Alors que la classe politique est montée au créneau, les réactions syndicales après la demande d'EDF d'une hausse de 20% des tarifs réglementés d'électricité étalée sur 3 ou 4 ans ne se sont pas faites attendre, fustigeant de concert les déclarations de Pierre Gadonneix.
"Il y a un réel besoin de financement d'EDF, mais il est dû principalement aux aventures à l'étranger de l'entreprise (acquisition d'une part du groupe américain Constellation et de British Energy, ndlr)", a estimé Marie-Claire Cailletaud, de la Fédération CGT des mines et de l'énergie. "Si c'est pour financer des projets à l'étranger comme c'est le cas actuellement, c'est complètement inacceptable alors qu'il y a des investissements en France qui sont nécessaires (...). Nous demandons que les investissements d'EDF soient débattus à l'Assemblée nationale, parce que c'est une entreprise stratégique et contrôlée par l'Etat", a-t-elle ajoutée.
Une provocation
FO Mines Energie a de son côté condamner "sans réserve" le projet de hausse des tarifs de l'électricité. "Faire payer les Français pour des investissements réalisés aux USA et en Grande Bretagne frise le scandale social et économique", explique le syndicat. "Au moment où la crise financière touche tous les Français, où les salaires stagnent et les licenciements se multiplient, vouloir une augmentation de 20% des tarifs d'électricité sur 3 ans relève de la provocation, et conduirait à la paupérisation de la population française", ajoute FO Mines Energie.
Pour la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), "EDF est aujourd’hui une entreprise confrontée, comme toutes les autres, à une logique économique de rentabilité. On peut cependant s'interroger sur l’opportunité d’une hausse de 20% (...) pour attraper les retards d’investissements, et ce alors même que les capitaux levés au travers de l’emprunt doivent précisément servir à cela". La CGPME estime qu'il s'agit d'une "charge indue" pour le consommateur, qui note que la mise en place d’une éventuelle "formule tarifaire qui permette de couvrir les frais de production" ne saurait financer les projets de développement à l’étranger ou dans d’autres secteurs jugés complémentaires.
12 euros par mois
UFC Que Choisir juge malhonnête l'annonce d'EDF. "Afin de minimiser la portée de sa demande de hausse, EDF se garde bien de donner une information simple et concrète au consommateur, à savoir que l’augmentation du tarif serait au final de 12 euros par mois (et non de "2 à 3 euros par mois de plus sur la facture des ménages" comme l'a affirmé Pierre Gadonneix, ndlr)". "Après avoir revendiqué une augmentation de 20% sans la justifier par un chiffrage précis d’investissement, cette présentation malicieuse d’EDF quant à l’impact sur la facture domestique est pour le moins malheureuse et jette un nouveau doute sur la crédibilité de sa demande de hausse", ajoute l'association.
Tarif réglementé
Thierry Saniez, délégué général de l'association de consommateurs CLCV pointe lui un autre élément: "la vraie question est la pérennité du tarif réglementé, car Monsieur Gadonneix (Pdg d'EDF) va demander l'autorisation à Bercy, mais si dans neuf mois, le tarif réglementé n'est pas pérennisé, il n'aura plus à demander l'autorisation".
Les fournisseurs alternatifs d'électricté se montrent, eux bien moins hostiles à cette hausse. "Les tarifs pratiqués pour les particuliers sont les plus bas d'Europe. Il faut arrêter de les baisser et pourquoi pas les augmenter de 20% mais sur une période beaucoup plus longue que trois ans. Cela permettra de sécuriser les approvisionnements en électricité, d'investir massivement et de lutter contre le gaspillage en faisant prendre conscience aux français du prix de l'énergie", rappelle Charles Beigbeder, président de Poweo. Jacques Veyrat, le nouveau patron du groupe Louis-Dreyfus qui détient 39,4% du fournisseur d'électricité Direct Energie estime la demande de Gadonneix "légitime". Energie en Action, association d'actionnaires salariés et anciens salariés du groupe EDF, "estime qu'une augmentation des prix de l'électricité est favorable à l'intérêt général (des actionnaires !, NDLR). La situation actuelle de gel quasi permanent des prix de vente de l'électricité ne peut se poursuivre durablement".