La politique forestière s’englue dans la production industrielle de bois

France Natue Environnement. Le 5 Octobre 2010 par FNE



Lundi 27 septembre, sur France-Info, le président de la Fédération Nationale du Bois (FNB), Laurent Denormandie, a déclaré que la multifonctionnalité en forêt était un obstacle à la production de bois. Dans la continuité de la campagne « Réinvestir la forêt », qui aurait touché 3 millions de personnes, en faveur d’une relance de la politique de plantation de résineux, il a jugé que les feuillus, comme le chêne ou le hêtre, n’avaient plus d’intérêt de production en France. Réaction de FNE.


Le « tout résineux » envers et contre tout et tous…

Pour François Lefèvre, pilote du Réseau Forêt de FNE « en se positionnant ainsi, la FNB se place à contre-courant total du consensus du Grenelle qui propose de produire plus de bois, tout en préservant mieux la biodiversité par une approche territoriale concertée pour une gestion multifonctionnelle des forêts. Or, certains n’entendent que le « produire plus « !»

Notre filière bois subit les marchés actuels au lieu d’adopter une démarche plus volontariste et dédaigne la ressource feuillue disponible en abondance. Quand nos hêtres de qualité ne sont pas exportés en Chine, ils ne trouvent plus d’acheteurs en France ! Pour François Lefèvre, « c’est à l’industrie de s’adapter à la forêt, et non l’inverse. Il faut s'affranchir d'un marché international normalisé pour les bois résineux, à commencer par le marché national.»

Planification de la perte de biodiversité : une position à contre-courant

La multifonctionnalité est la capacité pour une forêt de remplir plusieurs fonctions grâce à la biodiversité qu’elle accueille : production de bois, biodiversité, stockage de CO2, gestion écologique de la ressource en eau, attrait touristique et résidentiel des territoires, refuge sans pesticides pour de nombreuses espèces, complément de revenus (chasse, champignons, cueillette…). En réalité, le bois ne représente que 20% de la valeur économique d’une forêt.

Cette multifonctionnalité des forêts est inscrite dans le Code forestier français depuis 2001 et découle des engagements pris à la suite du sommet de la Terre à Rio (1992). Elle ne peut être balayée d’un revers de la main, d’une simple campagne médiatique stigmatisant les citoyens et les propriétaires forestiers qui empêcheraient toute récolte de bois !

François Lefèvre conclut « Pour FNE, cette campagne en faveur du « tout résineux » est l’aveu d’une impuissance et d’une incapacité à mobiliser plus de bois. C’est aussi une vision industrielle d’un « produire plus » qui rejette la diversité des rôles joués par la forêt. Elle fait reposer les risques d’investissement sur l’État et les propriétaires, sans pouvoir garantir à long terme les débouchés. C’est un marché de dupes. Cette campagne sonne le glas du « produire plus ». Elle marque la division entre forestiers et transformateurs et la rupture avec la société civile.»

Pour FNE, il faut donc que l’on s’en tienne aux engagements pris lors du Grenelle de l’environnement pour que la forêt puisse continuer à assurer tous les services qu’elle nous rend. Planter des arbres ne suffit pas pour faire une forêt ! Il faut envisager la production et la biodiversité comme les deux acteurs d’un tandem gagnant !


Commentaire (0)

Aucun commentaire

Ajouter un commentaire
Vous

Votre message

Champ de sécurité

Veuillez recopier les caractères de l'image :

Dernière mise à jour de cette page le 21/11/2010

Membre du réseau Infovox, je publie sur Agoravox, coZop, etc.