La réapropriation argentine de l'outil de travail.
Le Lot en Action, 07 août 2009 par Bluboux
Les lecteurs du Lot en Action ont déjà entendu parler des occupations d'usines en Argentine.
Ce qui se passe actuellement en Argentine est globalement passé sous silence par tous les médias de masse occidentaux. Et pour cause...
Revenons sur l'histoire récente de ce pays. Le Fond Monétaire International et la Banque Mondiale ont prêté d'énormes sommes d'argent à l'Argentine, en demandant en échange que ce pays applique à la lettre les préceptes du néolibéralisme : privatisation des services publiques et dérèglement des marché. Jugée meilleur « élève » de la classe par le FMI et la Banque Mondiale, l'Argentine a alors connu une crise économique sans précédent dans son histoire en 2001. Une inflation galopante s'est installée, des fermetures d'usines et d'entreprises en masse, chômage, etc. De nombreux industriels et groupes financiers, après avoir orchestrés le pillage des biens communs des argentins, se sont enfuis, fermant des entreprises parce qu'elles devenaient moins rentables et présentaient des risques financiers trop importants.
D'importants mouvements sociaux ont alors eu lieu et les salariés ont essayé de se défendre en occupant leurs usines. Dans plus de 200 cas ces occupations ont conduit les salariés à reprendre l'activité de l'usine, sous forme de coopérative ouvrière. Non seulement ils ont réussi à maintenir l'outil de travail, mais également à reprendre l'activité et dans la plupart des cas à la développer !
Les anciens patrons sont alors revenus à la charge, ceux là même qui avaient disparus sans même payer leurs salariés, pour réclamer devant les tribunaux la propriété de leurs usines.
Les salariés, les ouvriers, les citoyens argentins ont alors fait preuve d'une solidarité hors du commun et sont descendus dans les rues pour défendre ces ouvriers.
Après huit années de combat, les choses ne sont pas encore rentrées dans l'ordre et nombre de ces coopératives ouvrière continuent de travailler (et de prospérer) dans l'illégalité.
Je vous propose de regarder trois documentaires qui relatent cette histoire depuis 2001. Il est intéressant de se pencher sur ces événements, qui dérangent tant les monde du libéralisme économique, puisque il apporte la preuve par l'exemple qu'une entreprise est aujourd'hui plus viable économiquement lorsqu'elle est conduite par ses salariés, qui partagent les galères (crise économique actuelle, baisse des salaires quand cela est nécessaire), mais qui partage également intégralement les bénéfices. Dans la plupart de ces exemples de réappropriation de l'outil de travail, non seulement les usines fonctionnent encore huit ans après, mais elles ont augmenté très sensiblement le nombre de leurs salariés.
Documentaires :
Usines à l'abandon, l'exemple argentin. Bakchichi Tv. Voir l'article et le doc
The Take : En Argentine, suite à la crise économique de 2001, des ouviers occupent les usines abandonnées par leur patron et tentent l'expérience de l'autogestion. Ce documentaire témoigne d'une de ces centaines de réappropriations d'entreprises qui ont eu lieu dans ce pays. De Naomi klein et Avi Lewis. 1h 27 mn Voir le Doc
Argentine : Les usines sans patron : un documentaire d'Arte Reportages, de Laurent Cibien, Alain Guillon et Claude Clorenne. Voir le doc
3. Le Na�f Le 10/08/2009 � 14:44
Depuis des décennies et jusqu�à une période très récente on nous citait systématiquement en exemples les pays néolibéraux qui « réussissent formidablement » GB, Irlande (le tigre Européen) l�Espagne, L�Islande. Occultant aussi systématiquement ou discréditant les modèles alternatifs, Vénézuéla, Pérou, Bolivie, Argentine etc.....une bande de ploucs populistes....
Il semble que l�heure de faire le bilan arrive, Quid des exemples : Faillite sur toute la ligne, au propre comme au figuré. Le summum étant atteint avec la GB obligée de nationaliser de toute urgence ses banques pour éviter (retarder) la banqueroute.
Faillite de l�Islande devant faire face à 100 milliards � de dettes !!! Espagne en pleine crise immobilière et Irlande en plein marasme économique.
Certes nous sommes à peine mieux loti mais ayant échappé de justesse au système de retraite par capitalisation de Balladur et aux subprimes à la française sauce Sarkozy, avec un taux d�épargne et une couverture sociale tout de même supérieure à celle des pays anglo-saxons il nous reste une petite marge de man�uvre pour changer de références et regarder plus attentivement les solutions non-néolibérales tentées ici et là.
Attendons donc que ce système à l�agonie finisse par mourir et à notre tour, nous pourrons sortir des sentiers balisés du libéralisme et expérimenter de nouvelles voies. De toutes les façons on ne peut rien reconstruire de sain sur des bases pourries.
Le problème c�est qu�il faut que la grande masse de la population comprenne ce qui se passe réellement et en tire les conséquences l�avenir dépend de nous, inutile d�attendre le messie style Obama. Si demain les banques baissent leurs grilles comme en Argentine, la prise de conscience sera brutale mais certainement salutaire.
L�année dernière on nous a dit qu�il était vital de sauver les banques sous peine de cataclysme, mais si comme certains le prédisent le système s�effondre une nouvelle fois, ce sera définitif car les sommes en jeu seront trop importantes pour « socialiser » les pertes.
On s�apercevra alors peut-être avec surprise que le système financier tel qu�il fonctionne, loin d�aider l�économie était un véritable parasite tuant dans l��uf toutes initiatives
2. Cathy 30 Le 10/08/2009 � 14:43
merci bluboux pour votre article.
Pour garder les emplois en France, c�est la seule chose à faire. Et non pas d�accepter la fermeture de l�usine pour quelques milliers d�euros. Notre seule chance, c�est de rester solidaire. Bravo aux argentins.
1. Gary Le 10/08/2009 � 14:42
Si j�ai le temps, je regarderai plus tard les documentaires mis en lien. A une époque où en Occident le sentiment dominant est la résignation, l�Amérique du Sud est un formidable laboratoire de modèles alternatifs. Le succès de ces usines ne m�étonne guère, les personnes ne profitent pas du moindre instant sans surveillance pour ne rien faire et il n�y a pas le coût élevé des garde-chiourmes de contremaîtres à payer pour la surveillance.
Il y a aussi probablement moins de phénomène de bureaucratisation et de novlangue managériale, deux fléaux du monde du travail actuel.
Je connaissais ce mouvement d�occupation, mais je n�avais pas de nouvelles récentes. Si les auteurs ont des sources qui indiquent dans quel sens penche la balance dans le rapport de force entre anciens patrons voyous et ouvriers, j�en serais très intéressé.
Merci pour l�article.
Derni�re mise � jour de cette rubrique le 07/08/2009