Altermonde Sans Frontières. Le 14 Septembre 2010 par Le Canard Enchaîné
C’était promis-juré. En 2012, 6 % des surfaces agricoles seraient consacrées au bio. Jean-Louis Borloo l’avait annoncé, la main sur le cœur, lors du Grenelle de l’Environnement. À en croire l’Agence bio, le bidule chargé par le gouvernement de faire mousser l’agriculture biologique, c’est bien parti.
Dans son dernier bilan, intitulé : « Les chiffres de la bio sont au vert », l’Agence claironne : « Jamais une aussi forte hausse du nombre d’exploitations bio n’a été enregistrée en France ». L’an dernier, 3 769 agriculteurs se sont convertis au bio, soit une hausse de 24 % On s’en réjouit… Sauf qu’aujourd’hui, selon l’aveu de l’Agence bio, nous n’en sommes qu’à 2, 46 % des surfaces cultivées, contre près de 9 % pour l’Italie, par exemple.
Pour atteindre l’objectif affiché, il faudrait d’ici 2012 plus que doubler le nombre de champs dédiés au bio, à raison de 250 000 hectares par an. Ce qui paraît d’autant plus difficile que l’État n’a plus d’oseille pour payer les « aides à la conversion », ce coup de pouce censé encourager les vocations… Comptez, pour les cinq premières années, 100 euros l’hectare par an pour les prairies et jusqu’à 600 euros pour les cultures maraîchères.
Car se mettre au bio n’est pas une sinécure. Non seulement, sans engrais ni pesticides, le paysan converti voit ses rendements chuter jusqu’à 50 %, mais en plus, il n’a pas le droit pendant les deux premières années de vendre ses produits sous l’étiquette « Agriculture biologique », le temps que ses champs chimiqués se refassent une santé. Prenez la Région Rhône-Alpes, pour financer les 10 000 nouveaux hectares de bio, il manquerait 2 millions d’euros dans l’enveloppe.
Selon la Fédération nationale de l’environnement, qui vient de tirer la sonnette d’alarme, « 15 à 25 % des demandes de conversion risquent de ne pas être subventionnées cette année, faute de budget disponible ». Borloo nous aurait raconté des salades ?
N° 4689 du 8 septembre 2010
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