Par (4 décembre 2008) Webzine Basta !
Le raisin vendu dans seize chaînes de supermarchés européens a été passé au crible par cinq ONG, histoire d’estimer le nombre de pesticides que l’on pouvait y trouver. Les résultats sont édifiants : certaines grappes de raisin totalisent plus de dix pesticides différents !
Les amateurs de cures de raisins, assez tendance avant les fêtes de Noël, ont intérêt à s’approvisionner dans les magasins bio. A moins qu’ils n’aiment assaisonner leurs grappes de pesticides. Des ONG européennes ont enquêté sur les teneurs en pesticides du raisin issu de l’agriculture conventionnelle dans seize chaînes de grande distribution en Allemagne, France [1], Hollande, Hongrie et Italie . Elles ont découvert jusqu’à 64 pesticides différents sur les grappes vendues dans les supermarchés !
99% des échantillons contenaient des résidus de pesticides, et 20% d’entre eux contenaient au moins les traces de dix pesticides différents, dont des produits interdits depuis plusieurs années. Côté français, une mention spéciale doit être accordé aux magasins Auchan et Intermarché, dont les échantillons contenaient en moyenne neuf pesticides différents ! Ceci dit, leurs collègues ne valent pas beaucoup mieux : la moyenne, en France, c’est 8,5 résidus de pesticides par échantillon de raisin. Miam ! Il va sans dire que certains des pesticides retrouvés sur les grappes étudiées sont cancérigènes, neuro-toxiques et/ou perturbateurs endocriniens, qui interfèrent sur le système hormonal.
Des cocktails détonants « Ces multiples expositions de toxiques sont particulièrement inquiétantes car elles exposent le consommateur à des cocktails de substances qui peuvent agir en synergie » alerte le Mouvement pour les droits des générations futures (MDRGF), qui a participé à l’enquête. D’autant que les cocktails de pesticides contenus par les raisins ne sont pas les seuls disponibles sur le marché. Tous les fruits et légumes non bio en contiennent, l’air que nous respirons aussi, ainsi que l’eau que nous buvons. Associés aux autres molécules de synthèse inventées et lâchées dans l’environnement par l’industrie chimique moderne depuis 60 ans (85 000 au total), ces pesticides donnent des cocktails encore plus détonants !
Que font donc nos députés ? Pour le moment, ils réfléchissent, votent le volet législatif du Grenelle, et pondent des amendements. L’objectif général du Grenelle, de réduire de 50 % les pesticides en 10 ans n’a pas été remis en cause. On respire... Les députés se sont par ailleurs prononcés en faveur de la mise en place d’une évaluation toxicologique indépendante relative aux effets sur les abeilles de l’ensemble des substances chimiques. Les modalités de financement de ladite évaluation n’ont pas été précisées, mais reconnaissons que cela va dans le bon sens.
Interdiction... Sauf dérogation
La proposition d’augmenter le crédit d’impôt en faveur de l’agriculture biologique dès 2009 a également été validée par les députés. Ensuite, cela se gâte. Un amendement précise en effet que ne seront retirées du marché que les substances pesticides les plus préoccupantes « en tenant compte des substances actives autorisées au niveau européen ». « La mesure de retrait des pesticides les plus préoccupants… n’aura aucun effet spécifique en France puisqu’on ne pourrait pas interdire au niveau français une substance autorisée au niveau européen ! » proteste le MDRGF. Il y a aussi cette perle qui prône « l’interdiction de l’épandage aérien de produits phyto-pharmaceutiques sauf dérogations. » Les députés ont, par ailleurs, supprimé l’article prévoyant d’augmenter la redevance sur les pesticides, et ce sur les conseils de leurs collègues Jean Launay (PS, Lot) et André Flajolet (UMP, Pas-de-Calais). Bref, ce n’est pas demain la veille que le lobby phyto industriel va nous lâcher la grappe.
[1] En France : Aldi, Auchan, Carrefour, Intermarché, Lidl.