La Dépêche. 2 septembre 2009 par Jean-Michel Fabre
Depuis 2003, les grands oiseaux à la carlingue blanche et rouge n'avaient pas traversé le ciel lotois. Hier après-midi, au-dessus de la forêt de la Braunhie, en plein cœur du Parc Régional des Causses du Quercy, les bombardiers d'eau sont venues en appui du combat que livraient au sol les soldats du feu.
Un violent incendie, le plus grand feu de l'été s'est déclaré vers 16 heures au lieu Clavel, sur la commune de Caniac-du-Causse. Le hameau est composé d'une poignée de fermes cernées par une végétation cuite par le soleil et la sécheresse. On a eu très peur à un moment donné lorsque les flammes poussées par un vent du Sud se sont dangereusement approchées d'une maison. Puis le souffle tourbillonnant a dirigé le brasier dans une autre direction.
Devant le risque de propagation et l'ampleur du front, « Clavel » est devenu en quelques heures un poste de commandement avancé pour les sapeurs-pompiers. Des camions « feu de forêt » venus d'une dizaine de centres de secours environnant ont convergé vers le site. Ils allaient ensuite au plus près des flammes puis revenaient au hameau refaire le plein d'eau. Ce sont les citernes agricoles des tracteurs qui servaient de relais.
Sous les ordres du commandant Marcou et du capitaine Éric delmas cinquante pompiers étaient engagés au début de l'opération, mais des renforts étaient encore attendus, c'est une centaine d'hommes qui seraient bientôt mobilisés.
De son côté le capitaine de gendarmerie Patrick Chillard commandant la compagnie de Gourdon et ses hommes avaient vérifié dès le début de l'alerte qu'aucun groupe de spéléos ne se trouve dans les parages et aivaient aidé à la mise en sécurité des troupeaux de moutons.
Dans le bleu du ciel un DASH, un puissant avion venu de Marignane, gorgé de 7 000 litres de retardant a fait des va-et-vient entre la forêt en feu et la base de Lalbenque. Avec cet appareil, deux trakkers emportant chacun 5 000 litres de produit ont commencé un ballet précis et risqué.
Toutes les trente minutes, après s'être ravitaillés sur le pélicandrome de Cahors-Lalbenque, les avions revenaient sur zone pour déverser leurs tonnes de liquides rouges. Deux tours au-dessus de l'incendie pour jauger le lieu à traiter, puis un piquet pour frôler la cime des arbres à 50 mètres du sol et larguer le retardant.
Vers 19 h 30, la lutte se poursuivait toujours contre le feu, qui avait, déjà, englouti plus d'une dizaine d'hectares.
Au loin, une épaisse fumée menaçante s'élevait au-dessus de la Braunhie. Les sapeurs-pompiers n'avaient pas encore partie gagnée.
Le feu a touché un site touristique remarquable sur le territoire du Parc Régional des Causses du Quercy. La forêt de la Braunhie étend son massif de petits chênes et de genévriers sur 5 000 hectares. Des sentiers balisés de randonnée la traversent, car nombre de promeneurs aiment à parcourir ce coin du département qui concentre les signes distinctifs du causse lotois avec ces enclos de pierre sèche. Des petits lacs sont creusés dans la roche et le lieu est très fréquenté par les spéléologues, la Braunhie est riche de gouffres et de dolmens. La forêt a des particularités comme l'igue de Planagrèze de 110 mètres de profondeur. En terme de végétation, un abrisseau lui aussi particulier le cornouiller ne se trouve que dans ce secteur.
La Braunhie est, donc, un secteur emblématique répertorié comme l'un des cinq espaces naturels sensibles du Lot avec les vallées de l'Ouysse et de l'Alzou, la vallée de la Masse, la Couasne de Floirac et les Landes du Frau.