Les Nouvelles News. Le 24 Septembre 2010 par Coline Garré
Savez-vous à quoi sert votre épargne ? Dans Moi, la finance et le développement durable, la réalisatrice Jocelyne Lemaire Darnaud enquête avec pédagogie et cynisme sur l'usage que les banques font de notre argent. Et nous éclaire sur notre propre schizophrénie, entre dénonciation des abus des grandes entreprises et ignorance de la destination réelle de nos euros.
« L'éthique et l'investissement, ça intéresse qui ? » La première interview d'un agent de notation, Emmanuel Delaville, donne le ton. Qui porte attention au devenir de son argent déposé en banque ? Jocelyne Lemaire Darnaud commence à se pencher sur ces questions lorsque sa conseillère lui propose de placer ses droits d'auteur sur un Livret développement durable. Faire fructifier son argent en faveur d'un mieux vivre collectif, bien sûr ! Mais que va développer son argent ? Pour qui sera-ce durable? Face à l'ignorance de sa banquière sur ce nouveau portefeuille, la réalisatrice prend sa caméra pour enquêter, seule, sur ce sujet.
Où va notre argent ?
Et l'on réalise très vite que le Livret développement durable n'est qu'un des nombreux artifices du marketing pour allécher une nouvelle clientèle qui se voudrait plus responsable. Son créateur Michel Laviale le présente comme l'ancien livret Codevi, « verdi » à la suite d'une conférence sur l'environnement tenue par Dominique de Villepin en 2006. Mais Yann Louvel, de l'ONG Les amis de la Terre, comme Thierry Philipponnat, d'Amnesty International, mettent en garde : l'argent déposé par les épargnants est loin de servir les énergies propres ou les initiatives durables. Seul 10% servirait véritablement les bonnes causes. En effet, notre épargne contribue à financer des projets que nous n'approuverions pas si nous en avions connaissance : un barrage au Moyen-Orient où l'eau est source de conflits meurtriers, un projet de centrale nucléaire en Bulgarie sur une zone sismique, des industries de mines anti-personnel... De fil en aiguille, Jocelyne Lemaire Darnaud démèle les réseaux de la vaste toile monétaire dans laquelle entrent nos économies. Jusqu'à s'intéresser à l'ensemble des acteurs de l'investissement socialement responsable.
Ma retraite financée par Meetic !
Au delà des banques, les assurances et même certains fonds d'Etat sont financés par des industries peu éthiques tels que l'armement, le tabac, l'alcool, la pornographie...ou Meetic, pour le fonds de réserve pour les retraites ! L'investissement socialement responsable se révèle, aux dires des spécialistes, truffé de contradictions. Et ce, dès ses prémisses, lorsque Soeur Nicole Reuille crée le premier fonds éthique en 1983 pour éviter de placer l'argent de la congrégation dans des multinationales décriées par ses soeurs d'Amérique du Sud. Aujourd'hui, les agences de notations restent peu influentes. Parce qu'elles travaillent à partir des déclarations, elles pénalisent difficilement les mauvaises pratiques. Sans compter que la plus grande agence, Vigeo, compte à son capital les entreprises du Cac 40...
« Tout ça, dans un film, ça ne passe pas »...
… déclare devant la caméra Jacky Blanc, le président de la NEF, société coopérative de finances solidaires. Et effectivement, la succession d'interviews d'une vingtaine de protagonistes, des spécialistes de la notation à des économistes religieux en passant par deux brokers écolos aux chemises vertes, est à la longue fastidieuse. Sans compter que les discours se contredisent, créant parfois de l'ironie, parfois de la confusion. Et le dispositif narratif qui consiste à introduire des saynètes jouées par un magicien et par la réalisatrice elle-même, en ménagère de moins de cinquante ans, finit par lasser.
Moi, la finance et le développement durable, en salle le 29 septembre. http://www.financedurable-lefilm.com |
1. racha - Le 17/10/2010 à 22:59