Centpapiers. Le 21 Mars 2011 par Olivier Cabanel
Depuis dix jours, la catastrophe nucléaire de Fukushima continue à faire des vagues.
Pendant que, suite au Tsunami, le Japon continue de compter ses morts, le nuage radioactif propage un peu partout ses éléments radioactifs.
En dehors des gesticulations grotesques d’Eric Besson, se refusant dans un premier temps à qualifier de catastrophique la situation de Fukushima, les citoyens inquiets tentent de savoir quel produits radio actifs ont été relâchés et en quelle quantité. lien
Besson a profité de l’occasion pour affirmer quelques belles contre-vérités, affirmant que les « centrales françaises ont été conçues en intégrant le risque sismique et le risque inondation ».
Pour le risque sismique, il se trompe, puisque nous savons qu’EDF a falsifié les données sismiques, afin d’économiser sur la sûreté. lien
Une étude menée sur Fessenheim ne fait que confirmer ce risque, et d’autres. lien
Et puis, à la lumière de l’inondation qui a touché la centrale nucléaire de Blaye, on voit que son affirmation n’est pas fondée, puisqu’à l’occasion, nous sommes passés très près de l’accident majeur. lien
Quant à notre autocrate présidentiel, alors que le peuple japonais souffre, il a eu l’indécence de vanter notre technologie nucléaire, affirmant une autre contre-vérité : nos centrales EPR résisteraient à la chute d’un avion de ligne. lien
Or, Greenpeace et le réseau « sortir du nucléaire » ont mis en ligne un document secret révélant que l’EPR, « fleuron » de notre technologie nucléaire, ne résisterait pas à la chute d’un avion de ligne. lien
Sur ce lien, un bilan des risques que nous font courir les centrales françaises.
Un rapport de l’ASN (autorité de sureté nucléaire) vient de paraitre, montrant une augmentation stupéfiante des « incidents » nucléaires en 2010. lien et vidéo
Mais revenons à Fukushima.
Sur ce lien, une chronologie de la catastrophe.
La discrétion, pratique coutumière dans le milieu du nucléaire, pourrait bien être contreproductive, car, le silence ne dit jamais rien qui vaille.
On sait que les Russes avaient décidé, pour protéger leur territoire, de provoquer des pluies grâce à la dispersion d’iodure d’argent, afin d’emmener la radioactivité dans le fond de l’Océan.
La mesure est-elle illusoire ?
Même si dans un premier temps, il faut bien reconnaitre qu’elle a le mérite de nettoyer le ciel, nous empêchant ainsi de respirer un air pollué, cette radioactivité ne peut que s’ajouter aux précédentes, passant des petites espèces de la vie aquatique, aux poissons, puis fatalement un jour ou l’autre, aux êtres humains.
Au moment de Tchernobyl, la CRIIRAD avait mesuré au large de Toulon dans les eaux de la Méditerranée, des sardines avec un taux largement supérieur à la norme fixée. lien
La dispersion des éléments radioactifs dans l’eau n’empêche donc pas le danger.
Le 13 mars, 6 journalistes indépendants de l’association JVJA (Japan Visual Journalist Association) s’étaient rendus à Futuba, à 2 km de la centrale de Fukushima Daiichi, et ils ont constaté que dans ce secteur, on recevait en une heure la dose annuelle.
A 80 km de la centrale, au matin du 13 mars, le niveau de radioactivité était 400 fois supérieur à la normale. lien
Après avoir envisagé le 18 mars de recouvrir le site de sable et de béton, (lien) le gouvernement japonais à décidé la fermeture définitive du site. lien
On continue bien sur de tenter de remplir les piscines asséchées, mais c’est un peu le tonneau des danaïdes, car il est probable qu’elles sont fissurées, d’où la difficulté d’une solution. lien
A l’instar des centrales françaises, dont notre gouvernement a décidé de prolonger la vie de nombreuses d’entre elles, rappelons que le fonctionnement de la centrale japonaise venait d’être prolongé de dix ans. lien
Quant au nuage, une modélisation permet de comprendre son déplacement, et de constater que de nombreux pays sont menacés. lien.
