Le Lot en Action mag n°29. 3 février 2011 par Marie Gouze
Ah, Figeac, magnifique ville médiévale, où il fait bon se promener en admirant tous ces hôtels particuliers, témoins du passé prospère des marchands du centre ville, qui depuis plusieurs siècles animent ces rues de leurs savoir-faire.
Mais en ce début d’année 2011, il suffit d’aller faire ses courses dans les commerces qui font vivre le fabuleux décor qu’est la ville natale de Champollion, pour sentir qu’un certain malaise ambiant s’est installé. En effet les affaires ne sont pas folichonnes, faute à la crise peut-être, la concurrence internet sûrement, mais également à la présence des grandes surfaces, qui depuis plusieurs décennies ont changé les habitudes de consommation de bon nombre d’habitants, même de zones rurales comme Figeac. Comme on peut le constater, l’apparition des grandes surfaces a marqué la disparition progressive des commerces de proximité du centre des villes moyennes. Le petit commerce souffre de la concurrence des grandes surfaces en termes de prix, d’accès, de stationnement. Chacun est libre d’aller faire ses achats où il veut, voire où il peut, mais ne serait-il pas bon de limiter l’implantation de ces grands magasins qui en veulent toujours plus, contribuent à la standardisation des produits, à la dérèglementation des marchés et sont au cœur de l’économie ultralibérale. A l’heure actuelle, l’équilibre semble trop fragile pour porter un énième coup aux commerces de proximité.
Nos élus locaux nous bassinent en argumentant que l’arrivée de ces nouvelles enseignes sont porteuses d’emplois, et pourtant si l’on regarde de nombreuses études faites sur le sujet : le commerce de proximité a une capacité à créer des emplois beaucoup plus importante que la grande distribution : on trouve ainsi de 3,5 à 4,3 fois plus de postes de travail dans le commerce traditionnel pour la même surface de vente. Nos élus prétendent que l'agrandissement de la zone commerciale apportera de l'activité économique à la collectivité locale qui a besoin d'argent. Mais à quel prix ?!!! De plus, nos élus socialistes pour la grande majorité, devraient savoir que les emplois dans ces grandes enseignes n’ont rien à voir avec ceux proposés par les petits commerces. Une vendeuse professionnelle d’une boutique du centre ville, est une personne ayant un vrai métier entre les mains, et non pas un pion jetable, employé le plus souvent à temps partiel.
Que nos élus se mettent bien dans le crâne qu’un emploi créé dans une grande surface, détruit 3 emplois dans le commerce de proximité. En effet, la grande distribution a déjà coûté à la France 1,5 millions d'emplois au cours des 15 dernières années. Les grandes surfaces exercent une concurrence déloyale et disproportionnée. (Chiffres INSEE)
L’expansion de ces grandes zones de consommation amène donc une spirale qui pousse l’emploi vers le bas.
Outre l’apport économique des grandes surfaces, qui est très discutable, voire nul sur le long terme, il est bon de rappeler que les petits commerces sont des lieux d’échanges et de rencontre, avec les commerçants eux-mêmes mais aussi avec ses voisins, amis, concitoyens. Leur activité et leur présence ont un rôle essentiel à jouer en termes de lien social et de convivialité.
Alors qu’il faudrait limiter fortement le développement des grandes surfaces, voire le stopper à Figeac, afin de permettre la multiplication et la survie des commerces de proximité, nos élus locaux annoncent en fanfare l’agrandissement de la zone commerciale de Capdenac le Haut : 9 hectares supplémentaires ! Cela n’est pas fait pour rassurer les investissements en centre ville.
Lorsque l’on entend le Maire de Capdenac dire que « grâce aux efforts de tous (sous entendu élus de Figeac-Communauté et de Capdenac) le développement de la zone du Couquet va voir le jour », on peut se demander quelles visions nos institutions locales ont-elles de l’avenir du Pays de Figeac…
Car en plus d’autoriser l’agrandissement d’une telle zone de consommation, il est encore plus regrettable de voir que de l’argent public va être versé pour 3,2 millions d’euros, qui seront consacrés à l’aménagement et la sécurisation de ce nouvel espace dénaturé.
Jean-Claude Lugan, vice-président de l'intercommunalité, avançait récemment dans un article de la dépêche : « Nous avons réuni la vingtaine de propriétaires concernés pour leur présenter le projet. À la fin du mois, je rencontrerai ceux possédant une habitation. Nous souhaitons que les négociations à l'amiables aboutissent ». Mais il semblerait que les sommes allouées pour les propriétaires de certaines maisons, qui doivent être rasées pour voir l’arrivée de beaux hangars, soient pour le moins insuffisantes. Quand aux locataires, il en est fait peu de considérations, puisqu’ils doivent déguerpir sans aucun dédommagement financier où aide pour retrouver une location semblable, en termes de confort et de loyer.
Enfin au sujet des enseignes à venir aux pieds de l’oppidum de Capdenac, Jean-Claude Lugan se fait prudent. « Nous avons reçu plusieurs demandes d'installations. La commission des affaires économiques de Figeac Communauté jugera de leur opportunité et de l'équilibre commercial de la zone ». Il serait plus opportun de juger d’ores et déjà le déséquilibre entre les commerces de proximité des centres villes de Figeac, Capdenac Gare et les zones commerciales de Figeac-Communauté.
Aucun commentaire