Le Lot en Action. 7 février 2011 par Bluboux
Dans le n°28 du Lot en Action (20 janvier 2011) nous avons publié un article sur la réappropriation de l'Eau. Pour faire court, en réaction à la plainte de Véolia contre les réalisateurs du film "Water makes money", nous suggérions qu'en tant que citoyens, nous nous posions la question de l'eau comme bien public. Vous avez été nombreux à nous contacter pour nous faire part de votre préoccupation sur ce sujet et nous avons pu constater que de nombreuses personnes agissent dans leur coin, individuellement ou collectivement, pour se battre contre la privatisation de la distribution de la flotte (au bénéfice de la SAUR dans notre département).
Vous trouverez ci-dessous cet article. Dans le numéro 29 (en vente dans les kiosques et sur ce site en ce moment), nous revenons sur ce sujet en ammorçant une analyse sur la gestion locale de l'eau. En tirant l'écheveau, la tache s'avère longue et essez globale, puisque dès que nous parlons d'eau potable, la problèmatique dépasse très vite celle de la distribution : approvisionnement, entretien et maillage des réseaux, sources d'approvisionnement, gestion des déchets (SYDED), agriculture...
Nous ouvrons donc un dossier. Un collectif informel est en marche et vous pouvez contacter la rédaction, qui vous tiendra informée.
Certains d’entre vous ont déjà vu le film « Water Makes Money », qui dénonce les méthodes et les malversations des multinationales de l’eau (Véolia, Suez et Bouygues via la SAUR). En mettant en place les fameux Partenariats Public-Privé (PPP), ces entreprises françaises sont devenues les leaders mondiaux, raflant tout sur leur passage. Après quelques années, les scandales éclatent au grand jour. Non seulement les prix de l’eau explosent, mais les réseaux ne sont plus entretenus ce qui oblige les opérateurs à traiter massivement la flotte avec des produits chimiques. Les multinationales de l’eau ont érigé la corruption au rang d’une méga-industrie qui officie très efficacement à tous les niveaux de décision et tout particulièrement au sein de la Commission Européenne.
La corruption est devenue une méga-industrie qui tente de préserver leurs intérêts. Ce film met tous ces éléments en exergue et explique surtout pourquoi de nombreuses villes, comme Paris ou Grenoble (affaire Carignon) ont mis à la porte ces bandits et réintègrent la distribution de l’eau dans le giron du service public. Devant cette menace très sérieuse, ces groupes commencent à vraiment s’inquiéter. Véolia vient de porter plainte contre les réalisateurs du film et ces derniers lancent un appel à soutien (1).
Lors de la projection du film à Gramat, nous vous avions rapporté la réaction, pour le moins stupéfiante, de deux conseillers municipaux, venus assister au film et au débat, qui « ignoraient » que la concession de l’exploitation de l’eau sur la commune de Gramat venait d’être reconduite pour 9 ans au profit de la SAUR !
Il est temps d’enfoncer le clou. Beaucoup d’élus ignorent toutes les dérives induites par ces concessions et la recherche du profit, ignorent que ces bandits nous empoisonnent et laissent les réseaux se dégrader, ignorent les surfacturations, ignorent enfin que d’autres solutions sont possibles. Dans le film, les réalisateurs mettent en avant l’exemple de la ville de Munich, qui après avoir « viré » Véolia avec pertes et fracas, a mis en place une vraie politique de la gestion de l’eau, protégeant toute les zones de captage en favorisant l’agriculture biologique, et après quelques années retrouve une eau non traitée et dont le prix a sérieusement baissé pour les consommateurs.
Certaines communes du Lot ont fait le choix de garder l’exploitation de l’eau, comme celle de Saint Clair par exemple, qui bénéficie d’une eau de qualité à un prix exceptionnellement bas, en comparaison de ce que payent les consommateurs de la commune voisine, celle de Gourdon…
Nombre d’élus sont conscients que l’eau devrait revenir dans le giron du domaine public, mais les difficultés à gérer le réseau et l’approvisionnement pèsent lourd dans leur décision de reconduire les concessions.
Dans l’esprit des territoires en transition, il est temps de réagir en tant que citoyens. La première étape est de se renseigner sur la date d’échéance de la concession qui lie votre commune à la SAUR, et si cette dernière approche, de vous informer des délais prévus au contrat pour dénoncer cette concession. Ensuite informez les élus : faites leur suivre le film, distribuez leur un dossier complet et organisez, sur votre commune, une réunion publique avec la projection du film suivie d’un débat.
Un autre axe de travail concerne le Conseil Général. Les élections cantonales approchent et la moitié des conseillers généraux du Lot vont venir solliciter vos voix. Interpellez-les ! Si de nombreuses communes sont hésitantes au regard des moyens à mettre en œuvre pour reprendre la gestion de l’eau, il est du rôle du Conseil Général de mettre à leur disposition les moyens techniques et financiers pour que cela devienne possible. Saisissez le Conseil général, par lettre ou par mail, questionnez vos Conseillers.
N’hésitez pas à nous faire part de vos actions, que nous pourrons relayer. Le Lot en Action, votre journal, est un formidable outil de communication et de liens. Utilisez-le ! Si nous ne pouvons être de tous les combats (les journées n’ont que 24 heurs !), nous pouvons grandement faciliter les mises en contact et travailler avec vous. Les tunisiens viennent de démontrer qu’il est possible d’agir efficacement, même contre des dictatures, qu’elles soient politiques, mafieuses ou financières. Commençons par reprendre en mains l’avenir de nos enfants. L’eau est un enjeu majeur et nous pouvons modifier la donne.
(1) Rendez vous sur le site du film Water Makes Money, vous y trouverez toutes les informations pour soutenir les réalisateurs dans leur combat et une mine d’information sur le sujet : www.watermakesmoney.com
Pour en savoir plus
1. nina - Le 28/02/2011 à 23:11