la visite au grenier

 

 

 

Qu’il est bon quelquefois, de monter dans son grenier, de pousser la vieille porte grinçante, de soulever un nuage de poussière antique qui tourbillonne et brille de mille reflets dorés dans les rais de lumière fusant d’un fenestrou couvert de toiles d’araignées. On se promène à pas lents, laissant les yeux s’habituer progressivement à la pénombre. On aperçoit quelques vieux objets abandonnés dans un coin, jugés inutiles et encombrants, mais dont on ne serait se défaire, pour le cas où ils pourraient exceptionnellement resservir, mais surtout parce que, sans se l’avouer vraiment, la nostalgie occupe une place importante dans nos esprits. Puis on se penche vers un amoncellement de cartons scotchés, on en choisit un au hasard, et on l’ouvre pour en redécouvrir le contenu

 

 

Ainsi l’autre jour, je suis tombé sur une collection de petits livrets qui rappelleront de bons souvenirs aux anciens lycéens. Je veux parler des Annales du bac. Dans ces fascicules, étaient regroupées des séries de problèmes posés lors des épreuves des années précédentes, avec les corrigés et les commentaires d’éminents professeurs. Cela nous permettait, misérables potaches de terminale, de nous entraîner, afin de titiller l’espoir de décrocher le diplôme tant espéré, indispensable sésame qui nous ouvrirait grandes les portes de l’université, avec ses queues interminables pour les inscriptions, ses locaux délabrés, insalubres et truffés d’amiante, son resto U, où nous serait servi une nourriture de premier choix, reconstituante et appréciée de tous, ses sempiternelles grèves contre la réforme d’un ministre stupide et borné, ses assemblées générales, durant lesquelles les futurs ténors du parti socialiste, venaient fourbir leurs armes de tribuns et d’harangueurs de foules. 

 

ça me rappelle la fac!!

Sauf que les filles elles étaient plus bandantes que Martine...

 

 Voila donc à quoi servaient les Annales du bac, à ne pas confondre avec les Anales de Bach, Jean Sébastien (1685-1750) , génial musicien allemand, dont les œuvres de musique religieuse, vocale ou instrumentale, valent par la science de l’architecture, la richesse de l’inspiration, l’audace du langage harmonique, la haute spiritualité, comme en témoignent ses cantates, passions, messes, œuvres pour orgue, violoncelle, clavecin, dont le fameux clavecin bien tempéré,  ses concertos brandebourgeois et autres suites pour orchestre. Mais quel rapport avec les Anales, me direz vous ? Et bien, ce cher Jean Sébastien avait peut être de la feuille, mais il était myope comme une taupe, ce qui pouvait lui jouer des tours lorsque l’envie lui prenait de culbuter bobonne, et Dieu sait si l’envie lui prenait souvent, ne sachant jamais dans quel trou il avait planté son bistouquet, ce qui ne l’empêcha pas, malgré ses nombreuses errances nocturnes, de lui cloquer une sacrée tripotée de marmots, dont certains tâteront à leur tour de la muse, et deviendront de célèbres musiciens comme papa, le hasard faisant parfois bien les choses.

 

 

Laissant mon esprit dériver, poussé par la brise tiède et vivifiante du bon mot et du calembour facile, j’en arrive bientôt aux Navales du Bac. Les nostalgiques se souviendront sûrement de leurs tribulations pour rejoindre, au siècle dernier, la jolie petite île de Ré, au départ de la Rochelle. On embarquait sur un bac avec femmes, enfants, poulets, vaches et cochons, futur premier ministre et ratatiné du premier tour. Il fallait attendre de longues heures sous le dur soleil charentais, avant d’avoir le droit de garer son véhicule sur la barge poussive. Enfin on appareillait. La traversée était dangereuse mais ô combien grisante, tant l’attirance pour l’île mythique était grande. Maintenant il y a un pont, construit en une seule nuit et avec l’aide du diable, si l’on en croit les légendes colportées par de vieux autochtones édentés, anciens pêcheurs de moules et pilleurs d’épaves à leurs moments perdus. Bref, maintenant sur l’île de Ré, on se fait chier.

 

Sur l'île de Ré, maintenant on se fait chier...

