Vous vous souvenez sûrement de ce film épatant d’Henri Verneuil, intitulé Le Casse, avec notre Bébel national dans le rôle du voyou au grand cœur, et Omar Sharif dans celui du flic véreux. L’action se passe à Athènes. Bébel et sa bande organisent un cambriolage et dérobent une jolie collection d’émeraudes dans la villa d’un riche magnat, du genre Onassis. Le coup réussit mais nos montes en l’air ne peuvent rentrer en France car le cargo sur lequel ils devaient embarquer a du retard.
Le chef de la police, Omar Sharif, sait qui a commis le larcin mais il voudrait bien récupérer les précieux cailloux pour son propre compte. On voit déjà la corruption, la pourriture du système qui gangrène le pays de l’Acropole. Il accoste Bébel, tente la diplomatie et invite ce dernier dans un restaurant du Pirée, pour lui faire découvrir les spécialités locales : Les domas, le tsatziki, le cochon de lait grillé, la moussaka, le souvlaki… Le beau commissaire en bave des commissures, tellement il trouve ça bon, et tellement ça suinte l’huile d’olive. Mais Bébel préfère le steak frites et il est comme la fourmi de la fable. Pour le partage, mon cul !!
Tout pour sa pomme et celle de ses potes ! Après un tel camouflet, Omar se fâche tout rouge. Il s’en suit alors une mémorable poursuite automobile dans les rues d’Athènes, sur la musique grandiose d’Ennio Morricone. Une vraie tuerie ! Bébel s’en sort comme toujours et Omar, fou de rage flingue l’un des complices.Mais Bébel ne lâche pas la rampe et veut venger son camarade. A la finale, c’est lui qui prend le dessus sur le flic corrompu. Il lui enfonce un calibre dans la bouche et lui dit de sa voix pincée et ses mimiques habituelles : « Tu vois, si j’appuie sur la gâchette, je te fais exploser ta belle petite bouche.Fini les feuilles de vigne, les brochettes grillées, les légumes à l’huile. Tu devras manger ton yaourt à la paille... "
Et bien en 2010, pour nos amis grecs, c’est à peu près le même scénario. Les émeraudes qu’ils croyaient posséder se sont envolées. Et bientôt ils n’auront même plus les moyens de s’offrir du mouton grillé et des aubergines farcies. Tout ce petit monde qui passait son temps à siroter de l’ouzo et danser le sirtaki, il va falloir qu’il se remette au boulot. La rigolade au frais des Teutons besogneux, c’est terminé. Angela Merkel, dont on connait le sens des valeurs morales et le puritanisme prussien, a ordonné à Papandréou de faire interdire toute activité sexuelle car si on baise trop, ça fait trop de bouches à nourrir, et pendant qu’on baise, on ne bosse pas ! Les méchants patentés et les fieffées ordures pourront toutefois continuer leurs coïts effrénés, car comme chacun sait, en Grèce seuls les salauds niquent. Bon elle est classique, mais pour une fois que l’actualité me permet de la sortir !
Dans une précédente chronique destinée à nos amis cheminots, je faisais allusion au fil d’Ariane, vous promettant de vous en donner la signification et de dire où je l’avais accroché. Et bien vous voyez, il suffisait d’être patient. Tout vient à point pour qui sait attendre. DSK qui fait actuellement les gros yeux à nos petits grecs et qui surveille leur carnet de notes, a une devise similaire qu’il a fait graver sur une plaque de marbre, grec bien sûr, à l’entrée de son bureau au FMI : Tout vient à poil pour qui sait la tendre.
Tout vient à point...
Arbeit! arbeit! Au boulot feignant...
L’histoire donc : Minos, le roi de Crète, refusa un jour de sacrifier un magnifique taureau blanc au dieu Poséidon, qui résolut de se venger. Il s’arrangea pour que Pasiphaé, la femme de Minos, tombe amoureuse de l’animal, qu’elle s’accouple avec lui, et enfante d’un monstre, le Minotaure. Epouvanté par cette naissance, Minos voulut en cacher la nouvelle à son peuple et fit construire par Dédale le fameux labyrinthe où le Minotaure fut enfermé. L’affreuse créature était nourrie de chair humaine, fournie par la ville d’Athènes, qui avait eu la fâcheuse idée de faire assassiner l’un des fils de Minos. Ce dernier avait déclaré la guerre aux Athéniens et leur avait mis la pâtée, exigeant un tribut annuel de 7 jeunes gens et 7 jeunes filles, destinés aux agapes du Minotaure. Jusque là vous suivez ? Vous voyez, ils sont un peu tordus ces grecs. Pas étonnant qu’ils soient dans une telle béchamel !
