vendredi 15 mai 2009 (16h15) Bellaciao
Le placement en garde a vue pour dégradation, de 74 manifestants parmi lesquels des syndicalistes, provoque la colère de la gauche. Bertrand rejette de son côté le recours à la violence comme forme d’action syndicale. 200 personnes se sont rassemblées devant lele siège du patronat du gaz.
Quelque 200 personnes se sont rassemblées vendredi 15 mai devant le siège du patronat du gaz, à Paris pour protester contre le traitement infligé aux 74 personnes mises en garde à vue jeudi, soupçonnées de dégradations en marge d’une manifestation.
Parmi les manifestants, de nombreux responsables syndicaux CGT et Sud arborant leurs badges, ainsi que des élus politiques comme la sénatrice PCF des Hauts-de-Seine Brigitte Gonthier, ou des militants du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon.
Les manifestants étaient rassemblés devant le siège de l’Unémig (Union nationale des employeurs de l’industrie gazière), rue de Courcelles (VIIIe arrondissement), dans lequel, selon la police et le patronat, des dégradations ont été commises la veille.
Tension politique
Jeudi, la ministre Michèle Alliot-Marie a souligné dans un communiqué que la violence ne saurait être admise comme une forme normale de contestation syndicale.
"En aucun cas, il n’y a eu des dégradations", a affirmé durant le rassemblement de vendredi, le coordinateur de la CGT-énergie pour l’Ile-de-France Thierry Chevalier, qui figurait parmi les responsables syndicaux interpellés.
Cette arrestation a également provoqué une controverse politique entre majorité et opposition.
La gauche a estimé que la violence résultait de l’absence de négociations salariales dans ces entreprises et demandé au gouvernement de les favoriser. La CGT a dénoncé une "rafle" et des "gardes à vue politiques". L’UMP, le parti majoritaire, a fermement condamné ce type de violences.
Trois plaintes ont été déposées pour dégradations volontaires, violences volontaires et menaces réitérées par des responsables de l’association, précise le ministère l’Intérieur. Les syndicalistes, dont plusieurs dirigeants CGT du secteur, ont été placés en garde à vue avant d’être remis en liberté au terme d’interrogatoires de plusieurs heures.
"mascarade"
Les manifestants, qui demandaient des augmentations de salaires, ont fait irruption au siège de l’organisation patronale du gaz et au siège d’ERDF et de GRDF, les filiales de distribution, dans le VIIIe arrondissement.
Selon une source judiciaire, ils ont arraché des câbles, écrit des slogans sur les murs à la peinture et renversé des tables. La CGT assure qu’aucune dégradation n’a été commise, parle de "mascarade" dans un communiqué. Elle demande "l’arrêt de toutes les sanctions en cours". Il est courant en France que ce type d’action, usuel par exemple dans les manifestations d’agriculteurs, ne donne lieu à aucune poursuite. Les procureurs, maîtres de l’opportunité des poursuites, n’y sont pas tenus. Ils peuvent légalement recevoir des instructions du gouvernement visant à apaiser les conflits.
Buffet écrit à Fillon
Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste, a écrit au Premier ministre pour protester et lui demander de favoriser l’ouverture de négociations. "Cette stratégie de dénégation du fait syndical et de provocation de salariés en lutte est indigne d’entreprises nationales dont l’Etat reste le principal actionnaire", dit-elle.
Le député socialiste Claude Bartolone a renchéri. "Si on veut éviter ces violences, il faut montrer que la négociation sert à quelque chose", a-t-il estimé sur RTL.
Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, a rejeté de son côté le recours à la violence comme forme d’action syndicale.
Coupures sauvages
"J’aimerais bien qu’aucun responsable politique ne s’amuse à légitimer des faits d’une telle violence. La violence n’a jamais été une forme d’action syndicale, ça n’a jamais rien réglé dans notre pays", a-t-il souligné sur LCI.
Depuis fin mars, les salariés de GDF et d’EDF, conduits notamment par le syndicat CGT, mènent diverses actions pour demander des augmentations de salaires, avec notamment des coupures sauvages partout dans le pays.
Une enquête préliminaire de police a été ouverte en avril à la suite de coupures volontaires de gaz, mais là encore personne n’a été poursuivi à ce jour.
En pleine crise économique, un débat s’ouvre sur le recours à la violence. Des séquestrations de cadres dans quelques usines promises à la fermeture, condamnées par la classe politique, ont presque toutes contraint les directions des sociétés à améliorer leurs offres ou à ouvrir des discussions.