Pour les japonais, soulagés de voir les vents emmener la pollution vers le Pacifique, les nouvelles ne sont pas rassurantes, car les vents sont en train de tourner, et d’après les dernières informations, les vents sont en train de ramener la pollution vers le centre de l’ile, et notamment vers Tokyo. lien
Cette pollution devrait être effective mardi ou mercredi, et le gouvernement japonais devra décider lundi 21 mars s’il conseille aux 35 millions de japonais habitant Tokyo de rester calfeutrés chez eux ou d’aller travailler.
D’autre part, l’eau du robinet de Tokyo serait légèrement contaminée, et les autorités conseillent de ne pas la boire. lien
D’après l’IRSN, (institut de radioprotection et de sureté nucléaire) le nuage radioactif pourrait arriver sur nos côtes françaises à partir du mercredi 23 mars, ajoutant, en employant le conditionnel, que les concentrations de césium 137 « devraient être d’un niveau trop faible pour être détectées par les 170 balises d’alerte ». lien
Abandonnant la stratégie utilisée lors de Tchernobyl, qui certifiait l’étanchéité de nos frontières, les pouvoirs publics minimisent donc, espérons avec raison, l’importance de la pollution.
Sur ce lien, quelques explications sur les masques de protection contre les particules, et des images de la manifestation de Valence.
Tepco, l’opérateur de Fukushima, dont on peut rappeler qu’il a été condamné à 27 reprises pour diffusion d’informations mensongères, est quant à lui dans l’opacité.
Il serait temps qu’une autorité de surveillance indépendante soit mise en place dans notre pays, et dans le monde, car à la lumière de certains médias français, affirmant que le niveau d’irradiation des produits alimentaires seraient sans danger, la CRIIRAD indique que ces informations sont erronées.
Cette association indépendante et scientifique a trouvé dans des épinards provenant d’exploitations situées à 100 km au sud de la centrale de Fukushima des niveaux de contamination très élevés. (Entre 6100 Bq/kg et 15020 Bq/kg pour l’iode 131). lien
Il suffit qu’un enfant de 5 ans ingère 10 000 Bq d’iode 131 pour qu’il atteigne la limite admissible de 1 mSv, et pour un enfant de moins de 2 ans, la limite de dose est atteinte aux environ de 5 500 Bq.
Rappelons aussi que la norme n’empêche pas le danger.
Un sondage récent paru dans « Le Monde » montre bien la volonté du peuple français de sortir du nucléaire :
Ils sont seulement 16,3% à penser que le nucléaire est une énergie indispensable, qui pourrait être cependant être plus fiable, et en renforcer la sécurité.
Pour 4,1% les centrales sont sures.
5,3% voudraient créer un conseil de sûreté et de sécurité nucléaire mondial.
16,9% voudraient un équilibre entre le nucléaire et les énergies renouvelables.
20% demandent que l’on arrête ce monde de croissance en sortant de cette soif terrifiante d’énergie.
24,7% demandent que l’on tourne la page du nucléaire, et que l’on cesse de la favoriser au détriment des renouvelables.
Et enfin, pour 12,6% d’entre eux, le temps est venu de sortir de la religion de l’atome.
En résumé, ils sont 57,3% à demander la sortie immédiate du nucléaire, 25,7% à croire encore à cette énergie dangereuse, et 16,9% à réclamer un « panachage » des deux. lien
Le détail du débat sur ce lien.
Mais le Chef de l’état n’en a cure, et même s’il a décidé pour les mois prochains de faire un bilan santé des 58 réacteurs nationaux, personne n’attend de retombées de ce geste manifestement destiné à calmer l’inquiétude des citoyens, car comme dit mon vieil ami africain :
« Celui qui confond la chaleur d’un foyer avec les flammes de l’enfer risque de se bruler ».
L’image illustrant l’article provient de « zegreenweb.com »
1. xrissi dervissi kampa - Le 06/04/2011 à 10:58