 

Et bien me direz vous, quel rapport entre le Baccalauréat, Jean Sébastien Bach,e t l’île de Ré ? Aucun vous répondrai je, c’était juste pour le plaisir de laisser glisser la plume de mon nouveau stylo sur du papier bien lisse et de vous empéguer avec mes élucubrations.   Je vous plains de devoir me supporter ainsi. Mais j’en vois qui contestent, qui revendiquent et qui protestent : « De qui se moque-t-on !!  Il tape comme tout le monde sur un clavier d’ordinateur de ses doigts gourds et malhabiles, pour pondre ses torche balles bimensuels ! » Soit, je le concède. Le recopiage de mes modestes pamphlets se fait d’une manière moderne, mais le premier jet… Avez-vous pensé au premier jet ? Et bien sachez que je mets un point d’honneur à utiliser un stylo à plume. Quelquefois je trempe une sergent major dans l’encrier. Enfin, pour les grandes occasions, je sors de son étui un authentique Mont blanc, du même modèle que celui qui servit à Sarkozy à ratifier les accords commerciaux avec le Brésil, qu’il avait du reste piqué  à un diplomate de la délégation helvétique, lors de la signature d’un  préambule à l’organisation d’une conférence bilatérale pour mettre à l’ordre du jour les prémices d’une commission d’enquête à but purement consultatif, pour la mise en chantier d’un  colloque sur les effets comparés, induits par la levée progressive et non rédhibitoire du secret bancaire, car comme chacun sait, notre Président a un faible pour les jolis stylos, et nos amis Suisses ont quelques petits secrets qu’ils conservent jalousement, comme celui de la fabrication du chocolat et des mécanimes d'horlogerie et du fromage à pâte cuite.                                                                 

 

 Super! Le même stylo que le Lutin qui lutte!!! 

 

Pardon ? Toujours les mêmes, qui contestent, qui revendiquent et qui protestent !! Sarkozy n’a ratifié aucun accord avec le Brésil…Et la maison Dassault pourrait bien se retrouver avec ses avions Rafale, « bien profondément calés dans le fignarès !! ».  Oui je sais, j’aurais pu être beaucoup plus sobre et surtout plus correct, et écrire simplement « sur les bras. »

                                  

Allo Carlita? C'est dans la poche! Bien sûr le stylo, mais c'est pas tout...

J'ai réussi à lui fourguer 50 Rafales au  dindon! Dis au gros Serge de faire péter le champagne!! 

                          

 

     

Si tou crois qué yo vé té prendre tes avions pourris, tou peux to mettre lo stylo dans l'oeil... 

 

 

  Mais que voulez vous, ce nouveau stylo Mont blanc Meisterstück, à la plume en or 18 carats incrustée de platine, avec ce corps en résine précieuse, chargé de la plus raffinée des encres de chine, à l’odeur si prégnante et tant évocatrice, il m’inspire, il m’emporte vers les hautes sphères de la belle écriture et des phrases incontournables, qui telles des cariatides de marbre, deviendront les piliers immuables de la littérature, que des instituteurs liront plus tard, la voix tremblante et le regard humide, à des têtes blondes ou crépues, attentives et respectueuses.

 

Quoi d’autre ? Qui se permet de m’arracher à mes rêveries de Pléiade et de palmes académiques ? Encore vous !! Le Brésil ne veut pas non plus nous racheter notre surplus de doses de vaccins ! Et la Suisse suspend ses accords de collaboration sur la levée du secret bancaire et revendique par la même occasion la paternité du camembert et du beaujolais !  Ah les ingrats, profiteurs et opportunistes ! Si mon conseiller en placements de la banque HSBC ne me retenait pas, cela fait belle lurette que j’aurais arrêté de manger de la viande des Grisons au petit déjeuner, par simple mesure rétorsive !  Mais il est temps pour moi de vous laisser car on m’annonce qu’il ne neige plus sur Genève, et que l’aéroport est de nouveau ouvert. Je fais juste un petit saut, histoire de déposer quelques affaires pour des amis. Au retour c’est promis, je vous ramènerai de l’Appenzeller, de la Longeole, du Cenovis, des Röstis et du Birchermüesli, car on a beau dire, mais en Suisse, on sait vivre…  Demandez donc à Polanski si c’est pas vrai !

 

C'est sûr, il fait bon vivre en Suisse

 

Ce coup ci, je vous laisse et comme disent nos amis helvètes : 

« Adieu les Bobets, j’ai du chenis à réduire ! »

                                                                                         Gros Küs du Lutin.                

 


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Dernière mise à jour de cette page le 18/06/2010

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