Le canacla, outil révolutionnaire pour économiser l’eau ?

Basta mag. 15 février 2011 par Sophie Chapelle

Le canacla, objet d’art en céramique ou fer forgé, permet d’utiliser trente fois moins d’eau lors du lavage des mains. Une technologie d’avenir pour mieux gérer problèmes sanitaires et ressources naturelles, en Afrique ou ailleurs.

Il ne reste plus que quelques signes du passage du Forum social mondial dans les allées de l’université Cheikh Anta Diop. Parmi ceux-là, le canacla, « nouvelle technologie de lavage des mains » comme aime à le présenter Benoit Vanhercke. Médecin belge à la retraite, il ne rate aucune occasion pour le montrer aux visiteurs. Le canacla, c’est l’acronyme de CANAri – qui désigne en Afrique une cruche en terre cuite – et de CLApet. Fabriqué de manière artisanale, le canacla est un objet d’art africain en céramique ou fer forgé qui permet d’utiliser trente fois moins d’eau lors du lavage des mains. « Au robinet, on utilise en moyenne trois litres d’eau pour un lavage, précise Benoit, au canacla c’est à peine 100 millilitres. » Et le robinet automatique ? « Une catastrophe écologique, estime Benoit. Son débit c’est 100 à 200 millilitres par seconde contre 5 millilitres pour le canacla  ».

Son souci de la préservation d’eau remonte à une vingtaine d’années. Alors médecin dans la brousse du Kasaï en République démocratique du Congo, Benoit se heurte aux problèmes d’hygiène auxquels est confrontée la population : « beaucoup de villages disposent de très peu d’eau et c’est un eau qui stagne. Les maladies liées au péril fécal, qu’on appelle aussi maladies des mains sales, sont légion. » C’est finalement son fils, Jacques, qui trouve la solution. « Avec le canacla, on transforme l’eau stagnante en eau courante, s’enthousiasme Benoit. Désormais, même les villages les plus reculés peuvent disposer d’eau courante sans recourir au robinet ».

Les coûts de fabrication et de commercialisation rendent encore difficile l’accès des plus démunis au canacla : environ 83 euros pour un canacla en fer forgé et décoré par un artiste peintre. En mai 2010, un premier soutien est venu du représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Sénégal, qui considère le canacla comme « une nouvelle technologie écologique et économique pour le lavage des mains ». L’enjeu ? Que les hôpitaux et les écoles du Sénégal puissent rapidement accueillir des canacla, explique Benoit. Passionné par cet objet d’art à la fois économique, écologique et ludique, il enjoint chaque personne rencontrée à « canaclaquer ». Le canacla ne symbolise pas seulement la gestion rationnelle de l’eau pendant le lavage des mains. « Il est aussi un acte qui a une signification profonde sur notre rapport aux ressources naturelles de la planète ».

Sophie Chapelle

Photo : © Jean de Peña / Collectif à vif(s)

Plus d’informations : http://canacla.com/blog/


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Dernière mise à jour de cette page le 22/02/2011

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