L’Equateur à la croisée des chemins. Source : Attac

L’Equateur à la croisée des chemins
27 avril par Éric Toussaint

Lors des élections générales qui ont eu lieu le dimanche 26 avril, les Equatoriens ont donné un nouveau mandat de 4 ans à leur président Rafael 
Correa. Celui-ci obtient un peu plus de 55% des voix et devance de plus de 20 points Lucio Gutierrez, son principal adversaire, l’ancien président de 
droite renversé par une mobilisation populaire en 2005.
A la tête de ce qu’il appelle lui-même un « processus de révolution citoyenne », Rafael Correa a déjà gagné plusieurs suffrages importants. Elu 
président fin 2006, il a remporté en avril 2007, avec 82% de « Oui », le referendum sur la convocation d’élections générales afin de désigner les 
membres d’une assemblée constituante (à l’époque tout l’establishment et tous les medias étaient contre lui). En septembre 2007, les électeurs ont 
donné la majorité à l’Assemblée constituante aux candidats d’Alianza Pais, le nouveau mouvement politique de Rafael Correa, et aux partis de gauche 
qui soutenaient son projet. Le texte de la nouvelle Constitution a été approuvé par les « assembléistes » en juillet 2008 après 8 mois d’élaboration 
démocratique au cours de laquelle les élus de l’opposition ont eu tout le loisir de faire des propositions. Ce projet de Constitution élaboré avec une 
grande participation de la société civile a ensuite été soumis à un référendum le 28 septembre 2008. Il a été approuvé par plus de 60% des votants. 
Les élections du dimanche 26 avril confirment donc le soutien populaire dont bénéficie Rafael Correa et les partis qui lui sont alliés.

Selon les résultats provisoires, le mouvement Alianza Pais disposerait de 62 élus sur les 124 membres de la nouvelle assemblée nationale issue des 
élections de dimanche. Les autres partis de gauche qui pourraient s’allier à Correa obtiendraient ensemble une quinzaine d’élus (7 pour le MPD, 5 
pour les municipalistes et 4 pour Pachakutik).

La nouvelle Constitution garantit davantage de droits culturels, économiques et sociaux à la population. Elle a également instauré un mécanisme 
démocratique qui permet de révoquer à mi-mandat des élus à tous les niveaux, y compris le président de la République (c’est le cas également des 
Constitutions en vigueur au Venezuela depuis 1999 et en Bolivie depuis 2009).

Les changements politiques démocratiques en cours en Equateur sont systématiquement passés sous silence par les grands médias des pays les plus 
industrialisés. Au contraire, une campagne de dénigrement est méthodiquement orchestrée afin de présenter les chefs d’Etat de ces trois pays sous 
l’image repoussante de dirigeants populistes autoritaires.

Les expériences de ces trois pays andins, en termes d’adoption de nouvelles Constitutions, sont très riches. Elles devraient inspirer les peuples et les 
forces politiques des autres pays. Il suffit de comparer la situation en Europe avec l’absence de procédure démocratique en matière d’adoption du 
Traité constitutionnel. Bien sûr, les expériences en cours au Venezuela, de Bolivie et en Equateur sont aussi traversées par des contradictions et des 
limites importantes qu’il faut analyser.

Les mois qui viennent montreront si, en Equateur, le gouvernement sera capable de prendre des mesures pour affronter les effets de la crise 
internationale qui affecte fortement la population équatorienne.

Sur le front de la dette, depuis novembre 2008, l’Equateur a suspendu le remboursement d’une partie des emprunts réalisés par les gouvernements 
antérieurs sous la forme de bons (les « bonos global 2012 et 2030 »). Les autorités équatoriennes ont pris cette décision sur la base des résultats des 
travaux réalisés par la Commission d’audit intégrale de la dette publique[1]. Ces bons sont effectivement frappés de nullité vu les conditions dans 
lesquelles ils ont été émis. Le 20 avril 2009, le gouvernement a proposé aux détenteurs de ces bons d’accepter une réduction de valeur de 70%. Leur 
décision est attendue pour le 15 mai 2009. Personnellement comme la majorité de la commission, j’étais partisan de mettre fin purement et 
simplement au remboursement de ces bons de manière définitive et d’entamer des poursuites légales contre les responsables équatoriens et 
étrangers (essentiellement de grandes banques des Etats-Unis) pour les différents délits qu’ils avaient commis. Tout en annonçant que des poursuites 
légales seraient engagées, les autorités équatoriennes, dont c’était bien sûr leur droit le plus strict, ont choisi une voie plus modérée (à l’image de ce 
que l’Argentine a réalisé entre 2002 et 2005). L’avenir dira si cette voie permettra d’alléger durablement le poids du remboursement de la dette, mais 
rien n’est moins sûr.

Il n’en reste pas moins que, jusqu’ici, le gouvernement équatorien est le seul gouvernement au monde à avoir entrepris au cours des années 2000 un 
audit intégral de la dette publique avec une large participation publique. Le fait que d’autres gouvernements n’aient pas encore suivi cette voie a 
constitué un frein pour les autorités de Quito car elles ont craint d’être confrontées à un isolement international. Une nouvelle crise de la dette 
publique est en gestation comme conséquence de la crise internationale initiée dans les pays du Nord en 2007. Dans les mois et les années qui 
viennent, de nombreux pays vont rencontrer de grands problèmes de remboursement. C’est pourquoi il est important d’adopter une attitude ferme 
pour défendre le droit des peuples face aux diktats des créanciers.

http://www.cadtm.org/spip.php?article4346






 

 

Commentaire (0)
Aucun commentaire
Ajouter un commentaire
Vous

Votre message

Plus de smileys

champ de s�curit�

 



Derni�re mise � jour de cette rubrique le 29/04/2009