Les mots ont un sens. Le 16 Novembre 2010 par Napakatbra
Oïez, oïez citoyens. Début novembre, BNP Paribas devenait la plus grosse banque du monde en terme d'actifs, selon Bloomberg (*). Cocorico !!! Euh... Cocorico ? Oups, ‘fallait pas en parler ? Désolé...
Le décompte de Bloomberg a de quoi faire frémir. Les actifs de BNP Paribas ont augmenté de 34% sur les trois dernières années, pour atteindre 2 240 milliards d'euros... soit plus que les actifs de Bank of America (la plus grande banque américaine) et de Morgan Stanley réunis ! Et, surtout, plus que le produit intérieur brut (PIB) français ! Logiquement, une telle nouvelle aurait dû faire les choux gras de la presse nationale, toujours prompte à enfourcher le coq pour hisser haut notre magnifique drapeau tricolore. Sauf qu'il aurait été difficile d'évoquer cette étude sans... rapporter l'analyse qui va avec.
La France, nouvelle filiale de BNP ?
Car Bloomberg affirme aussi que l'exploit de BNP Paribas a été rendu possible par la nonchalance du législateur français, qui se moque totalement de la régulation bancaire, en flagrante opposition avec les envolées lyriques de Nicolas Sarkozy... devant les caméras tout du moins. Résultat : d'une part, BNP possède certainement l'un des ratios de capitalisation les plus faibles de la place européenne, et, d'autre part, la France (avec l'aide de l'Allemagne) s'emploie systématiquement à torpiller les propositions de régulation avancées dans le cadre des négociations internationales actuelles (Bâle III). Au grand dam de la Suisse, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, qui ont déjà commencé à serrer la vis.
BNP, à la merci de la Grèce et de l'Irlande...
Certes, nos banques ne parient pas sur des produits aussi moisis que les subprimes. Mais il ne faudrait pas oublier que BNP Paribas est exposée à hauteur de 15% de son capital sur la zone (hautement sismique) Portugal-Irlande-Grèce-Espagne. Et si l'on rajoute la Belgique et l'Italie, on atteint les 75%. Pas franchement rassurant, alors que les rumeurs d'aggravation de la crise économique se font de plus en plus précises. Une réunion d'urgence des ministres européens est d'ailleurs planifiée, ce soir, sur le sujet. Le risque systémique français grandit, tous les jours, au rythme de la goinfrerie bancaire de nos joyeux financiers. Et la France se retrouve dans la situation de l'Irlande, en début d'année dernière. Il suffit que BNP éternue pour que la France s'enrhume.
Le "gars qui va payer pour tout ça"...
"Les banques françaises ne seront sans doute pas soumises à des règlementations très strictes, à cause de leur importance économique" a déclaré Dirk Hoffmann-Becking, un analyste londonien de Sanford C. Bernstein. Introduire des règles plus rudes reviendrait à "réduire leur gagne-pain, et le gars qui va payer pour ça, c'est le consommateur français" conclut-il. Prions pour que les analystes ne se mettent pas à avoir raison...
(* : l'évaluation de Bloomberg est délicate, car les normes comptables européennes et américaines ne sont pas identiques)
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