La ville d’Athènes commençait à en avoir plein le dos, et pour un grec antique c’est un euphémisme, de cette rançon imposée par Minos. Elle décida d’envoyer son super héros Thésée, qui s’embarqua pour la Crète en se faisant passer pour l’un des suppliciés, dans le but de trucider la bête. A peine arrivé, vla ti pas qu’il réussit à séduire Ariane, nous y voilà, la fille de Minos. Elle donna à son amant une pelote de fil dont il accrocha un des bouts à sa cheville, tiens c’est curieux, tout comme moi, et qui lui permit de retrouver son chemin dans le labyrinthe après avoir massacré le Minotaure qui regardait tranquillement Nana Mouskouri à la Télé en attendant son déjeuner.
Thésée repartit pour Athènes, emmenant la belle et dévouée Ariane, qu’il abandonna quelques jours plus tard sur une île déserte. Ils sont ingrats ces grecs...
Ce taureau n'est pas un veau mais je vais lui faire peau...
Tu te prends pour El Cordobes? Je vais t'encorner les Corones...
Je sens que ça vous a plu et que vous en voulez encore. Voici donc l’histoire d’Eris et de la pomme de discorde. Au mariage de Pelée et de Thétis, tous les dieux furent invités, sauf Eris la déesse de la discorde, afin d'éviter tout incident. Imaginez au banquet annuel du parti de gauche, Mélenchon qui rappliquerait avec son grand copain Pierre Lellouche, ça la foutrait plutôt mal !
Eris avait les boules et décida de se venger. Elle jeta parmi les convives une pomme d’or sur laquelle était gravé : A la plus belle ! Aussitôt les 3 gonzesses qui tenaient le haut du pavé de l’Olympe, Héra, Athéna et Aphrodite, revendiquent cette glorieuse épithète. Le ton monte, les noms d’oiseaux fleurissent, les chignons se crêpent, les toges se barbouillent d’aubergines à l’huile, les coups pleuvent. D’autant que le vin à la sauge et le nectar à la vodka Smirnoff n’arrangent rien à l’affaire. Le pauvre Zeus ne sait plus où donner de l’éclair.
C’est alors qu’Eole lui souffle une idée de génie. On fait venir Pâris, un jeune pâtre grec à la gueule de métèque, à qui on demande de départager ces dames en choisissant la plus belle. Chacune tente de soudoyer le brave berger. Héra lui promet la souveraineté sur toute l’Asie, Athéna la gloire des guerriers, Aphrodite la plus belle des femmes. Pâris en jeune grec normalement constitué et qui n’a pas encore lu le Banquet de Platon, succombe à la promesse de la déesse de l’amour et lui offre la pomme. La déesse, pour exaucer sa prophétie manœuvre tant et si bien, qu’elle permet à Pâris d’enlever Hélène, l’épouse de Ménélas, alors considérée comme la plus belle de toutes les femmes. Pâris ramène sa promise à Troie chez sa mère, qui vend des andouillettes.
La suite vous la connaissez : La guerre, Hector, Achille, le cheval, Ulysse, Andromaque, Pénélope et toute la panoplie. Eris, amusée par ce manège, s’en tirera par une pirouette, minaudant à Zeus courroucé, que la pomme était en fait destinée à Thétis la mariée, la plus belle pour le jour de ses noces.
Un petit mot sur la belle Hélène qui quand elle était jeune, aimait flirter avec les garçons de la province de Ponèsie. Elle roulait ainsi des pelles aux Ponèses...
Allez encore une petite : C’est le fils de Polyphème le cyclope qui rentre de l’école. « Papa, pourquoi que j’ai qu’un œil ? » « Ah tu m’ennuies, monte dans ta chambre ! » « Papa, je dois savoir, pourquoi que j’ai qu’un œil ? » « Fous moi la paix je te dis. Je suis en train de regarder les nouvelles. Ces crétins de Spartiates sont en faillite. Et ils voudraient qu’on éponge leur dette et qu’on leur file des ronds ! Qu’ils aillent se faire voir chez les Grecs, ces feignants ! » « Mais Papa, tous les copains se moquent de moi. Pourquoi que j’ai qu’un œil ?
« Mais tu me gonfles, tu vas me la lâcher, ma couille !!"
Pourquoi que j'ai qu'un oeil?
Pour conclure, reprenons le thème par lequel nous avons débuté : Le cinéma. Le film Zorba le Grec bien sûr, avec l’inoubliable Anthony Quinn, qui raconte l’histoire d’un homme truculent, qui aime vivre à sa guise, boire, rire, chanter, courir sur la plage et danser le sirtaki, tout ce dont la Mère Merkel raffole. Mais qu’elle se méfie du mépris qu’elle affiche pour les gens du sud. Derrière une nonchalance apparente, se cache une volonté farouche de liberté et d’indépendance, venue du fond des âges. Un vieux grec, homme d’esprit, disait un jour à un allemand présomptueux : « Tes ancêtres en étaient encore à gratter la terre de leurs ongles sales et crochus pour en extraire quelques tubercules nauséabondes, que les miens étaient déjà pédérastes, et philosophes…
γεια, γεια χαρά ! Au revoir les ptits loups.
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