Clicanoo (Site du journal de La Réunion). 9 janvier 2009 par Jérôme Talpin
Avec une cote de popularité au plus bas, Nicolas Sarkozy a bien raison de venir souffler 24 heures à la Réunion. Même si les ex-salariés de l’Arast risquent de se faire entendre, le président sait qu’il sera choyé, et pas seulement dans son lodge de Petite-Ile. Car la préfecture fait tout ce qui est en son pouvoir pour organiser la liesse populaire autour de sa personne en rameutant les troupes par téléphone (lire notre édition d’hier). Une façon un peu désuète de faire la claque quand, au même moment, l’UMP vient de lancer son site communautaire “Les créateurs en action” afin de rassembler des “citoyens en action”.
Soucieux de rassembler autour du chef d’Etat une foule très nombreuse et très chaleureuse, les conseillers du président ont la ferme intention de placer ce voyage dans l’océan Indien sous le thème de l’écologie et du développement durable. Car après l’échec du sommet de Copenhague et le camouflet infligé par le Conseil constitutionnel sur la taxe carbone, il est urgent de montrer que l’Elysée veut réellement sauver la planète. Ce déplacement dans notre île ne pouvait donc pas mieux tomber puisque Nicolas Sarkozy va pouvoir donner sa bénédiction présidentielle à notre programme de développement durable Gerri. Pour l’occasion, plusieurs véhicules électriques, dont des Renault Fluence, doivent être envoyés de métropole par avion-cargo dans les prochains jours. Une vraie blague quand on veut promouvoir des voitures propres. Un paradoxe qui consiste à polluer pour moins polluer. On voit déjà les apprentis experts s’amuser à calculer la quantité de tonnes de CO2 rejetées par un avion afin d’établir le fameux “bilan-carbone”. Et de demander à l’Etat de racheter ces tonnes pour réduire l’effet de serre.
Pour être honnête, la promotion du développement durable à la Réunion a déjà vu d’autres opérations aussi pittoresques. On se souvient avec délice que la route des Tamarins, présentée à grands coups de clairon par la Région comme la route du développement durable, a été inaugurée avec des Formule 1. Des bolides très voraces en carburant et pas vraiment économes en émission de CO2. Mais il est vrai aussi qu’on ne rassemble pas 80 000 personnes autour de voitures électriques.
Signe des temps, le développement durable a investi le champ politique et figure désormais en bonne place dans le hit-parade des effets d’annonce.
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