Sur Le Post, des représentants d'ONG décryptent comment Obama, Sarkozy et consorts manoeuvrent pour se donner le beau rôle.
Barack Obama à son arrivée au sommet de Copenhague vendredi
Depuis qu'on parle de Copenhague, on a l'impression que les médias font des yo-yos, alternant entre l'optimisme et la déprime la plus totale sur l'issue du sommet: depuis quelques jours, le tableau est de plus en plus noir mais surprise... depuis que les chefs d'Etat sont arrivés, on entend que
"des espoirs" renaissent...
Comment cela se fait-il?
Alors que ce vendredi midi, Obama et Sarkozy sont toujours réunis avec une trentaine d'autres chefs d'Etat - le résultat est attendu dans l'après-midi - nous avons posé des questions à deux membres d'ONG présents sur place:
Les négociations étaient-elles ficelées à l'avance en secret?
Jointe par Le Post, Karine Gavand, chargé de campagne Climat-énergie pour Greenpeace, explique que certains le pensent à Copenhague: "Une poignée de grands chefs d'Etat se seraient mis d'accord début novembre à Berlin, lors des commémorations de la chute du Mur: Sarkozy, Hillary Clinton, Merkel, Medevedev... Quand nous avons posé la question à Jean-Louis Borloo, ici à Copenhague, il n'a pas nié l'existence d'une telle réunion, mais a juré que l'accord qui y avait été scellé n'était pas du tout finalisé ni définitif."
Selon cette source, et
selon Yannick Jadot, d'Europe Ecologie, de projet d'accord contiendrait un engagement de 25% de réduction des gaz à effets de serre pour les pays industrialisés mais ce chiffre serait très affaibli par des "échappatoires" prévus dans le texte. Un exemple, cité par Greenpeace: la possibilité de récupérer à l'avenir des vieux “droits à polluer" non utilisés dans le protocole de Kyoto, qui avait vu trop grand notamment parce que les Etats-Unis n'ont finalement pas ratifié le texte).
Mais un autre représentant d'ONG à Copenhague joint par Le Post relativise la portée de rencontre de Berlin: "Je ne pense pas que ce deal était définitif, ou au moins que les pays réunis à Berlin n'ont pas dû réussir à convaincre toutes les autres parties avant Copenhague."
"J'ai l'impression qu'il y a quand même de l'enjeu dans les négociations en cours ce vendredi et que tout n'est pas joué d'avance. Ca peut être un échec complet comme produire un texte qui puisse ensuite servir de base à un accord contraignant. On verra cet après-midi si tout cela n'était qu'un show, une mise en scène politique."
Certains affirment pourtant que les membres des délégations à Copenhague ont parfois l'air de découvrir à la télé les déclarations de leur propres chefs d'Etat, y compris
Nicolas Sarkozy. "Il est normal que les chefs d'Etat négocient aussi en parallèle, car discuter à 192 pays, c'est très difficile", sourit ce responsable d'ONG.
Les chefs d'Etat ont-ils mis en scène leur arrivée? Pour Karine Gavand, de Greenpeace, cela ne fait pas de doute: ""On a l'impression que tout est mis en scène par les chefs d'Etat. On assiste à une espèce de storytelling: ils ont dramatisé les enjeux, insisté sur la difficulté de parvenir à un accord. Jusqu'à vouloir ces jours-ci nous faire croire qu'un accord était impossible. Mais cela est une stratégie: à s'attendre au pire, on n'est jamais déçu. Résultat: on peut nous vendre un accord à minima. Tout le monde va applaudir tellement tout le monde aura craint un échec."
Prochaine étape attendue vers 15 h ce vendredi, nous disent nos contacts. Si une “déclaration politique" est adoptée, elle sera ensuite reprise par les négociateurs pour les aspects juridiques et techniques...