un des moyens les plus anciens et les plus efficaces de la contestation des Etats par les sociétés civiles, à savoir le boycott. Le 12 février, la Chancellerie a eu cette idée extraordinaire selon laquelle tout appel au boycott des produits d’un pays n’était qu’une «provocation publique à la discrimination envers une nation», punie d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. Le ministère demande aux procureurs de la République d’assurer une répression «ferme et cohérente» de ces agissements. (…) La notion de discrimination ne peut s’entendre que d’une différence de traitement n’obéissant à aucun but légitime. Une action collective qui viserait à ne pas consommer de produits d’une entreprise parce qu’elle licencie ou délocalise sa production, ou d’un Etat parce qu’il maltraite ses minorités ne peut être qualifiée de discriminatoire, sauf à ôter aux consommateurs leur seul pouvoir, celui de ne pas de consommer n’importe quoi et n’importe comment.

(…) L’instrumentalisation d’un texte qui visait à combattre le racisme, le nationalisme et le sexisme est inadmissible, surtout lorsqu’elle vise à faire taire l’engagement citoyen. La circulaire en question, qui a su convaincre au moins un tribunal, constitue donc, pour la société civile, une régression d’une ampleur peu commune. Cette provocation s’est pour l’instant heurtée à un mur de silence. La pénalisation de la contestation est toujours une mauvaise nouvelle pour la démocratie. L’absence de contestation de la pénalisation, lorsque celle-ci ne répond à aucun autre objectif que celui de museler les peuples, n’en est pas une meilleure. » Rappellons que nous soutenons la campagne Boycott désinvestissement sanctions (BDS) destinée à faire plier les autorités israéliennes pour qu’elles cessent de mépriser le droit international et d’opprimer le peuple palestinien. Ainsi, selon le procureur général de Paris, qui juge que « les faits de boycott ou de provocation au boycott peuvent s’analyser, selon les espèces, soit en une provocation à la discrimination, soit en une discrimination ayant pour effet d’entraver l’exercice d’une activité économique », avoir écrit la simple phrase ci-dessus fait de nous un délinquant. Nous persistons et signons.


Commentaires (3)

3. moonfleet - Le 05/12/2010 à 11:07

désolée, je m'explique mal ou pas suffisamment
je disais que "ca sent le brun"
car ce genre de loi est très très inquiétante
on muselle le peuple
si on interdit le boycott
il faut interdire la publicité du produit

2. moonfleet - Le 05/12/2010 à 11:04

bon, ben ça sans le brun....

1. Cath S. - Le 29/11/2010 à 23:42

En revanche, il est tout à fait bien vu et acceptable de mettre un pays à genoux en faisant voter par les Nations Unies des sanctions économiques à l'encontre d'un pays que l'on a l'intention d'envahir par la suite ; les Irakiens certifieront, j'en suis certaine, qu'ils n'ont pas le sentiment d'avoir été victimes de la moindre discrimination.
Sérieusement, je pense qu'un appel citoyen au boycott de telle ou telle entreprise, s'il s'appuie sur des raisons solides, explicites, s'inscrirait parfaitement dans le cadre démocratique.
Le capital est en train de se rendre inattaquable. Je n'ai pas voté pour ses chiens ou ses chiennes de garde.
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Dernière mise à jour de cette page le 29/11/2010

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