Bakchich Info. Le 18 Octobre 2010 par Fabrice Nicolino
L’agriculture industrielle utilise par centaines de milliers de tonnes des pesticides, assurément l’un des poisons les plus universels qui soient, mais rien ne change.
L’agriculture industrielle est indestructible. Elle ravage les sols, les eaux, les airs, les peuples depuis des décennies, et rien ne bouge. Elle utilise par centaines de milliers de tonnes des pesticides, assurément l’un des poisons les plus universels qui soient, mais rien ne change.
Et pour comble, on se moque. De qui ? Mais de nous, pardi ! Illustration immédiate par une tribune publiée le 21 septembre dans le quotidien le Monde. Ses deux signataires s’appellent Chantal Jouanno et Luc Guyau. La première est naturellement présentée sous son titre de secrétaire d’État à l’Écologie, mais le second de la sorte : « cofondateur de TerrEthique ». Mazette ! TerrEthique ! Ce n’est qu’une petite manipulation de plus qui permet de dissimuler l’essentiel. Guyau a occupé tous les postes de quelque importance au Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA ) et à la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA ). Il a dirigé l’assemblée permanente des chambres d’agriculture et, à ce titre, on ne voit guère plus haut responsable de ce que sont devenues les campagnes de France, conchiées par le lisier, dévastées par le remembrement industriel. Bien entendu, il est membre de l’UMP.
Quant au sujet de la tribune des deux compères, rions de bon cœur, d’autant que ce n’est pas drôle.
Il s’agit, pour l’essentiel, de pleurnicher au sujet des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), un machin inventé par l’ONU pour faire croire que la misère recule, alors qu’elle galope. Depuis 1945, Guyau et ses prédécesseurs ont cogéré le dossier de l’agriculture avec tous les gouvernements français, annonçant à sons de trompe que les paysans travaillaient à faire disparaître l’horrible spectre de la famine. Il y a aujourd’hui plus d’un milliard d’affamés chroniques et il y en aura toujours plus à mesure que l’industrie de l’agriculture continuera de détruire les paysanneries vivrières du Sud.
Autre preuve du foutage de gueule généralisé : je cite une dépêche AFP du 4 octobre. « “Nous devons adapter un certain nombre d’objectifs qui ne sont plus atteignables”, a affirmé Bruno Le Maire, interrogé sur la capacité de l’agriculture à tenir les objectifs du Grenelle de l’environnement, qui prévoit notamment un renforcement de l’encadrement des produits phytosanitaires. » Ce dernier mot est un euphémisme bien pratique pour ne pas avoir à employer le mot « pesticide », qui pue la mort. Il serait peut-être temps de faire quelque chose. Et pourquoi pas une révolte ?
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