Inf'OGM. Le 28 Janvier 2011 par Christophe Noisette
Un essai de 30 acres (un peu plus de 12 ha) de riz transgénique mené par le Centre de recherche « Krishi Vignan Kendra (KVK) » de l’Université des Sciences Agricoles [1] a été détruit par une trentaine de paysans membres du syndicat indien « Karnataka Rajya Raitha Sangha » (KRRS), le 18 novembre 2010 [2]. Seize militants ont été arrêtés par la police, une heure après avoir pénétré sur la parcelle, puis relâchés sous caution au bout de deux heures. L’organisation de défense de l’agriculture bio impliquée dans cette action, Sahaja Samrudha, a précisé à Inf’OGM qu’aucune poursuite judiciaire ni amende n’ont été requises à leur encontre.
Selon un fonctionnaire du KVK, la destruction concerne 75% de la culture. Les responsables de l’essai ont pris la décision de détruire le reste et d’annuler l’essai. Cet essai qui concernait une variété de Dupont de Nemours, avait été autorisé par le Comité d’Approbation du Génie Génétique (GEAC), le 29 septembre 2010 [3]. Ce riz transgénique utilise la technologie brevetée par Dupont intitulée « Seed Production Technology » (SPT) laquelle permet de produire des lignées pures femelles (donc à pollen mâle stérile). L’objectif est de produire des lignées hybrides non transgéniques à partir de lignées parentales pures, dont l’une est transgénique [4]. L’intérêt pour le semencier est économique : cette technologie doit permettre de produire des semences hybrides à moindre coût, car impliquant moins de travail dans les champs (notamment le travail d’écimage) [5].
Pour le porte-parole du KRRS, cet essai était illégal car « aucune information n’avait été donnée au panchayat local [ndlr : Il s’agit d’un gouvernement local, normalement conçu pour fonctionner au niveau des villages en Inde], ce qui est requis par les lois en vigueur ». Il ajoute : « Les agriculteurs de la région n’ont pas non plus été avertis de la mise en place de l’essai. [...] De plus l’accès à la parcelle d’essai n’était pas protégé. En l’absence de panneau précisant la nature de l’essai, des graines transgéniques auraient pu être volées, et ainsi se diffuser et contaminer les cultures de riz conventionnel”. Ceci dit, il est pas évident qu’avec un peu d’information et des panneaux, le KRRS aurait mieux accepté l’essai en champ. Le syndicat a en effet une position de principe contre les essais en champ. Les responsables de l’essai ont officiellement interdit à plusieurs agriculteurs possédant des terres à proximité de l’essai de cultiver du riz cette saison, mais « ils ne nous ont pas donné de raison », a déclaré N. Srinivas au journal The Hindu. L’Inde est un des centres d’origine du riz, avec près de 75 000 variétés et l’État du Karnataka est une des régions qui en a la plus grande diversité. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’État voisin du Kerala a interdit les essais en champs de riz sur son territoire.
En Inde, plusieurs autres essais en champ de plantes transgéniques ont déjà été détruits par des membres de syndicats agricoles. Le KRRS s’est illustré très tôt par ce genre d’action et par son opposition radicale à la mise en culture de plantes génétiquement modifiées.
[1] à Doddaballapur, près de Bengalore dans l’Etat du Karnataka
[2] http://www.hindu.com/2010/11/18/sto...
[3] http://www.moef.nic.in/divisions/cs...
[4] Information fournie dans le dossier du GEAC, cf. note supra
[5] http://www.prnewswire.com/news-rele...
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