Rue89. 25 décembre 2009 par Lucie
Installée depuis sept ans dans le sud de l'Allemagne, j'aime comparer les différences de traitement de certains sujets dans les médias français et allemands. Depuis le début de l'épidémie de grippe A, c'est un vrai bonheur de noter ces différences au jour le jour.
Ici, la vague de panique concernant l'épidémie n'a pas passé l'été : le gouvernement allemand recommande certes la vaccination, mais plutôt mollement, et on est bien loin du plan de com » de Roselyne Bachelot.
Résultat : à peine 15% des personnes se disent prêtes à se faire vacciner. Autour de moi, amis, collègues… personne n'est vacciné, et personne ne semble vraiment s'en soucier.
Enceinte au moment où la vague d'hystérie concernant l'épidémie a commencé en France, j'ai tout d'abord développé un vrai sentiment d'angoisse à propos de cette grippe. J'ai commencé à aller mieux dans ma tête à partir du moment où j'ai délaissé le 20 heures de France 2…
Finies la boule dans la gorge et les sueurs froides en regardant mes fils, et en me demandant si je ne ferais pas mieux de rester cloîtrée à la maison en attendant que ça se tasse. Ou si je dois me forcer à allaiter « pour donner une plus grande chance à mon petit dernier en cas d'infection du H1N1 ».
Sans rire, j'avais fini par devenir complètement obsédée et culpabiliser pour tout ce que je ne faisais pas pour protéger mes enfants.
Depuis, je lis la presse allemande et je suis redevenue zen. J'ai repris le travail, mes fils vont à la maternelle et chez la nounou… et j'ai décidé de manière très réfléchie de me faire vacciner contre la grippe A.
Travaillant dans une entreprise où les consultants voyagent aux quatre coins du monde, je préfère m'éviter le risque de ramener ce virus à la maison et d'avoir à passer une semaine au lit puis deux semaines à garder des enfants malades.
Autant vous le dire tout de suite : ici il n'y a pas de centres de vaccination. D'ailleurs dans beaucoup de régions, seules les personnes prioritaires peuvent se faire vacciner : personnes à risque atteintes de maladies chroniques, femmes enceintes et personnel médical.
Quand la région le permet, les volontaires peuvent se procurer la liste des médecins pratiquant la vaccination sur Internet. Ils sont une soixantaine dans la ville où j'habite (pour environ 300 000 habitants, la taille d'une ville comme Nantes), principalement des généralistes et des gynécologues obstétriciens.
Comme mon médecin référent était sur la liste, je l'ai appelé en lui demandant de m'inscrire sur la liste d'attente des volontaires à la vaccination. Cela dit, n'allez pas croire que le terme « liste d'attente » signifie que les Allemands font la queue devant chez leur généraliste pour obtenir un rendez-vous.
Pas du tout, c'est même le contraire : mon médecin recevant les vaccins par lots de 10 et ayant peu de volontaires, il est obligé de créer une liste d'attente pour s'assurer qu'à la date choisie il aura plus de 5 personnes désireuses de se faire vacciner. Il faut dire qu'au début du mois de décembre, le ministère de la Santé allemand évaluait à seulement 5% le nombre de personnes s'étant fait vacciner en Allemagne.
J'ai donc attendu une semaine et demie que la liste s'allonge avant d'aller me faire vacciner hier. On m'a fait lire une double page pour m'expliquer les contre-indications du vaccin, les effets secondaires… puis on m'a fait signer un papier de décharge sur lequel je devais cocher une case type « oui je souhaite me faire vacciner ». Pas très rassurant, mais bon.
J'ai demandé à mon médecin ce qu'il en était de la vaccination pour mon fils de 3 ans. Elle l'a déconseillée, me disant que le risque était minime sur les enfants de cet âge, et que le plus important était que les parents soient vaccinés.
L'approche allemande semble être, dans le cas des jeunes enfants, d'encourager les mesures d'hygiène au maximum dans les collectivités plutôt que de vacciner à tour de bras.
Puisqu'on parle d'hygiène, ici pas de flacons de solution hydro-alcoolique dans les entreprises… je soupçonne fortement que cela s'explique par le fait que contrairement aux Français, les Allemands n'ont pas besoin qu'on leur demande de se laver les mains régulièrement… ils le font déjà en temps normal. Comme quoi, le cliché du Français pas très regardant de son hygiène n'est peut-être pas complètement infondé.
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1. notepad Le 26/12/2009 à 19:20