L'Humanité. Le 1er février 2011 - Communiqué de la FNAF-CGT
Au cours d’une réunion paritaire entre la Fédération des industries avicoles (FIA) et les organisations syndicales portant sur la question des salaires qui a eu lieu le 19 janvier 2011 en présence d’un représentant du ministère de l’agriculture la délégation patronale a fait une présentation sur la situation économique de la branche.
Cette présentation était idéologiquement orientée pour faire accepter aux salariés une nouvelle baisse de leur pouvoir d’achat.
Le président de la commission sociale de la FIA a mis en exergue « Des distorsions de concurrence » et la position ultra dominante de la grande distribution qui après la loi de modernisation de l’économie se retrouve avec des pouvoirs exorbitants face aux exploitants et aux industriels. Il a mis à l’index le dumping social et la compétitivité internationale dans le cadre d’une mondialisation de l’économie.
Il n’a à aucun moment mis en avant la responsabilité des entreprises de la branche et de leur stratégie s’inscrivant justement dans cette mondialisation. Le dumping social vient aussi des entreprises du secteur. L’exemple de Doux est symptomatique de la recherche effrénée d’accaparer les marchés les plus juteux dans n’importe quelle partie du monde. Cette stratégie qui consiste à prendre aussi « des parts de marché » sur le territoire national au détriment de l’emploi, et pour le profit maximum immédiat, ne correspond pas à la réponse aux besoins des peuples. Il organise le dumping social et bafoue les règles élémentaires « du développement durable cher à la FIA ». Il ferme les yeux quant aux problèmes sanitaires et à la traçabilité des produits.
La FIA s’inscrit malheureusement dans cette logique. En effet, au cours de cette réunion la FIA a tracé quelques pistes pour la stratégie industrielle de la branche pour les années à venir.
Tout d’abord au prétexte de réduire le poids de la grande distribution dans les rapports de force pour « discuter les prix », elle a annoncé des « nouvelles concentrations qui permettront aussi de se positionner face à la concurrence mondiale ». Les économies de structure conduiront selon eux fatalement à la suppression d’emploi. Quant aux distorsions de concurrence, le président de la commission sociale a remis en cause une position jusqu’à ce jour constant de la FIA concernant l’alimentation animale.
En effet encore récemment au cours des réunions du conseil spécialisé « viande blanche » en mai et octobre 2010 de FranceAgrimer, la FIA soutenait la nécessité que le gouvernement accède à sa demande d’une labellisation et d’une traçabilité sans faille des viandes blanches (volailles, Porcs) comme moyen de défendre une spécificité française et éviter les catastrophes sanitaires que les branches concernées avaient essuyées il y a quelques années (grippe aviaire, fièvre porcine).
La FIA misait alors sur la qualité du produit comme moyen d’attirer les consommateurs de plus en plus soucieux de la qualité sanitaire des aliments, et de faire aussi face à une concurrence peu regardante dans ce domaine. Il semble que la FIA abandonne cette logique pour se placer sur le bas de gamme et renonce au principe de précaution en acceptant d’introduire dans l’alimentation des volailles, les graisses et farines animales.
En cela, elle fait prendre de nouveaux risques à la filière et à ses salariés. Elle ne tire pas les conséquences désastreuses pour l’emploi des épisodes de grippe aviaire ou des poulets à la dioxine dans d’autres pays. Elle se situe dans une perspective d’élevage intensif et une rentabilisation à outrance. L’élevage intensif et l’alimentation industrielle vont affecter les défenses immunitaires des volailles. La promiscuité fera sans doute et malheureusement le reste, c'est-à-dire d’autres catastrophes sanitaires.
Seule la CGT s’est élevée contre ces orientations qui pourraient avoir de graves conséquences pour la filière, les salariés, leurs conditions de travail, leur emploi. L’épandage en plein champ des déjections de volaille élevé aux graisses et farines animales pourrait également porter atteinte à l’environnement et au renouvellement de la fertilité des sols. Cette stratégie de concentration des entreprises et d’engraissage douteux des volailles, entièrement tournée vers le profit peut conduire à de graves dérives au détriment des salariés et des consommateurs.
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