Rue Affre. Le 29 Mars 2011 par tgb
Dans la série "les bénéfices sont privés, les pertes sont publiques" la Tepco (Tokyo Electric Power) exploitante de la centrale nucléaire de Fukushima serait "menacée" (on apprécie le terme) de nationalisation. `
Nationalisation qui, si elle n’est pas à l’ordre du jour serait toutefois "une option possible" .
Ne reste plus qu’à traduire en langage commun 'l’option possible" : Après s’être gavée tout l’été de grasse rentabilité, la Tepco, toute ventrue de juteux profits refila le désastre écologico économico sanitaire plus rentable du tout, à l’état, une fois que la bise radioactive fut venue.
Quand le sage montre le joli panache inoffensif, l’idiot regarde le doigt d’Areva.
On connaît la chanson – Processus parfaitement identifié ou comment l’intérêt de quelques fils de pute à court terme prime joyeusement sur l’intérêt commun à long terme : réduction des coûts, sous-traitance, sécurité sacrifiée, investissements à minima pour un gavage scabreux d’actionnaires retraités et pas forcément du combustible (voir plateforme BP)
La version ordinaire du « après moi le déluge » du « ça durera bien autant que moi ».
C’est donc comme d’habitude le contribuable qui contribuant déjà, contribuera encore à contribuer toujours (voir subprimes) et à éponger et à serpiller et par Saint Geiger à s’irradier.
Monsieur Masataka Shimizu, 66 ans, PDG de la compagnie s’étant fait porter pâle, il pourra se refaire une convalescence à Miami au bord de la piscine de Mr Warren Anderson, ancien patron d’Union Carbide, propriétaire de l’usine chimique de Bhopal : 10.000 morts ; 555.000 malades ; 0 condamnation.
Shimizu peut mieux faire.
Pour résumer schématiquement l’heureux process du capitalisme libre et non faussé :
Le contribuable contribue à la construction du parc nucléaire.
Le contribuable un peu con rachète sous forme d’actions ce qu’il a déjà payé. (avouons que devenir propriétaire alors qu’on l’est déjà est un peu ballot)
Le contribuable ainsi que ses descendants contribuent à régler la facture de la catastrophe
Le contribuable paie les investissements de remise à niveau du nouveau parc super nucléaire
Le contribuable un peu con rachète sous formes d’actions ce qu’il a déjà payé 4 fois, lors de la nouvelle privatisation sous les acclamations du fonctionnaire Baverez continuant à se faire des couilles en uranium enrichi tout à dénoncer le-poids-exorbitant-de-la-fonction-publique-en-sa non-compétitivité-à cause-des-35 heures…
Si en ce sens, et selon Naomi Klein, le désastre est assez rentable, on peut cependant poser une question subsidiaire à Baverez et ses amis :
une apocalypse dans ton cul libéral est-elle compétitive ?
Notons d’ailleurs que pendant que la Tepco se goinfrait tranquillement d’atomiques profits en bidonnant les rapports, en noyautant les commissions de contrôle dans d’habituels conflits d’intérêts bien sentis (voir Servier) les agences de notation cautionnaient les copies frelatées (voir subprimes) avant de dégrader les notes une fois le désastre accompli (voir Grèce).
Ne se faire aucune illusion. Dans la guerre économique, la compétition mondiale, dans le tous contre tous et le chacun pour soi, il n’est aucune morale, aucune garantie, aucun garde fou possible.
La loi du profit pousse au crime.
Le crime profite à l’oligarchie.
L’oligarchie reste impunie.
Ne se faire aucune illusion non « la seule logique raisonnable ne peut pas être une croissance continue des exigences de sûreté» comme l’écrivait « raisonnablement » François Roussely, ancien patron d’EDF, proche de Proglio nouveau boss d’EDF et ancien patron de Véolia. De ceux qui firent de l’eau une marchandise.
Avant ou après Fukushima cette logique reste intangible. Car :
Il ne peut y avoir de capitalisme compatible avec l’écologie, ni de développement pseudo durable, ni d’économie pseudo verte, tant ces deux logiques sont absolument, essentiellement, fondamentalement antinomiques et incompatibles.
L’enjeu est simple et Hulot est con :
Soit l’on tue le capitalisme soit c’est lui qui nous tue.
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