Le Post. Le 19 Mai 2011 par Karine Lambin (publié par Marie)
Tom et Léa ont salué une décision "juste" © MaxPPP
Tom Laporte et Léa Léfèvre peuvent maintenant respirer. Leur avocate vient d'annoncer au Post que la cour d'appel de Toulouse a relaxé jeudi ce couple dont le seul tort était de vivre dans une yourte.
Retour sur leur histoire
Faute de trouver un logement, Tom et Léa avaient décidé en 2008 de s'installer dans une tente traditionnelle des nomades d'Asie centrale. Ils s'étaient établis sur un terrain en friche, situé à Arrout en Ariège et prêté pas un propriétaire toulousain. "Nous n'avions pas du tout l'intention de gruger la loi. Nous voulions nous installer, en toute simplicité. C'était notre choix. Une nécessité aussi : pour trouver un logement décent, ce n'était pas si simple, en Ariège. Nous avions vécu dans un gîte, mais nous avons été obligés de partir : en été, le loyer est monté à 500 € par semaine", expliquait Léa à La Dépêche en février.
Seulement, la Direction de l'Équipement a estimé que leur installation n'était pas légale car ils n'avaient pas de permis de construire. Le tribunal correctionnel de Foix les a condamnés en février 2010 à 200 euros d'amende assortis d'une obligation de démonter leur foyer. Une décision à laquelle ils se sont opposés. Ils ont fait appel et ont continué à vivre dans leur logement.
Des poursuites "anachroniques"
L'avocate de Tom et Léa, Me Caroline Mecary, s'insurgeait auprès du Post du "caractère anachronique de cette poursuite". Elle trouvait "déplacé" l'acharnement du procureur alors que la région manque de logement social. "C'est un couple de "jeunes (28 et 29 ans, ndlr) qui travaillent, il sont gentils et ne font de mal à personne. Ils ont fait un vrai choix écologique, celui de l'éco habitat ", ajoute-t-elle.
Le couple avait d'ailleurs reçu le soutien d'une partie des 60 habitants d'Arrout, petite commune en voie de désertification. "Ils ne me gênent pas", explique la maire de ce village au Post. "C'est sommaire. Ils ne sont pas reliés au réseau. Ils utilisent l'eau de la source. L'accès n'est pas facile. Mais ils sont heureux. Le propriétaire est d'ailleurs content qu'ils aient défriché leur terrain", poursuit Christiane Vigniau.
Flou juridique
Au bout de 18 mois de procédures, Tom et Léa estiment s'être "battus pour quelque chose". "C'est une victoire dont la portée peut être extrêmement grande", estime Caroline Mecary. En effet, Tom et Léa ne sont pas les seuls Français à avoir été poursuivis pour ce motif.
"Il y a une recrudescence des procès", note Paul Lacoste de l'association Halem (Habitants de Logements Éphémères ou Mobiles) qui espère que cette décision fera jurisprudence. Il ne comprend pas pourquoi on leur demandait un permis de construire : "C'est du délire, une yourte, ça se monte et ça se démonte." Et à ce sujet, la loi n'est pas claire. "Il y aurait tout un espace de réflexion à installer", selon lui. Il défend aussi ce mode de vie qui "répond à des problématiques diverses : écologiques, économiques et sociales".
Devenu un symbole, le combat de Tom et Léa a reçu le soutien de l'écologiste Noël Mamère, qui était venu témoigner en leur faveur au tribunal. "Il y a aujourd'hui beaucoup de gens dans la précarité avec la crise du logement, mais leur cas va plus loin : c'est le choix du mode de vie de deux jeunes installés dans une région désertifiée qui a besoin de repeuplement", avait déclaré le député maire de Bègles (Gironde).
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