« L’Élysée et les journalistes : une affaire d’État » (SNJ)

Acrimed. Le 5 novembre 2010

 

 

Nous publions ci-dessous un communiqué du SNJ. (Acrimed)

Est-il exact que la DCRI (Direction centrale des renseignements intérieurs) est amenée à s’intéresser à tout journaliste qui « se livre à une enquête gênante » pour le Président de la République ou les siens, comme l’écrit le Canard Enchaîné dans son édition du 3 novembre 2010 ?

Est-il exact que c’est à la demande du procureur Courroye que des enquêteurs ont pu consulter les fadettes, factures téléphoniques détaillées, de deux journalistes du Monde travaillant sur l’affaire Woerth/Bettencourt, afin d’identifier leurs sources en violant délibérément la loi du 4 janvier 2010 sur la protection due à ces mêmes sources ?

Est-il exact que l’Elysée, courant juillet, aurait demandé à la DGPN, Direction générale de la Police nationale, de mettre fin aux fuites qui avaient abouti à la publication des informations en une du Monde des 18 et 19 juillet, en identifiant les sources des journalistes et violant ainsi cette même loi du 4 janvier ?

A ces trois questions cruciales, vient s’en ajouter une quatrième : qui est le donneur d’ordres alors que trois cambriolages ont été perpétrés, de façon concomitante, à l’encontre des journalistes travaillant sur les affaires Woerth/Bettencourt ?

Interrogé par l’AFP sur le premier point, l’Elysée a parlé d’accusation « totalement farfelue ». Cette réponse n’est pas suffisante pour écarter des soupçons de plus en plus nombreux. Elle ne peut convaincre une profession dont la première mission est d’informer les citoyens, responsabilité qui prime sur toute autre.

Le Syndicat National des Journalistes (SNJ), première organisation de la profession, appelle tous les journalistes à rechercher activement les réponses à ces questions. Il demande à la profession de témoigner tout son soutien aux confrères inquiétés.

Quant à lui, après avoir décidé de sa présence en justice aux côtés de ses confrères, il compte bien saisir le Conseil supérieur de la Magistrature dès que possible. Il demande publiquement à la Garde des Sceaux de donner des explications et au ministre de l’Intérieur de faire le point sur les enquêtes en cours sur les trois cambriolages.

Interrogé sur ces mêmes cambriolages, Nicolas Sarkozy répondait à Bruxelles, le 29 octobre dernier : « Je ne vois pas en quoi cela me concerne ». Or il s’agit bien de menaces contre la démocratie que, constitutionnellement, le Président de la République, a pourtant mission de défendre.

La France, déjà reléguée au 44e rang mondial dans le classement sur la liberté de la presse (RSF/2010), risque-t-elle de devenir la lanterne rouge dans ce domaine symbolique de l’état des libertés publiques dans un pays démocratique ?


Commentaires (3)

3. la mère Tapedur - Le 05/11/2010 à 21:54

Tiens, comme fait exprès, je viens juste de lire sur le site du LEA l'article: RSF épingle la France. Vous voyez bien que j'avais raison:
Qui détient la presse au pays des droits de l'homme? patrie de Voltaire, de Rousseau et d'Hugo?

2. la caboche - Le 05/11/2010 à 20:14

Le problème c'est que dans ce genre d'affaires les hommes politiques ne sont que les fusibles.
Car qui détient la presse et les médias en vérité? Les grands groupes ultra capitalistes, vendeurs d'armes de béton, de blé etc etc...
Les hommes politiques ne font que servir la soupe. Quand un journal commence à remuer un peu trop la marmite et décroche les gros morceaux de gras attachés au fond, que fait l'actionnaire principal du dit journal? Il coupe les vannes publicitaires...Et par la même menace directement la survie du journal...
C'est la raison pour laquelle la notion de liberté de la presse est somme toute très relative dans notre meilleur des mondes...
Il faut savoir aussi que quand les hommes politiques au pouvoir commencent à déplaire aux grands de ce monde, des campagnes de dénigrement fleurissent ci et là dans les pages des magazines que ces grands groupes détiennent... Histoire de mettre la pression sans doute?...

1. Michel Ménard de la frontière - Le 05/11/2010 à 12:08

Georges Burdeau écrivit: si l'on en juge par le souci qu'elle cause aux gouvernants, la liberté de la presse est une liberté fondamentale,et, un pouvoir qui ne rencontrerait pas de résistance serait un pouvoir irresponsable.Voila qui devrait faire réfléchir certains politiciens sauf s'ils préfèrent la "moutonnerie" d'une presse aux ordres et l'irresponsabilité.
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Dernière mise à jour de cette page le 05/11/2010

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